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Comment ça marche, le métro, à Londres ? Mal.

Publié le 05 mars 2012 par Evainlondon

30 minutes à pied, en marchant vite. OK, en courant à petites foulées. Mais heureusement que les bureaux de SuperConseil ne se trouvent pas très loin de la boîte à chaussures dans laquelle Prince et moi cohabitons (mais plus dans le péché) depuis notre arrivée à Londres : j’échappe ainsi au métro, pardon, au Tube, comme disent les Anglais.

(Petite digression pour le plaisir : un employé mal luné de Transport for London, particulièrement à cheval sur cette dénomination, a un jour feint de ne pas me comprendre lorsque je lui ai demandé de m’indiquer le métro. Ah, you mean the Tube ! s’est-il enfin exclamé d’un air ironique alors que j’entamais ma troisième minute d’explications)

En théorie, je vais donc au travail à pied – c’est en tout cas la résolution que j’avais claironnée à qui voulait bien l’entendre lorsque SuperConseil m’a tirée du chômage et de mon addiction aux jeux vidéo embauchée. En pratique, entre les jours où il pleut / il fait froid / je n’ai pas entendu le réveil sonner / je préfère me beurrer un troisième scone plutôt qu’accomplir la demi-heure de marche quotidienne recommandée par le Programme National Nutrition Santé, je vais au travail en bus.

Ce qui signifie que j’échappe au métro.

Je vous passe, en  vrac, les signal failures (pannes de signalisation), accidents et autres engineering works (travaux) que subit l’underground londonien de manière quasi-permanente. Face à l’adversité, les Anglais affichent d’ailleurs généralement un flegme et une résistance (passive ?) qui ne manquent pas de m’impressionner, moi qui fais généralement les cent pas le long du quai en marmonnant des insultes gauloises de plus en plus incompréhensibles (« Scrogneugneugneu de nom d’un chien de mille sabords ! »).

Mais ce qui me fait vraiment, vraiment sortir de mes gonds, c’est de prendre le métro à la station la plus proche de chez moi : Edgware Road.

Comment ça marche, le métro, à Londres ? Mal.

Pourquoi tant de haine ?

D’emblée, la station Edgware Road vous ment. Si, si. Là où la carte de l’underground vous promet une correspondance entre les jolies lignes de toutes les couleurs (District, Circle et Hammersmith & City) et la bête marron (Bakerloo line), tout cela n’est qu’illusion : de correspondance, point. Si vous tenez vraiment à changer à Edgware Road, accrochez-vous : il vous faudra sortir votre carte Oyster, payer votre trajet, quitter la station Edgware Road-Circle (ou Bakerloo, au choix), marcher plusieurs minutes sans vous perdre, passer sous un autopont, traverser une artère particulièrement bruyante et fréquentée en pensant bien à regarder à gauche et non à droite parce qu’ici on roule à gauche, localiser la station Edgware Road-Bakerloo (ou Circle, au choix), retrouver votre carte Oyster qui s’est bien évidemment logée tout au fond de votre sac et payer un deuxième trajet. Prix de la correspondance : dix bonnes minutes, deux livres que vous ne reverrez jamais et pas mal d’énervement.

Admettons que vous avez rejoint la Bakerloo line sans trop d’encombres. Là, un ascenseur vous attend. Ou plutôt, vous attendez l’ascenseur. La Bakerloo line étant la plus ancienne ligne de métro d’Europe, il vous faut vous enfoncer dans les entrailles de la ville pour l’atteindre. Or, les ascenseurs circulent à leur bon vouloir. Au bout de quatre minutes d’attente, même les plus polis des Anglais sont prêts à tout pour s’engouffrer dans le prochain lift : ben oui, il y a cent ans, on avait peut-être le temps, mais à notre époque où va trop vite ma bonne dame, perdre quatre minutes de vie est devenu rien moins qu’insupportable.

Tout cela n’est rien à côté de l’autre station (vous avez bien compris que ce n’était en réalité pas la même ?), Edgware Road-Circle line. Là, quatre quais vous attendent. Comment savoir vers lequel vous diriger ? Ben… c’est impossible. Bien sûr, en théorie, tout est réglé comme du papier à musique : quai numéro 1 pour la City, quai numéro 2 pour Hammersmith, quai numéro 3 pour Wimbledon et quai numéro 4 pour… ah, Hammersmith aussi. Au fait, certains trains pour Wimbledon partent du quai numéro 2. En pratique, il est donc courant de croiser des hordes de jeunes cadres dynamiques gravir en cadence les escaliers séparant les différents quais, suite à une innocente annonce intervenant quelque 45 secondes avant l’arrivée du train : « Mesdames et Messieurs, le prochain train pour Hammersmith arrivera dans quelques instants quai n°4 / le prochain train pour Wimbledon arrivera dans quelques instants quai n°2 / exceptionnellement, le prochain train pour la City partira du quai n°3 / etc ».

Vous ne pouvez alors vous empêcher de vous poser la question : l’arrivée d’une rame de métro constitue-t-elle un événement si imprévisible que ça ? Vous aimeriez bien vous plaindre à un employé de Transport for London – on ne se refait pas, et puis en bon Français, vous avez une réputation à tenir – mais il semblerait qu’ils se terrent tous ailleurs. A la station Edgware Road – Bakerloo line, peut-être ?

Enfin, quand bien même votre métro se présenterait bien là où il est censé le faire, impossible de savoir quand il arrivera. 2 minutes, 5, 10 voire 15 ? Vous verrez bien – wait and see, comme on dit ici. Les tableaux électroniques d’affichage consentent déjà à vous indiquer la destination du prochain train (sous réserve des modifications de dernière seconde évoquées plus haut) : n’en demandez point trop !

Comment ça marche, le métro, à Londres ? Mal.

Cher lecteur, vous comprenez désormais mieux pourquoi je suis si reconnaissante à SuperConseil de ne se trouver ni dans la City, ni à Hammersmith, ni à Wimbledon, mais à 30 minutes à pied via Hyde Park (en courant).


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