L'ouverture des marchés de l'énergie à l'investissement privé grâce à de nouvelles politiques gouvernementales pourrait être la clé pour déverrouiller l'énorme potentiel de l'Afrique en matière d'énergie renouvelable. Ce sont là les conclusions d'un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE).
Le rapport sur l'Initiative Financière du PNUE, Financing Renewable Energy in Developing Countries: Drivers and Barriers for Private Finance in sub-Saharan Africa , est disponible sur: www.unepfi.org et http://www.ge.tt/9WELkkD
Plus d'informations sur l'Année Internationale des Nations Unies sur l'Energie Durable pour Tous sont disponibles sur: http://sustainableenergyforall.org
Une initiative pour l'énergie durable en Afrique :
The African Rural Energy Enterprise Development Programme (AREED) opère en Afrique afin de développer de nouvelles énergies durables pour les entreprises qui utilisent des technologies énergétiques propres, efficaces et renouvelables. Ces nouvelles entreprises peuvent répondre aux besoins énergétiques des populations sous-desservies tout en réduisant les conséquences néfastes des pratiques énergétiques existantes sur l'environnement et la santé, particulièrement à partir de combustibles de qualité à faible biomasse tels que le bois et le fumier.
Plus d'infos sur : http://www.areed.org/
"Si l'on arrive à déverrouiller ce potentiel, des millions d'individus pourraient sortir de l'extrême pauvreté", conclu le rapport, qui a été dévoilé au siège du PNUE à Nairobi, au Kenya, pour marquer le lancement en Afrique de l'Année internationale 2012 de l'énergie durable pour tous de l'ONU. Le rapport du PNUE est basé sur une enquête lancée auprès de 38 institutions, principalement du secteur privé, qui sont impliquées dans le financement des infrastructures énergétiques dans les pays en développement.
Cette initiative à l'échelle du système des Nations Unies vise à mettre en place des mesures concrètes pour atteindre l'accès universel aux services énergétiques modernes. L'autre objectif est de doubler le taux d'efficacité énergétique et la part des énergies renouvelables dans le mix global d'ici à 2030.
"Les experts estiment que si l'on ne prend pas des engagements plus fermes pour inverser les tendances actuelles, la moitié de la population d'Afrique sub-saharienne sera toujours sans électricité en 2030, et la proportion de la population utilisant des combustibles traditionnels (polluants) restera la plus élevée de toutes les régions du monde. Un tel scénario entraverait gravement les efforts visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement" explique le PNUE.
Le rapport de l'Initiative Finance du PNUE, intitulé "Financing Renewable Energy in Developing Countries: Drivers and Barriers for Private Finance in sub-Saharan Africa ", décrit ainsi des pistes et des solutions pour surmonter les obstacles à l'intensification de solutions énergétiques durables en Afrique, tels que le coût de production de l'électricité ou l'accès difficile au réseau.
Pour répondre à la demande énergétique croissante du continent, le secteur de l'énergie africain devra produire 7000 mégawatts (MW) de plus chaque année. Le rapport du PNUE fait valoir qu'une grande partie de cette énergie peut provenir des richesses inexploitées du continent, ainsi que des ressources renouvelables domestiques.
Un énorme potentiel
Le Cap-Vert, le Kenya, Madagascar, le Soudan et le Tchad ont, selon l'étude, un potentiel particulièrement significatif. Selon la Banque africaine de Développement, le potentiel de l'énergie éolienne de la Mauritanie représente ainsi près de quatre fois son besoin d'énergie annuelle, tandis que celui du Soudan est équivalent à 90% de ses besoins annuels en énergie. Cela offre une double opportunité pour améliorer la sécurité énergétique et pour créer des marchés régionaux.
" L'accélération et l'intensification de l'énergie durable pour tous sera le point clé pour réaliser une transition vers une faible émission de carbone, vers une efficacité des ressources incluant l'Economie verte ", déclarait Achim Steiner, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies et le Directeur Exécutif du PNUE.
" 1,3 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'électricité et 45% de ceux-ci vivent en Afrique. Pourtant, le continent possède d'abondantes ressources renouvelables qui peuvent, avec les politiques publiques adéquates, déverrouiller un nouvel avenir de développement et illuminer les vies et les moyens de subsistances de millions de personnes " énonçait-il.
" Dans quatre petits mois, les leaders mondiaux se réuniront pour le sommet Rio+20 au Brésil. L'accès à l'énergie renouvelable devrait être dans l'esprit de chaque délégué, tout comme les autres obstacles actuels, allant des combustibles fossiles jusqu'aux besoins de financement et de subventions, qui, jusqu'ici, ont freiné cet énorme potentiel en Afrique et ailleurs, " indiquait M. Steiner.
Surmonter trois obstacles: le coût, la structure et les risques
L'étude du PNUE montre comment les mesures incitatives peuvent aider à réduire les coûts élevés associés à la production d'électricité à partir des énergies renouvelables et à améliorer la compétitivité des investissements dans le secteur, par rapport aux sources d'énergies traditionnelles. Des exemples montrent à quel point les incitations au niveau national et international donnent déjà un impact positif en Afrique.
Au Kenya, le gouvernement a ainsi introduit en 2008 une augmentation de la production d'énergie renouvelable dans le pays, incitant une capacité de production d'énergie additionnelle de 1300 Megawatts (MW), soit plus du double de la capacité actuelle du Kenya. "L'augmentation des investissements dans les énergies renouvelables permettra la création d'emplois suite à la construction de centrales électriques, au raccordement du réseau et à l'entretien" précise le rapport.
La politique d'énergie renouvelable conduite par l'Ouganda a également été félicitée pour le développement d'une infrastructure de gestion institutionnelle du Mécanisme de Développement Propre (MDP), qui a mené avec succès une poussée de l'activité des énergies renouvelables. En 2008, l'Ouganda possédait une capacité totale de 550 MW, dont 315 MW furent hydrobase. "En 2010, il y eu 300 MW d'énergie renouvelable dans le cadre du MDP, incluant un nouveau terrain pour l'Ouganda dans le domaine de la biomasse" indique le PNUE.
Le rapport du PNUE affirme que les gouvernements devraient réformer le secteur de l'énergie avec des politiques conduisant à un niveau plus élevé de décentralisation.
Un troisième obstacle au développement de l'énergie renouvelable, selon l'étude, sont les risques politiques, réglementaires et commerciaux présents dans différents pays subsahariens.
"Atteindre l'objectif de l'énergie renouvelable pour toute l'Afrique et au-delà exigera l'action de tous les pays et de tous les secteurs afin de façonner les choix politiques et les investissements nécessaires pour un avenir meilleur de l'énergie. Les pays industrialisés doivent accélérer la transition vers les technologies à faible émission. Les pays en développement, dont certains se développent rapidement et à grande échelle, ont l'opportunité d'oublier les options énergétiques traditionnelles et d'avancer directement vers les alternatives d'énergies plus propres qui amélioreront le développement économique et social", a ainsi déclaré Kandeh Yumkella, Directeur Général de l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) et Président d'ONU-Energie.
Le rapport de l'Economie Verte du PNUE montre encore à quel point le coût des services d'énergie renouvelable serait plus compétitif si les impacts négatifs et indirects liés aux technologies des combustibles fossiles étaient pris en compte.
Certains pays africains, y compris le Kenya et le Sénégal, consacrent actuellement plus de la moitié de leur recette d'exportation pour l'importation d'énergie. L'élargissement des ressources renouvelables disponibles dans les pays pourrait ainsi, selon le rapport, renforcer la sécurité énergétique nationale, tout en atténuant les risques pour la santé publique provoqués par l'exploitation minière, la production et la combustion des combustibles fossiles. Ces risques comprennent notamment l'inhalation de la fumée de cuisinières traditionnelles utilisées dans les ménages à travers l'Afrique. Ces émissions sont responsables pour environ 1,9 million de décès chaque année à travers le monde, tandis que le 'carbone noir' produit par les poêles est aussi un contributeur majeur du changement climatique.
Aujourd'hui, huit pays africains ont déjà mis en place des objectifs nationaux d'énergie renouvelable, y compris l'île Maurice (65% d'ici 2028), le Cap-Vert (50% d'ici 2020) et le Cameroun (50% d'ici 2015).