Guirlandes de gaz et de poussières où fleurissent de nouvelles étoiles
Intrusion dans la nébuleuse d’Orion, observation de bourgeonnements stellaires au milieu des grands courants de gaz et de poussières qui la structure.
C’est une image fascinante qui nous fait découvrir l’écheveau complexe de la matière dans une des matrices stellaires les plus proches de nous. Située à environ 1 400 années-lumière de nous, la célèbre nébuleuse d’Orion ou M42 (Messier 42) est surtout connue pour sa région centrale, dominée par une jeune portée d’étoiles radieuses et massives, le “trapèze” ! Ce foyer est observable dans tous les télescopes et même dans une paire de jumelles, au sein de la partie de la constellation d’Orion appelée “poignard”.
Sondant le nuage moléculaire dans différentes longueurs d’ondes, les astronomes ont employé de grand télescopes spatiaux sensibles aux infrarouges, Spitzer et Herschel. Les images acquises sur plusieurs périodes (hiver 2010-2011 et printemps 2011) ont été combinées afin de mettre en relief les différents courants qui structurent la nébuleuse, les agrégats qui émergent et les différents éléments présents. Une campagne fructueuse qui a révélée de nombreux grumeaux, véritables embryons stellaires, dévellopés par effondrement localisé de la matière. Des ferments qui n’ont de cesse de croitre, s’échauffant progressivement.
En l’espace de seulement quelques semaines, les chercheurs ont été stupéfaits d’observer des changements significatifs dans la luminosité de plusieurs cocons et enveloppes de poussières (matière plutôt froide) ! De tels changements, variation de 20 % de la luminosité, en si peu de temps n’a pas fini encore d’étonner les astrophysiciens.
L’image composite ci-dessus montre ce grand courant jalonné de nodosité ou cocons (en rouge), composés de gaz et de poussières, un collier enfilé de braises qui traverse la grande nébuleuse d’Orion. Le filament semble plonger dans la région centrale plus active (partie la plus lumineuse). Une fois de plus, Spitzer et Herschel conjuguent leurs talents pour nous dévoiler le substrat plus froids de la nébuleuse, un tissu en apparence endormi, endolori. Il s’agit des fondations des prochaines générations d’étoiles. C’est un feu qui dort ou plutôt, un feu qui couve sous la glace (la poussière) et qui s’éveillera – brillera dans le visible – dans plusieurs centaines de milliers d’années. Encore un peu de patience !
Crédit photo : ESA/PACS/NASA/JPL-Caltech/IRAM.