La « reprise » économique ne tient qu’à un fil. Des consommateurs endettés, et lourdement taxés, ne pourraient se permettre un litre d’essence à un prix plus élevé.
Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec.
C’est l’image que j’ai en tête quand je vois le prix de l’essence grimper sur les panneaux des stations-services. C’est l’effet, ou le « choc » qui pourrait replonger le Québec et une bonne partie de l’économie mondiale en récession.
Stéfane Marion, économiste en chef à la Banque Nationale, pense que nous allons retourner au sommet de 2008. C’était autour de 1,50 $ le litre. M. Marion calcule aussi que la hausse récente du prix de l’essence a coûté 30 milliards $ aux familles américaines. Et que cette hausse va nuire aux entreprises qui tentent de conserver les emplois créés au cours des derniers mois.
La « reprise » économique ne tient qu’à un fil, selon moi. Est-ce que des consommateurs endettés, et lourdement taxés peuvent se permettre un litre d’essence qui dépasserait 1,50 $ cet été ?
Ma famille ne possède qu’une seule auto. Une chance ! Car si je fais le calcul, un litre d’essence à ce prix nous coûterait tout de même environ 75 $ de plus par mois.
Pourquoi ça monte ?
Selon le site Business Insider, une des raisons de la hausse est la demande en provenance de l’Asie et des pays de l’ex-URSS, en hausse, qui contrebalance celle des États-Unis et de l’Europe, en baisse. Également, les inventaires de pétrole seraient bas, et des raffineries ont fermé aux États-Unis. Et bien sûr, les tensions autour de l’Iran exercent une pression à la hausse sur le baril de pétrole.
D’autres blâment les spéculateurs de Wall Street, ou la Réserve fédérale qui imprime de l’argent et créerait de l’inflation. Ou la collusion possible entre stations-service… Bref, vous avez le choix !
Comment les entreprises vont-elles réagir ? La chaîne américaine CNN rapportait récemment que des compagnies qui livrent elles-mêmes leurs produits aux clients (comme les magasins en ligne) se préparent déjà à une forte hausse du prix de l’essence. Parmi les options considérées : hausser le prix de leurs produits, réduire les heures de services, et éliminer des emplois.
Reprise fragile
Ne partons pas en peur. Le prix du baril de pétrole est volatil, et pourrait bien descendre aussi vite qu’il a monté.
Espérons-le. Car l’équilibre budgétaire de nos gouvernements et de beaucoup de familles repose de plus en plus sur un scénario idéal : reprise économique, pas trop d’inflation, prix des maisons qui continuent de monter ou se stabilise tranquillement, consommateurs qui continuent de dépenser, prix de l’essence qui ne monte pas trop… Ça commence à faire beaucoup de « si ».
La dernière chose dont l’économie et les contribuables ont besoin en ce moment, c’est d’un litre d’essence à 1,50 $ et plus.
—-
Sur le web.