Les forces de manœuvre ont pour fonction traditionnelle la mobilité et la maîtrise du terrain, là où les forces d’appui (artillerie, aviation) ont pour mission d’appliquer les feux assurant la protection et la liberté d’action des premières. Suite à l’introduction de l’artillerie mobile au XVIIIe siècle, et plus encore avec le développement d’une aviation tactique performante, l’appui-feu a été un facteur tactique crucial lors des grands conflits conventionnels du XXe siècle.
Récemment sorti de la marginalité imposée par l’ère nucléaire, l’appui-feu se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins : si, en effet, l’appui aérien (Close Air Support) a pu jouer un rôle décisif dans les opérations en Afghanistan et en Irak, la pratique a démontré que l’artillerie et les mortiers demeurent souvent indispensables. L’avenir de l’appui-feu se jouera ainsi à l’intersection des contraintes budgétaires et des considérations stratégiques : il va donc s’agir pour les armées de définir, entre les différentes composantes de l’appui-feu, des équilibres interarmées qui soient politiquement et financièrement tenables.
Agrégé d’histoire, Elie Tenenbaum est assistant de recherche au sein du LRD. Doctorant en relations internationales à Sciences Po/CERI dans le cadre d’une convention CIFRE-Défense, il travaille actuellement sur la circulation des savoirs et des pratiques contre-insurrectionnelles en Occident sous la direction de Pierre Mélandri et Maurice Vaïsse. Il contribue également au blog Ultima Ratio.