Au secours Abélard, ils sont devenus fous !

Publié le 05 mars 2012 par Copeau @Contrepoints

Le socialisme n’est rien d’autre qu’une religion cherchant toujours, au nom d’une morale collective, à s’immiscer dans des transactions d’ordre privé. Monsieur Hollande vient de nous donner un nouvel exemple de ce redoutable penchant.

Par Charles Gave

Abélard et Héloïse

Abélard  (1079-1142) est resté dans l’histoire un peu pour les mauvaises raisons qui furent surtout celles de ses amours avec la belle et savante Héloïse. On oublie que sa contribution au développement de la pensée occidentale fut essentielle : formidable logicien, il mit en lumière une distinction fondamentale qui allait permettre, à terme, la séparation entre l’Église et l’État. Selon Abélard, il existait une distinction essentielle entre le crime et le péché. Le crime n’existait que s’il était reconnu par la loi. Nulla crimen sine lege (pas de crime qui ne soit reconnu par la loi) disait déjà le droit Romain et il était donc du ressort de la puissance publique de le punir et de l’empêcher puisque tout crime est destructeur de l’ordre social.

Le péché, en revanche, ressort de la morale privée et il revient à Dieu de le punir. Chacun doit s’en repentir tout en essayant d’en corriger les effets par ses actions ultérieures.

Il revient par conséquent à l’État de punir le crime, mais en aucun cas de sanctionner le péché. Aux yeux de la puissance publique, une action peut être un crime sans représenter un péché, tandis qu’un péché aux yeux de l’Église peut ne pas être du tout un délit aux yeux de la société.

Cette distinction essentielle au fonctionnement de toute démocratie, et qui n’existe pas dans le monde musulman par exemple, est à l’origine philosophique directe du protestantisme d’abord, et des Lumières ensuite. Curieusement, elle est complètement antinomique avec la pensée socialiste qui essaie sans cesse de réintroduire la notion d’une morale collective opposée fort logiquement à la loi. Que le lecteur se souvienne, à cet égard, de la formule de François Mitterrand, mentionnant « la force injuste de la Loi ». Opposer la loi à la  justice, c’est réintroduire au cœur de la démocratie la préférence pour une morale collective, voire une religion. À travers ce genre de discours, on perçoit bien que le socialisme n’est rien d’autre qu’une religion cherchant toujours, au nom d’une morale collective, à s’immiscer dans des transactions d’ordre privé. Monsieur Hollande vient de nous donner un nouvel exemple de ce redoutable penchant. Je veux parler, bien sûr, de la proposition formulée par le candidat socialiste de « punir » ceux dont les salaires seraient supérieurs à 1 million d’euro. Insupportable semble-t-il aux yeux de ce pauvre homme qui en revanche n’a jamais trouvé moralement inacceptable de voter des budgets en déséquilibre.

Dans un état de droit la « morale » n’existe pas. Seule existe la légalité.

Toutes les dispositions relatives aux paiements de ces sommes versées à des dirigeants ont été prises en fonction de textes existants et rien ici ne peut être qualifié d’illégal. L’argent dépensé au titre des ces prestations appartient à des entités relevant du secteur privé et ayant, donc, le droit d’allouer ces sommes en fonction de ce qui leur parait être, à elles, le plus efficace. Si les actionnaires ne sont pas contents des résultats, ils peuvent soit « voter avec leurs pieds », c’est-à-dire vendre leurs titres, soit prendre les dispositions aboutissant à une révocation de ces dirigeants. Que je sache, le droit de propriété est reconnu dans la Constitution !

Puissent l’État et ses représentants s’occuper de ce dont ils ont la charge… Lorsqu’il était président de France Télécom, monsieur Michel Bon a couté beaucoup plus à la communauté française en perdant des milliards d’Euro. Ce désastre n’a aucune commune mesure avec les sommes attribuées à des dirigeants de façon parfaitement légale et qui représentent deux cent millions d’euro à tout casser.

Il me semble que le personnel politique devrait se concentrer sur la gestion de l’État, plutôt que de s’occuper d’un domaine dont il n’a pas la responsabilité, à savoir la gestion des entreprises privées qui va très bien, merci.

En réalité, il est assez insupportable de voir s’exprimer de la sorte des hommes de pensée jalouse et médiocre qui se gardent bien, par ailleurs, d’examiner leurs propres responsabilités dans la gestion des affaires publiques (voir, par exemple, les comptes de la Corrèze, département présidé par monsieur Hollande).

Ils ont recours à la plus vieille des tartufferies : chercher un bouc émissaire en se drapant dans les oripeaux de la morale collective.

Voila qui n’annonce rien de bon s’ils sont élus.

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