Avant d'entamer la rédaction d'un "article", je lis toujours ce que certains confrères ont déjà pu écrire sur l'artiste ou l'album que je me m'apprête à défendre. Cette première prise de pouls à l'avantage de me permettre de me positionner plus clairement quant au disque dont je vais faire la critique. J'imagine d'ailleurs que la majorité des bloggers soucieux d'un minimum d'objectivité font comme moi. Je compare nos points de vues, relativise certaines objections, quitte à parfois me trouver en parfait désaccord avec l'avis général. Premier constat : il n'existe pas beaucoup de sites totalement "indépendants", beaucoup participant officieusement de la distribution ou du marketing par l'intermédiaire d'internet. Ceux-là laissent de côté l'aspect subjectif de l'exercice (c'est beau, c'est bon, et il faut l'acheter). D'autres (la majorité), ne prennent même pas la peine de rédiger quoi que ce soit sur le sujet (une vidéo ou un mp3 et basta). Ces derniers étant totalement impersonnels, ils n'ont à mon sens aucun intérêt et ne méritent pas de s'y arrêter. Enfin, dans ce flot d'information tous azimuts, il en existe heureusement un certain nombre très intéressants, tant dans la rédactions des articles que dans le contenu musical qu'ils proposent.
C'est comme cela que j'en suis venu à acheter ce disque de Blockhead, "The Music Scene". Par confiance et par curiosité, mais aussi pour savoir ce qu'il en était exactement. Car à son sujet les bonnes intentions ne manquent pas : innovant, magistral, disque intemporel, voyage musical, nouvelle ère. Autant de superlatifs omniprésents sonnant comme de vraies promesses de réussite que je souhaitais vérifier par moi-même. 10 euros plus tard me voici face à mes enceintes, confortablement installé et prêt à dégainer la télécommande de l'ampli. 1 heure plus tard je suis déjà en mesure d'y voir plus clair et ai déjà des doutes quant à la réelle qualité de celui-ci (en vulgarisant mon propos je dirai, pas mal, mais sans plus). Puis les semaines passent, et mon désintérêt grandit. J'en viens à me replonger dans l'oeuvre de Anthony Simon tout en espérant un éventuel déclic, mais rien. A la maison ou en voiture? Aucune différence. J'ai beau me forcer, ce disque est plat et assez ennuyeux. Peu importe la sono sur laquelle je le joue, ça ne change rien. Chose tragique s'il en est, je ne remue même plus la tête sur le titre d'ouverture "It's Raining Clouds", pourtant l'un des plus réussis de l'album. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Parce qu'à la première écoute, outre le fait que je n'avais pas retenu grand chose de l'ensemble (rien de marquant en tout cas), je ne pouvais que m'incliner devant la quantité de boulot qui avait du être nécessaire à l'élaboration de ce disque. "The Music Scene" est saturé de samples en tous genres. Il y en a absolument partout. A cela viennent se greffer quelques instruments (basse-vocodeur-guitare), quelques échantillons de voix séquencées, le tout formant un joyeux folklore foutraque difficile à identifier. Une fois passé l'effet de surprise, reste le constat à en tirer.
Et tout d'abord, TROP DE SAMPLE TUE LE SAMPLE. Surchargé et pas assez mélodique à mon sens, on se perd trop facilement dans les atmosphères que Blockhead tente de faire vivre. Pas la peine de chercher une ouverture dans ce déferlement de séquences, on ne peut se raccrocher à rien. Son plus gros point faible? Sans aucun doute les rythmiques. Trop plates pour être du hip hop, pas assez downtempo pour être du trip hop, on n'est de toute façon jamais surpris (idem pour les lignes de basses). Pas de swing, manque de relief, toujours sur le temps. Si j'allais au fond de ce que je pense, je dirai que ce disque manque cruellement de groove. En y réfléchissant bien, il a tout du disque produit par un blanc, n'en déplaise à certains. C'est bien ça. Pas assez "black" à mon goût. Sûr que c'est carré, pensé et étudié dans les moindres détails, mais c'est loin de suffire pour engranger tous les suffrages. Pour ma part, je ne m'incline pas, je décline. Mais peut-être serez vous plus indulgent que moi après avoir écouté les morceaux ci-dessous. Pour l'heure je m'en vais me remettre "Introducing" de Shadow, histoire de me réconcilier avec la bonne musique (de blanc).