A l'occasion du Conseil d'Administration du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE - UNEP), les responsables de 150 pays ont maintenu leur position en faveur d'une croissance verte. Pourtant nombreux sont les messages et indicateurs, tant au niveau européen qu'international, qui ne vont pas dans ce sens ces dernières semaines.
Les gouvernements en France, en Allemagne ou dans d'autres pays, justifient des choix politiques par un besoin de lutte contre la crise qui touche l'économie mondiale et plus particulièrement l'Europe. Ils imposent par la même occasion ces orientations aux pays de l'Union Européenne qui se trouvent en difficulté à cause de leur dette. L'argumentaire retenu est celui qui répond le mieux aux attentes des acteurs financiers mondiaux.
Mais cette position, qui peut sembler louable pour donner des gages aux financiers de l'économie, est particulièrement court-termiste. Elle n'est pour autant pas étonnante lorsqu'on considère que ce sont ces mêmes acteurs économiques qui ont portés les gouvernements à la place qu'ils occupent. Les récentes déclaration de la Chancelière allemande, Angela Merkel, attaquant le candidat du Parti Socialiste, François Hollande, ne font que souligner cette situation.
Cette attitude a des impacts dans de nombreux domaines, y compris dans le domaine du climat où l'Union Européenne avait réussi, jusqu'ici, à construire une certaine avance. Ainsi, les annonces de blocage économique, face à la taxe carbone sur les transports aériens, brandies par de nombreux pays au premier rang desquels la Russie, semblent porter leur fruit auprès de pays comme l'Allemagne. La Commissaire européenne en charge du climat, Connie Hedegaard, observe donc de grandes difficultés à s'assurer du maintien de cette décision.
Dans ce cadre, malgré l'intérêt démontré par de nombreuses études économiques à s'engager sur la voie de la réduction des émissions de CO2, y compris de manière unilatérale, les gouvernements forment un blocage à cette évolution de la société. Ce choix est contraint, au plutôt volontaire malheureusement, du fait de la résistance au changement des grands acteurs économiques actuels dont les lobbies sont puissants. Le revirement de position de l'Union Européenne sur les sables bitumineux du Canada en sont un très bel exemple, soulignant le poids de Total qui n'en est pas à son premier fait d'arme dans le domaine.
Pourtant, afin de réussir cette évolution, si la situation à terme n'est pas connue (le bout du tunnel), la phase de transition n'en reste pas moins importante à engager (le cheminement). C'est d'ailleurs ce que rappellent certains préceptes religieux ou philosophiques.
Finalement, tous ces éléments tirés de l'analyse des décisions politiques de ces dernières semaines viennent alimenter le constat d'une opposition des gouvernements à une évolution, rendue nécessaire, du modèle de développement. Cette évolution avait été esquissée dès les années 80, avec l'introduction de la notion de développement durable.
Mais, sous la pression de la libéralisation de l'économie et d'une financiarisation de cette dernière, ce changement de paradigme n'a jamais eu lieu. Et, depuis les années 2000, les dérives de la financiarisation à outrance des décisions économiques s'est imposée au monde politique avec, pour effet, la titrisation des dettes souveraines (elles n'en sont pas l'unique origine). Ainsi, c'est cette évolution de l'économie qui est à la fois à l'origine de la crise que nous connaissons depuis plus de 5 ans (avec ses différents volets) et à l'origine aussi de la puissance du monde de la finance qui dicte à nos gouvernements (serviles ?) les solutions à mettre en place ... La boucle est bouclée diraient certains.Des pistes existent, pour sortir de ce cercle vicieux, mais elles imposent un changement de paradigme complexe à mettre en œuvre.