Frédéric Nyssen - Interview

Publié le 07 mars 2012 par Naira

Comédien mais aussi acteur, animateur, bonimenteur, mime et initialement journaliste, Frédéric Nyssen a plus d’une corde à son arc !

Ayant interprété un grand nombre de rôles dans des pièces d’auteurs classiques (Molière, Racine, Shakespeare, Marivaux), Frédéric n’a pas pour autant laissé de côté le théâtre plus contemporain. Et, justement, pour cette saison 2011-2012, nous l’avons retrouvé en octobre à Liège et à Namur dans « Un fil à la patte », la charmante farce de Feydeau ; en novembre au centre culturel d’Uccle pour « Cendrillon, ce macho ! » de Ministru et il revient au théâtre Jean Vilar dans une création de Michael Frayn « Démocratie » du 13 au 18 mars 2012 à l’Aula Magna.
Qu’est-ce qui vous a poussé à faire du théâtre ? Ce n’était pas votre formation initiale, n’est-ce pas ?

Quand j’étais jeune, j’étais attiré parce qui était littérature - les maths, c’était pas mon fort - et donc j’ai commencé à faire des spectacles en amateur et le théâtre m’a plu parce que c’est un moyen d’exprimer des choses. Mes parents n’ont pas trop apprécié donc j’ai d’abord fait le journalisme puis je me suis retourné vers le théâtre. Ce qui m’a poussé c’est vraiment exprimer ce que j’avais envie de dire et c’était le seul moyen pour moi, en étant jeune, de le faire. J’ai rencontré des potes qui étaient déjà à l’Académie de Dinant et je me suis lancé comme ça… Je ne dirais pas que c’était une passion mais j’avais envie de voir ce que ça donnait ! J’étais jeune, j’avais envie de parler tout le temps et bon, voilà… Et aussi, en tant que journaliste, dès que je passais de l’autre côté de la caméra, j’avais l’impression d’aller plus loin !
A-t-il été difficile de percer pour vous en tant que comédien ?

J’ai toujours travaillé. Je ne sais pas si j’ai percé mais j’ai toujours travaillé dès que je suis rentré au conservatoire. J’ai fait des petits rôles puis j’ai fait la mise en scène de Labyrinthus . En sortant du conservatoire, j’ai créé un spectacle de rue avec un de mes meilleurs amis… Je suis arrivé à Bruxelles, j’ai eu mon premier rôle important, c’était Christian dans Cyrano de Bergerac et là ça a vraiment commencé. L’impro m’a beaucoup apporté aussi… ça m’a fait rencontrer Nathalie Uffner , Olivier Massart … De fil en aiguille, rencontre sur rencontre, mes possibilités ont commencé à grandir.
Vous êtes un peu touche-à-tout, théâtre classique ou contemporain, tragédie ou comédie et même du théâtre de rue, y a-t-il un type de rôle ou une activité que vous préférez ?
Non, c’est la même chose pour moi. Il faut juste être en accord avec soi-même et vivre l’instant présent sur le plateau. Il n’y a pas de rôle que j’aime un peu plus… Enfin si, il y a toujours des rôles ou des pièces qui marquent plus comme Tango en bord de mer , l’année dernière, pour moi c’était une des meilleures pièces que j’aie fait. On était à deux sur scène et c’était magnifique ! Le texte était magnifique, mon rôle était magnifique, ma partenaire était magnifique et ça a cartonné ! Mais un style de théâtre, non. Moi, j’aime tout jouer, j’ai envie de toucher à tout, de jouer tous les rôles ! Mais ce n’est pas possible…
Vous avez aussi joué quelques rôles à l’écran. Quelles furent vos impressions par rapport au théâtre ?

C’était des téléfilms, des courts-métrages et des pubs. En long-métrage, je n’ai jamais rien fait. Beaucoup de pilotes d’émission qu’on avait envie de faire comme les célibattants mais ça n’a jamais porté ses fruits. J’aimerais bien faire du grand écran. C’est mon objectif parce que j’adore le cinéma ! C’est jubilatoire de voir comment tout se met en place, les gens sont comme des fourmis… J’aimerais vraiment faire du cinéma mais en continuant le théâtre, bien sûr ! Ce sont deux mondes totalement différents : le théâtre, c’est sur l’instant présent et le cinéma, non. Pour moi, ce n’est pas le même métier. Il y a des coupures, on peut recommencer… Au théâtre, c’est fluide !
Dans votre carrière, quel est le rôle qui vous a demandé le plus de travail ?

À mon avis Tango en bord de mer, parce que c’est une pièce hyper touchante et qui m’a ému. J’ai été surpris du texte et je me suis surpris moi-même à être ému et touché par le personnage, par ce que racontait l’histoire, par la manière dont elle a été écrite… C’est une histoire d’homosexualité mais ça ne parle pas d’homosexualité, ça parle d’amour entre deux personnes, ce sont deux hommes mais ils sont vraiment envisagés comme deux personnes et tout le monde s’est retrouvé dedans, c’était génial ! J’ai eu d’autres rôles difficiles aussi en tragédie parce qu’il faut vraiment se mettre dans un état profond de déchirure, de cassure.
Les comédies de Feydeau sont généralement excessivement expressives et bien ficelées. Dans « Un fil à la patte » vous deviez, en outre, composer avec un décor mobile. Etait-ce difficile à gérer pour les comédiens ?
Non parce qu’on a répété dans un décor qui n’était pas mobile et après c’est juste une question de technique. Le décor ne nous a pas dérangés du tout. Pour moi, ça m’a même guidé parce que c’était un espace restreint et ça m’a poussé à être parfait, précis et plus concentré.
Depuis son succès, « Cendrillon, ce macho ! » est rejouée tous les ans, n’êtes-vous pas fatigué d’être ce héros de conte de fée ?

Non, jamais ! Parce que c’est une super équipe, parce que j’adore jouer à la Toison d’Or, ce sont des amis, vraiment donc quand on se retrouve c’est génial. Sébastien, on l’aime bien aussi donc… Et si on devait encore la rejouer quatre ans ; moi, je le ferais ! ça nous fait toujours rire, d’ailleurs c’est toujours blindé ! En fait, c’est un OVNI, ce truc, tu ne comprends pas pourquoi ça fonctionne autant… C’est bien écrit, c’est d’une justesse et d’un comique typique de Sébastien Ministru et puis j’ai des bons partenaires aussi ! C’est que du bonheur ! Moi je suis super content de reprendre, on le ferait bien deux semaines, un mois si on pouvait ! Même en tournée ! Je suis sûr que ça fonctionnerait bien en tournée !
Que pouvez-vous nous dire de votre rôle dans la création « Démocratie » qui sera jouée en mars 2012 ?

C’est un rôle très politique mais aussi intéressant : ça parle de la chute de Berlin, du chancelier et c’est une histoire que je ne connais pas bien donc j’ai vraiment eu envie de travailler ce rôle pour apprendre ce qu’il s ‘est passé par là. C’est assez difficile comme pièce parce que c’est toujours des flashbacks et j’ai hâte de voir ce que ça donne et de travailler sur le côté historique du personnage.
Envisagez-vous de passer de l’autre côté et de vous lancer dans l’écriture de théâtre ou la mise en scène ?

Scénariste, non. Metteur en scène j’aimerais bien mais je ne me sens pas encore prêt, j’ai tellement envie de travailler encore avec d’autres metteurs en scène qui m’apprennent des choses… parce que je n’ai que 35 ans, j’ai le temps ! Pour l’instant, on me propose des chouettes rôles et j’ai envie d’aller jusqu’au bout de mon envie. Quand l’envie d’être metteur en scène viendra ou qu’on me proposera un projet, pourquoi pas mais pour l’instant je n’ai pas encore cet appel… Mais je le ferai ! Parce que c’est super intéressant !
Pour la rédaction, en fait, j’aimerais bien aussi mais je ne me sens pas encore l’âme d’un scénariste… Il y a des gens qui font ça tellement mieux que moi… ça viendra peut-être avec le temps, l’expérience, la maturité… Mais j’ai vraiment envie de profiter de mon boulot de comédien pour le moment !
Démocratie du 28 février au 2 mars et du 13 au 18 mars 2012 à l’Aula Magna .
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