" Quitter la salle sans être sûr d'avoir entièrement saisi l'écheveau de trahisons simples, doubles, croisées de ce récit d'espionnage ? C'est presque un signe de santé mentale." dixit Télérama.
Alors, forcément, quand j'ai eu lu cette phrase après que le Corse m'ait eu demandé de lui démêler les fils de l'intrigue et que Cecilia ait avoué s'être endormie devant, je me suis dit qu'il y avait peut-être deux films intitulés "La taupe" en ce moment dans les salles obscures...
Non parce que, franchement, j'ai vraiment beaucoup aimé et je n'ai pas eu l'impression d'être perdue au milieu d'un monceau de flou et de mystère.
Bon, d'accord, il est clair que quand j'ai su qui était le vrai vilain, j'ai eu tendance à me dire : " Hein ? Ah bon ? Nan, vous déconnez ! Z'êtes sûrs ?" mais je ne l'ai pas ressenti comme un cheveu qui tomberait sur la soupe, une ineptie...
Ceci dit, j'avais gobé jusqu'au bout du bout pour le " Sixième sens" et pour " Usual suspect" (si, si jusqu'à ce que sa démarche change dans la rue...), ce qui est un signe de la présence constante de neurone neurasthénique à mes côtés... Je suis définitivement une nullité en matière d'enquête (quoique, il me semble me souvenir que dans " Oui-Oui et le gendarme", j'avais deviné que ce n'était pas Oui-Oui le coupable !)...
Bref, revenons-en à nos taupinières (et non pas à nos topiaires !) (oui, je sais, c'est n'importe quoi le début de ce billet mais c'est sans doute ma santé mentale qui n'est plus aussi sûre depuis le film puisque Télérama a dit que....
BREF, j'ai dit !
Donc, ce film m'a réellement beaucoup plu même dans son ambiance franchement oppressante de film d'espionnage sur fond de guerre froide.
Il y a d'abord la performance des acteurs qui, d'ailleurs, m'avait vraiment motivée à aller voir ce film... Il y a quand même une très belle brochette de premiers couteaux et même les seconds sont à la hauteur !
Ce qui peut surprendre c'est qu'on attend à chaque seconde qui passe que Gary Oldman fasse craquer sa nuque en avalant une pilule d'extasy avant de sortir un fusil à canon scié et de zigouiller tout le monde avec un regard complètement psychotique.
De même qu'on attend toujours plus ou moins Colin Firth dans le rôle du gentil avocat ou du craquant Monsieur Darcy...
Comme quoi les étiquettes sont coriaces et la prégnance de ces acteurs n'est pas un simple feu de paille !
Il y a aussi le plaisir de retrouver le superbe John Hurt, la surprise de reconnaître Benedict Cumberbatch et Ciaran Hinds...
Ensuite, donc, il y a cette ambiance, les décors. Pendant un peu plus de deux heures, j'étais en immersion complète et même surprise (et soulagée) en me retrouvant dans la rue, de me rappeler que le mur de Berlin est bien tombé !
On a beau dire mais le fait d'être ainsi conditionné joue énormément dans la réussite du film même si ça ne fait pas tout !
Enfin, l'histoire...
Je vais vous la faire courte pour ne pas risquer trop en dire si certains d'entre vous ont envie d'aller le voir après ce billet.
En 1973, la guerre froide bat son plein et toutes les puissances jouent à " je mets un espion ici", " oui mais moi, en fait, ton espion, je le retourne et c'est pour moi qu'il bosse", " oui mais comme je sais que tu espionnes mon espion et qu'il est désormais ton espion, je le laisse en place mais je lui donne de fausses infos", etc. Sauf qu'à ce petit jeu là, il semblerait qu'une taupe se soit infiltrée au plus haut niveau du MI6. Le patron est viré avec son bras droit qui est ré-engagé en loucedé pour mener l'enquête...
Je ne connaissais pas le livre de John le Carré avant et je ne suis pas sûre de le lire après !
Non pas que ça ne soit pas bien parce que si le film est ne serait-ce que la moitié du reflet du livre, ça doit être excellent mais justement, aussi, si le film n'est qu'à moitié aussi pesant que le livre, je ne m'en sortirai pas !
Au final, je ne suis pas sûre d'avoir aidé le Corse mais je ne pouvais pas prendre le risque d'éventer l'intrigue à tout mon lectorat de la planète entière (au moins !) !
Et puis si, effectivement, je me suis laissée balader pendant tout le film, je n'ai pas souffert d'un imbroglio de pistes, d'intrigues comme certains films ou livres où on finit par ne plus savoir qui est qui et qui fait quoi !
Donc, le scénariste et le réalisateur ont bien fait leur boulot même s'ils ne nous la jouent pas Hercule Poirot qui détaille toutes ses clefs à la fin de ses enquêtes ou Sherlock Holmes qui nous fait progresser en même temps que lui en nous les livrant presque au fur et à mesure.
D'accord, je ne sais pas exactement comment ils en arrivent à la conclusion que la taupe, c'est... lui mais ce n'est pas grave parce que j'ai frémi, palpité, retenu ma respiration tout le long !
A bientôt !
La Papote