Marché : Citizen s’offre La Joux-Perret…et Arnold & Son !

Publié le 06 mars 2012 par Tendancehorlo

La concentration continue de battre son plein dans le microcosme horloger !

Alors que la vanne d’approvisionnement ETA / Swatch Group se referme progressivement, les grands groupes horlogers tentent d’ultimes coups de poker pour s’assurer les services de fournisseurs d’ébauches préférés.
Comme d’habitude, les grands battages médiatiques n’accouchent souvent que d’une souris, et les parties les plus fines se jouent en coulisse. Ainsi, le Groupe Festina de Miguel Rodriguez, en toute discrétion, s’est constitué un solide bataillon de filiales internes composé de Soprod (quartz, usinage, découpage, assemblage, décoration, décolletage, taillage), Astral Technologies (spiraux), MHVJ (échappements et complications) – entre autres.

La maison La Joux Perret

PAR OLIVIER MÜLLER

LVMH a bien tenté de suivre la cadence et aurait déposé plusieurs offres pour s’offrir La Joux-Perret, sans succès. Dommage, car cette dernière est déjà très présente au sein du groupe, qui fournit l’essentiel de ses marques internes sur des bases Zenith (les dernières collections Tourbillon Class One de chez Chaumet présentées à la presse hier) ou La Joux-Perret.
Las ! C’est le groupe Citizen qui a gagné la bataille. Ce dernier vient de racheter  l’entreprise chaux-de-fonnière Prothor, qui détient notamment La Joux-Perret, mais aussi le fabricant de composants Prototec et la marque anglaise Arnold & Son. Ils ‘agit donc d’une emplette à deux niveaux.

Le premier niveau est clairement industriel. Il vise à sécuriser Citizen sur ses approvisionnements internes. Il s’agit plus d’une sécurité supplémentaire pour le groupe, car la marque nippone possédait déjà la maîtrise quasi-totale de la production d’ébauches, spiraux compris, via sa filiale Miyota. La marque essaime déjà ses trains de rouage entrée de gamme, dans des collections du même niveau, type Younger & Bresson.
Le second niveau est plus tactique. Avec Arnold & Son, Citizen réalise une acquisition qui la positionne sur le créneau des complications. Les volumes de la marque anglaise sont aux antipodes de ceux livrés dans l’empire du milieu, il y a donc fort à parier que Citizen laisser Arnold & Son vivre sa vie, tout en lui assurant une autonomie financière. La marque anglaise ne démérite pas pour la qualité de ses complications, mais le flou artistique qui entoure sa généalogie et son lien tout aussi flou avec John Arnold (le Bréguet anglais du XVIIIème !) l’entoure d’une certaine circonspection de la part des spécialistes. En clair, on peut parier sur la fiabilité d’un mouvement Arnold & Son, mais pas sur pérennité de la marque dans 10 ou 20 ans.
Next ? Il y a fort à parier que Citizen ne fermera pas, dans l’immédiat, la possibilité à d’autres marques extérieures à son groupe de s’approvisionner chez La Joux-Perret. En clair, pas de scenario ETA à l’horizon. Et pour cause, puisque c’est aujourd’hui ce qui fait la rentabilité de La Joux-Perret.

Néanmoins, la course à la capacité de concevoir et fabriquer des ébauches n’est pas finie. Lorsque M. Rodriguez dévoilera – enfin ! – les plans de son groupe Festina en la matière, avec la force de frappe qui est la sienne, l’écosystème horloger s’en trouvera impacté. Par ailleurs, et puisque les marques à acquérir et capables de fabriquer de bout en bout des ébauches se font de plus en plus rares, les prédateurs horlogers vont se rabattre sur des proies plus petites, capables de fournir des organes, et non plus des ébauches complètes. A cet égard, la rumeur court que Concepto aurait industrialisé une solution de production industrielle d’assortiments (ancre, roue d’ancre, balancier-spiral réglé). La marque, qui fournit aussi bien du Linde Werdelin que du Romain Jérome, deviendra de facto en mesure de suppléer aux besoins d’acteurs aux volumes beaucoup plus importants. Une belle montée en puissance, qui placerait Concepto…dans le colimateur des prédateurs horlogers ! A suivre…

L’AUTEUR: OLIVIER MÜLLER

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