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«Débris», quand l’audace guide nos jeunes talents

Publié le 06 mars 2012 par Bordeaux7

«Débris», quand l’audace guide nos jeunes talentsIssus de la première promotion de l’ÉSTBA (École supérieure de théâtre Bordeaux Aquitaine), les cinq membres du Collectif Os’O se voient déjà confier le studio de création du TnBA pour monter «Débris» de Dennis Kelly. Une belle marque de confiance pour un joli pari.

Le texte du dramaturge britannique n’a en effet rien d’évident, de reposant. Une thématique dure – l’enfance volée, ratée –, deux personnages seulement sur scène – un frère et une soeur – et rien que de rares interactions entre eux. Une succession de longs monologues qui disent crûment la souffrance du mal grandir et de la misère sociale. Mais qui disent aussi en creux leurs rêves de vie meilleure. «Pendant ma formation à l’ÉSTBA, Dominique Pitoiset nous a demandé de travailler sur un projet personnel, se souvient Baptiste Girard, qui interprète Michael, le frère. Je suis tombé sur “Débris” et j’ai aussitôt été frappé par sa langue brute, ses images rentre-dedans. Touché aussi par ces jeunes en colère contre la société, sans repères, sans avenir. J’ai eu envie de dire ce texte qui parle d’une classe populaire à qui on donne peu la parole dans le théâtre d’aujourd’hui.»
Humour ou cynisme ?
Mais Kelly a su user de sa verve avec une détachement tout british et un humour confinant à l’absurde. «Débris», tout d’abord, c’est le nom qu’a donné Michael à un bébé qu’il décide de sauver du tas d’ordures où il a été abandonné. Pour avoir un objectif à sa vie ? Pour être vivant pour quelqu’un ? Pour connaître l’amour, enfin ? De son côté, sa soeur Michelle, jouée par Bess Davies, raconte sa mère, morte à sa naissance... en s’étouffant avec un os de poulet. Le regard lubrique de l’oncle Henry qui les a un temps recueillis pour les préserver, pensaient-ils, de leur père alcoolique «Le cynisme est la grande force de ce texte, poursuit Baptiste. Le cynisme et l’énorme imagination de l’auteur, qui fait qu’on se demande toujours comment ça va tourner... On se demande toujours où est le vrai, le faux – et la vérité ne sera dite qu’à la fin.» Eh oui, comment croire une seconde à cette scène où Michael raconte comment, le jour de son seizième anniversaire, il a trouvé son père auto-crucifié dans son salon ! 
Os’O, chapitre 1
Mensonge ou vérité ? De vérité, les acteurs en sont criants, en tout cas. Le jeu est fougueux, le mouvement juste, sur cette scène dessinée par Lucie Hannequin dépouillée à souhait. Baptiste Girard et Bess Davies arrivent sans peine à nous faire passer de leur côté de la barrière et nous entraîner dans l’imaginaire à la fois tordu et drôle de Kelly. C’est que ces trois-là n’en sont pas à leur coup d’essai : ils avaient donné «L’Assommoir» de Zola, début 2011, déjà au TnBA, mis en scène par le Berlinois David Czesienski rencontré au Find, le festival de dramaturgie de la capitale allemande. L’été dernier, ils étaient rejoints par deux autres amis de promo, Mathieu Ehrhard et François Praud (respectivement assistant à la mise en scène et auteur de la musique pour ce projet «Débris»), pour former Os’O – pour «On s’organise». «On a fondé Os’O pour ne pas attendre qu’on nous engage, pour faire nos choix et créer notre propre histoire», argumente Mathieu Erhard. Une histoire qu’on leur souhaite belle et dont la première page s’écrira à partir de jeudi soir. •   Sébastien Le Jeune
Au TnBA, du 8 au 24 mars, 20h, 5-16€.

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