Certains appellent cela de la « real-politik » . Un président de la République ne pourrait rompre les relations diplomatiques
avec tout ce compte le monde de dictatures et autres régimes autocratiques.
Nous n'en demandions pas tant. Il suffisait de conserver quelque distance, d'entretenir le strict minimum de courtoisie
diplomatique et la maximum de fermeté diplomatique. En 2007, jusqu'au soir de son élection le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy a promis n'importe quoi en matière diplomatique.
Alors que l'un des plus dangereux autocrates du monde, Vladimir Poutine, a gagné des élections truquées ce dimanche, il était
temps de rappeler la longue liste des « salauds du monde » reçus et célébrés par Nicolas Sarkozy depuis son élection en mai 2007.
Vladimir Poutine.
Quand il était candidat, Sarkozy le vouait aux gémonies. Quand il fut élu, c'était devenu son meilleur allié, presque un ami.
En aout 2008, alors que le dictateur russe envahissait le soir même la Géorgie voisine, Nicolas
Sarkozy le faisait embrasser son fils Louis. Quelques jours plus tard, la Russie reconnaissait
l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, les deux anciennes provinces géorgiennes qu'elle avait envahies. Sarkozy avait été désavoué. Il condamna, mais se tut.
En juillet 2010, c'est à nouveau l'idylle franco-russe. Sarkozy triomphait d'avoir réussi à convaincre l'armée russe de
commander des navires Mistral aux chantiers navals de Saint-Nazaire. En fait, le transfert de technologie sera des plus complets puisque 2 des 4 navires seront fabriqués à 80% ... en Russie. Au
sein de l'OTAN, on s'inquiète encore de cette livraison militaire française.
Mais depuis dimanche, Sarkozy est à nouveau discret. Et pour cause, il est candidat sortant et l'image de Vladimir Poutine
est encore plus exécrable.
Dimanche 4 mars, l'actuel premier ministre est redevenu, pour la troisième fois et sans surprise, président de Russie. Sans
réel opposant, il a été (ré)élu président dès le 1er tour, avec 64% des voix. L'OSCE a dénoncé des fraudes dans un tiers des
bureaux de vote.
Pour une fois, Nicolas Sarkozy est resté en retrait. L'Elysée a d'abord « pris note » du résultat de l'élection.
Puis, plus tard dans la journée de lundi, le président français a écrit au
nouvel élu: « Au lendemain de votre élection à la Présidence de la Fédération de Russie, je tiens à vous adresser toutes mes félicitations et mes vœux pour la Russie et le peuple
russe. » Et d'ajouter: « Alors que vous vous préparez à exercer pour la troisième fois les plus hautes fonctions exécutives de votre pays, je vous présente mes plus sincères
encouragements pour poursuivre l’œuvre de modernisation démocratique et économique à laquelle, conformément au souhait exprimé par le peuple russe, vous voulez consacrer ce nouveau mandat
».
... et les autres
Nicolas Sarkozy n'a pas eu les mêmes précautions avec d'autres dictateurs du globe. Certes, il avait ses têtes de
turc, tels l'iranien Ahmadinejad ou les colonels birmans. Mais Sa défense des droits de l'homme ou de la démocratie fut sacrément à géométrie variable. La décomplexion qu'il a manifesté à l'égard
d'autocrates est l'une des taches de ce quinquennat.
Mouammar Kadhafi
Grand Satan en 2011, le colonel Kadhafi était l'objet de toutes les attentions sarkozyennes dès 2005. Le site Mediapart a
révélé comment Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, a vendu des équipements de surveillance et préparé la libération des infirmières bulgares. Il avait même promis du
nucléaire.
Mediapart a même trouvé que l'homme d'affaires Takieddine,
intermédiaire proche de Sarkoland, avait fourni à l'ancien dictateur libyen les moyens de sa fuite. Et le patron de la société Imesys qui avait équipé la Libye, Philippe Vannier, a été promu au
grade de Chevalier de la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy le 14 juillet dernier.
Hu Jintao
C'est encore le président de la plus grande dictature du monde, la Chine. Sous Sarkozy, toutes les courbettes ont été
possibles. Il est allé en Chine, bien sûr. Il a aussi accueilli le dictateur chinois en France, en parsemant les rues françaises de figurants (chinois). En août 2008, il fut l'un des rares dirigeants
occidentaux à se rendre à l'inauguration des J.O. de Pékin. Même l'UMP signa un accord de coopération avec le Parti communiste chinois. Le ridicule avait été franchi.
Noursoultan Nazarbaïev.
C'est un ami. Le président à vie du Kazakhstan a été reçu plusieurs fois en grandes pompes à Paris. Claude Guéant a organisé des dîners avec une fraction du gotha
économique du coin. Nous avions honte.
Bachar El Assad
Avant d'être le nouveau grand Satan de Sarkofrance, fin 2011, le dictateur syrien avait droit à tous les honneurs de
Sarkofrance. En juillet 2008, il fut invité à Paris, pour les cérémonies du 14 juillet. En décembre 2010, le ministre de la culture Frédéric Mitterrand était encore
là pour guider le couple El Assad dans les musées de Paris.
Ben Ali
L'autocrate tunisien a eut droit à de jolis honneurs. Nicolas Sarkozy est allé jusqu'à le féliciter, chez lui à Tunis et
publiquement, sur les progrès de la démocratie dans son pays. En décembre 2010, la ministre Alliot-Marie se promenait en vacances dans une Tunisie en révolte, avec le concours d'un proche du
régime. Cette bourde lui coûta sa place.
Hosni Moubarak
C'était le grand allié. En janvier 2010, il en avait eut besoin pour calmer Israël dans son opération contre Gaza. L'Egypte
était aussi un lieu de villégiature choyé par le couple Nicolas-Carla Sarkozy, dès le début de leur union. En décembre 2010, quelques semaines avant la chute de l'autocrate, même François Fillon
était encore en vacances « d'Etat » en Egypte.
Omar Bongo
Ancien président du Gabon, décédé en 2009, Omar Gabon a toujours été un soutien discret de Nicolas Sarkozy. Depuis 2007, il a
été régulièrement invité par le Monarque. On lui doit l'éviction de Jean-Marie Bockel, éphémère ministre de la Coopération qui avait cru que la Sarkofrance allait rompre avec la Françafrique. En 2011, il fut accusé d'avoir financé la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. A l'époque, le candidat
lui avait rendu une discrète visite.
Après la mort d'Omar, le fils Ali a pris la relève et le poste, pour le plus grand plaisir de Nicolas Sarkozy.
Françafrique
D'une manière plus générale, le Monarque élyséen n'a pas rompu avec les sales pratiques de Françafrique. Au contraire,
sous sa gouverne et avec son soutien, le parquet de Paris a tout fait pour freiner la progression
des instructions contre les détournements de fonds publics par quelques autocrates africains. En 2007 pourtant, il nous promettait de favoriser « le développement des pays pauvres,
en cessant d'aider les gouvernements corrompus ».
Il y a quelques jours, fin février, les enquêteurs ont pu
procéder à une saisie record de 200 mètres cubes de biens mal acquis dans l'une des propriétés de la famille Obiang, le président de Guinée équatoriale, avenue Hoche à Paris.
Sarkofrance