Magazine Société

Promesse et déception

Publié le 06 mars 2012 par Toulouseweb
Promesse et déceptionUn différend germano-allemand riche en enseignements.
Plus ça change, plus c’est la même chose. Le coordinateur pour le secteur aérospatial du gouvernement allemand, un dénommé Peter Hintze, s’offre quelques instants de gloriole, par médias interposés, en s’inquiétant du manque d’équité entre Allemagne et France au sein d’EADS. La répartition des responsabilités ne serait pas suffisamment équitable, il y aurait un déséquilibre inacceptable entre les différents sites du groupe.
Cette affirmation pour le moins étonnante a apparemment pour point de départ l’intention de Thomas Enders, actuel patron d’Airbus et successeur désigné de Louis Gallois à la tête du groupe EADS, de rassembler à Toulouse l’essentiel des cadres dirigeants. Alors que ceux-ci sont répartis entre Munich et Paris dans le cadre d’une organisation bicéphale, la direction d’Airbus se trouvant pour sa part à Toulouse.
Pour dire les choses simplement, Thomas Enders voudrait rationaliser, simplifier, franchir un pas important sur la voie d’un groupe EADS normalisé. Ni plus, ni moins, mais en sachant que Louis Gallois n’aurait en aucun cas pu se permettre d’avancer une telle idée. On l’aurait évidemment accusé de tirer la couverture à lui, d’organiser un coup pendable aux dépens du volet allemand de l’entreprise. C’est un reproche qui ne pourrait en aucun cas être adressé à «Tom» Enders, compte tenu de sa nationalité. Ce qui n’empêche pas Hintze de jouer ce jeu-là, sans qu’on sache, pour l’instant, s’il roule uniquement pour lui-même ou, tout au contraire, est investi d’un rôle plus important mais soigneusement dissimulé.
Dans de telles circonstances, bien entendu, tout le monde dément et espère que le pétard apparaîtra rapidement mouillé et inefficace. En revanche, cet événement finalement secondaire pourrait avoir des conséquences autrement importantes, mais dans un autre registre.
Tom Enders, poigne de fer dans un gant de velours, craint les interférences politiques susceptibles de parasiter le bon fonctionnement d’Airbus/EADS. Aussi devine-t-on qu’il n’apprécie guère la manière de faire de Berlin et pourrait en tirer prétexte pour changer unilatéralement certaines règles du jeu. A commencer par la possibilité de tourner le dos aux avances remboursables allemandes, les dernières en date, liées au développement du nouveau long-courrier A350XWB. Seule la première moitié (sur un total d’un milliard d’euros) en aurait été versée à ce jour.
Si telle devait être la réaction, un geste «lourd», l’expression d’une volonté d’indépendance, les conséquences pourraient être autrement importantes que celle d’une petite querelle germano-allemande. C’est la position d’Airbus dans le dossier empoisonné de l’interminable bataille Europe/Etats-Unis devant l’OMC qui prendrait un tour nouveau. Est-ce là un geste calculé ? C’est plausible.
Pierre Sparaco - AeroMorning

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toulouseweb 7297 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine