Les temps sont durs en Grèce, encore plus dure est la situation dans la capitale quand nous constatons que cette ville regorge maintenant de clochards-sdf qui faute de moyens ne peuvent se cacher sous les ponts comme à Paris et s'étalent sous les stoas, autour des places principales, dans les recoins des quartiers "dits" malsains de la ville.
Nous voyons fleurir dans la ville ces minis refuges de cartons qui me font penser aux cabanes que nous aimions monter dans le jardin et les terrains vagues quand nous étions plus jeunes.
L'hiver aura été très dur à Athènes - l'hiver rude et glacial n'arrange guère les choses. Ces nouveaux pauvres, sdf, clochards quelque soit le terme utilisé, nullement péjoratif d'ailleurs, déballent leur malheur aux yeux de tous. Fort heureusement, personne ne les chassent. Comment vivre dorénavant dans cette société qui par tradition n'avait pas de sdf ?
Un nouveau genre est né. La société grecque pourtant savait jusqu'à aujourd'hui protéger, au sein de la famille, les siens. Qu'en est-il de la solidarité personnelle ? Elle s'évapore jour après jour, mémorandum après mémorandum.
J'ose à peine imaginer l'humiliation pour ces Grecs qui se retrouvent à dormir sur les trottoirs athéniens. Ici "vivre à la cloche" n'est pas une institution, ce n'est pas un choix, c'est le coup de couteau final qui achève tout ce qui peut vous rester d'amour propre.
Alors, vous osez à peine les regarder, ne pas s'arrêter, lancer une pièce (si cela peut améliorer quelque chose...). Continuer son chemin... 100 mètres plus soin, c'est la même scène. Rues Stadiou, rue Panepistimiou, en plein centre, en pleine lumière, derrière la Banque de Grèce. Devant, aux alentours de l'Académie d'Athènes, les sages...
Alors ces nouveaux "gueux" ont enflé la population des sans-abris toxicomanes, alcooliques délaissés par leur famille ou sans-papiers immigrés clandestins que nous pouvions compter sur les doigts de la main. Nombre d'entre eux avaient, avant cette descente en enfer, une maison, un emploi, une famille ; une vie normale quoi ! Aujourd'hui, leur seule fortune se résume à quelques cartons, une ou deux couvertures, une bonbonne d'eau.
Selon des études récentes d'ONG, ils sont plus de 20.000 à vivre dans la rue, une augmentation spectaculaire de 20-25%.
Ici pas d'Etat-providence ou si peu ! La crise aidant nous sommes en face à un vrai problème de société. Il existe quelques rares ONG qui essaye d'apporter un peu de réconfort grâce à restos du coeur mais ils sont si peu.
(je pourrais mettre des photos mais j'ai choisi délibérément de ne pas en mettre car à l'ère de l'image, il faut s'en tenir aux mots. Trop d'images diffusées de la Grèce ne reflètent pas la réalité. Un sans-abri est un sans-abri. Pas besoin d'une image pour faire passer mon message)