Un bureau comme on les aime, intemporel, désordonné, un pêle-mêle de livres, posés, superposés, vivants, des lumières indirectes, des recoins... Habitent là un écrivain qui bouge et une violoniste assise - elle est là pour accompagner sa musique intérieure, on le comprend d'emblée.
L'écrivain bouge à la recherche de son sujet, du livre à venir, et le sujet vient soufflé peu à peu par l'ombre d'une femme familière, sa muse, sa mère peut-être, qui lui désigne le personnage, lui murmure son nom, Albert Danon. L'écrivain s'en empare, en découpe fiévreusement la silhouette, et l'histoire nait, se pose là, se raconte, faisant feu de tout bois, la muse devenant elle-même la femme d'Albert Danon, le fils de l'écrivain devenant le fils du personnage ...
Sans quitter le bureau, on vit cette naissance, les voyages, les exils, les amours indécis, les deuils et les passions de cette histoire. Processus de
création et processus de vie si mêlés qu'au bout d'un moment on ne sait plus distinguer l'auteur de ses personnage
A la fois poétique et charnel et puis humain, si humain, c'est un théâtre d'ombres de papier et de lumières très, très, captivant
Il s'agit de l'adaptation de Seule la mer, d'Amos Oz par la jeune compagnie L' Artisanie dont c'est le premier spectacle "professionnel". Un départ en beauté, vraiment..
Seule la mer
Mise en scène : Marie Hebert - Interprétation : Eric Larzat, Dorine Cochenet, Solène Comsa et son violoncelle - Scénographie Sarah Letouzey er Marie Hébert. -Costumes et ombres Maxime Gillet. Lumières Anne Charrier
Les 8 et 9 mars à 20h
Théâtre aux mains nues - 7 square des Cardeurs - Paris 20°- Réservations 01 43 72 19 79
Et 29 mars à Strasbourg au Festival des Giboulées de la marionnette
Seule la mer est paru chez Gallimard dans une traduction de Sylvie Cohen, on le trouve en Folio.