Sarkozy a eu cinq ans pour montrer de quel bois il se chauffait. Le Français attendaient de lui qu’il libère la croissance, quitte à aller la chercher avec les dents. Mais pendant ces cinq ans, le président n’a réussi, au delà d’un show perpétuel le mettant pompeusement en scène, qu’à ajouter une couche de lourdeur et de ponctions à un pays déjà exsangue…
Et dans ces cinq années, Sarkozy s’est un peu lâché en matière de taxes. On trouve ainsi les taxes, hausses de taxes et suppression de niches suivantes :
- Taxe sur les hauts revenus
- Taxe sur les loyers élevés des micro-logements
- Taxe sur les sodas et boissons sucrées
- Taxe sur les nuitées d’hôtel supérieures à 200 euros
- Taxe sur la provision pour hausse des prix du secteur pétrolier
- Taxe sur les activités privées de sécurité
- Taxe de risque systémique pour les banques
- Taxe de droit de timbre pour l’introduction d’une instance
- Taxe sur les opérateurs ferroviaires privés
- Taxe sur la capitalisation boursière
- Taxe sur les sociétés d’assurances
- Surtaxe sur les entreprises dites « de réseau »
- Taxe spéciale d’équipement au profit de la société du grand Paris.
- Taxe sur les exploitants de centrales nucléaires.
- Taxe sur les bonus des traders
- Taxe sur les complémentaires santé pour frais générés par la grippe A
- Taxe sur le produit des appels à des numéros surtaxés
- Taxe d’interjection d’appel principal
- Droit de timbre perçu en cas de renouvellement anticipé de la CNI
- Taxe sur le certificat d’immatriculation d’un véhicule neuf ou d’occasion
- Taxe écologique sur les poids lourds
- “Forfait social” pour les employeurs
- Taxe minière sur la production d’or en Guyane.
- Taxe sur les véhicules polluants
- Taxe fixe sur chaque rapport de certification des comptes
- Taxe sur les distributeurs de pharmacie
- Taxe sur les stock-options et les attributions gratuites d’actions
- Taxe sur les indemnités de mise à la retraite d’office
- Taxe additionnelle à la taxe sur les certificats d’immatriculation des véhicules
- Hausse du forfait social sur l’intéressement et la participation
- Hausse de la taxe sur les conventions d’assurance
- Hausse de la taxe sur le tabac et l’alcool
- Hausse du barème de la taxe sur les véhicules de société.
- Hausse de l’assiette de la CSS
- Hausse du taux de la contribution sur le gain de la levée des stock-options
- Hausse de la taxe sur les retraites chapeaux
- Hausse du taux de forfait social sur l’épargne salariale
- Hausse de la taxe sur le tabac.
- Hausse du forfait journalier hospitalier et du « forfait social »
- Hausse des prélèvements sociaux sur les « retraites chapeaux »
- Hausse de la fiscalité sur les plus-values mobilières
- Hausse de la taxe sur le CA de la branche santé des assurances complémentaires
- Hausse de la taxe sur les retraites chapeaux.
- Fin de la défiscalisation totale des heures supplémentaires
- Suppression de l’abattement sur la participation et l’intéressement
- Réduction de cotisations patronales « Fillon » sur les bas salaires
- Plafonnement de la réduction d’assiette au titre des frais professionnels
- Fin de l’exonération de prélèvements sociaux sur certains contrats d’assurance-vie
- Fin des exonérations fiscales des sportifs professionnels
- Suppression de l’exonération de la taxe sur les accidents du travail et maladies professionnelles.
D’un président qui entendait diminuer la pression fiscale, on attendait mieux.
D’ailleurs, le tableau brossé par certains sur des médias un minimum lucides aboutit à la même conclusion.
Les sbires et autres thuriféraires de l’UMP auront beau jeu de souligner que la crise est passée par là, et qu’il fallait bien trouver des ressources pour gouverner un pays en pleine tempête. Seulement voilà, si l’on examine d’autres actions de Sarkozy, parmi ses plus marquantes, on ne peut que constater une calamiteuse série d’erreurs tactiques ou stratégiques.
Comme Chirac avant lui, et comme Hollande après (s’il est élu par le plus furieux des hasards), le président français a en réalité toujours recherché le pouvoir pour le pouvoir, et, tel une poule devant un couteau, n’a jamais quoi su faire avec une fois obtenu.
Se sont donc succédé des tentatives brouillonnes, désordonnées et contre-productives pour donner un sens à son action, qui est rapidement passé pour de l’agitation. Mais comme on va le voir avec la liste suivante, on se demande vraiment si Sarkozy n’a pas été, finalement, son pire ennemi.
Du reste, Hollande est peut-être son plus fidèle allié...
Prenons par exemple la suppression de la publicité sur France Télévision. Cette mesure, demandée par personne, n’a permis d’améliorer son image auprès des journalistes et de l’intelligentsia culturelle que façon microscopique, mais a, ce faisant, renforcé mécaniquement l’attrait des Français pour des chaînes qui, intrinsèquement, le détestent.
Stratégiquement, il aurait pu privatiser les télés publiques en considérant que la TNT assure un pluralisme télévisuel, tout en supprimant une partie notable (50%) de la redevance afin de rendre la mesure populaire. Non seulement, la redevance a augmenté, mais toute l’opération lui coûte en audience et en médiatisation.
Et des gaffes politiques comme celle-là, on en trouve des charrettes entières.
Ainsi, la remise en cause de la loi SRU, formidable machine à acheter les électeurs avec des logements sociaux, lui aurait permis d’amoindrir le pouvoir des distributeurs automatiques d’argent gratuit dans les communes les plus socialistes, en jouant sur la fibre de la France qui se lève tôt pour payer des taxes…
De même, les subventions et les renflouements nombreux à la presse écrite, sous prétexte de se faire passer pour un démocrate (aux frais du contribuable), n’ont fait que contribuer à la survie de la très influente corporation qui utilise cet argent pour militer contre lui. Là encore, en voulant ménager les journalistes, il n’a gagné aucun ami, et s’est fait des ennemis plus puissants.
L’ensemble de sa stratégie écologique a aussi été un parfait exemple de débilité politique grandiose : il ne doit pas faire plus d’un symbolique % chez les électeurs pour qui l’écologie est très importante, mais a enquillé Grenelles sur Grenelles parfaitement contre-productives (tant écologiquement que politiquement) au lieu d’assouplir les normes environnementales sur le logement, permettant aux propriétaires immobiliers de baisser leurs charges, ce qui, pour le coup, lui aurait été bénéficiaire tant au niveau de ces derniers que des locataires.
HADOPI est un autre exemple catastrophique de gestion calamiteuse du pouvoir qui lui avait été confié : cherchant, toujours aussi stupidement, l’assentiment du monde de la Culture, pourtant majoritairement à gauche, il s’est lancé dans un bricolage dont tout montre qu’il fut, là encore, contre-productif pour la culture, l’internet, le piratage et sa stratégie politique. Sauver quelques industries fossiles ne lui aura rien rapporté, mais aura permis à toute une génération de jeunes, peu politisés, de le prendre en grippe.
Ces manœuvres idiotes, qui consistent à favoriser un électorat qui lui est très majoritairement défavorable, au détriment de son propre électorat, se sont poursuivies pendant tout son mandat avec, à chaque fois, la même improvisation et le même manque d’entregent consternant.
Dernier exemple en date, avec sa proposition d’augmenter le salaire des professeurs de 25% : alors que la crise et le chômage guettent son cœur de cible électoral (les classes moyennes salariées, non protégées), il propose donc d’aider une catégorie de fonctionnaires et votant contre lui à 80% au second tour.
Mais où va-t-il chercher des idées aussi pourries ?
Si l’on ajoute le maintien et l’accroissement des lois criminalisant les propos racistes et autres négations de génocides, au lieu de renforcer la primauté de la liberté d’expression, on comprend que Sarkozy a, très régulièrement, fait preuve d’un total manque de discernement dans l’usage du pouvoir.
Il a constamment choisi de favoriser un électorat qui lui est farouchement opposé, et de le faire au détriment de l’électorat qui lui est plutôt ou franchement favorable. On comprend dès lors pourquoi un second mandat semble pour lui aussi incertain, et pourquoi, s’il est malgré tout élu, nous aurons droit à une cohabitation.
Mais quoi qu’il arrive, ce pays est foutu.