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Charlot ? oui ! mais encore ? RIP Gérard Rinaldi

Publié le 05 mars 2012 par Olivier Walmacq

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Putain, tu ne peux pas t'imaginer ce que ta dernière blague m'a fait souffrir... Gérard, toi qui m'a habitué à me faire rire, sourire, charmer avec ta voix de tueur silencieux... Là, tu nous lâches, l'air de rien, et tu laisses les vautours des chaines d'info à la mords-moi-le-noeud nous annoncer la sinistre nouvelle en 15 secondes....

Bordel, tu n'as jamais été reconnu vraiment à la hauteur de tes multiples talents. Le pitre chanteur et acteur avec tes potes des Charlots, ou le véto de Marc et Sophie, oui !

Mais qui se rappelle de tes débuts avec les Problèmes (futurs Charlots) ? 1ère partie des Stones en 66, no shit !

Petite piqure de rappel !

Ces titres garage ou Byrdsiens étaient classieux..

Mais il a fallu que vous deveniez populaires en devenant le backing band d'Antoine... Je ne vous en veux pas, faut bien bouffer ! En plus , Antoine était comme vous : barré, malgré son statut d'étudiant à Centrale... A bien y réfléchir, c'était assez subversif...

Après des tournées houleuses (merci Johnny et ton "Cheveux Longs Idées Courtes"...), vous avez décidé de vous convertir en Charlots... Après une réponse vers Antoine...

A partir de là, les Charlots étaient nés (Donald Rieubon puis Jean-Guy Fechner à la batterie, Jean Sarrus à la basse, Gérard Filipelli et Luis Rego aux guitares, et Gérard R. au chant)... Jean Sarrus disait "du jour au lendemain, en changeant le nom du groupe, les gens nous aimaient...". C'est vrai, Charlots, c'est réconfortant, ça fait un peu loser blaireau. Les ploucs de la France gaullisto-pompidolienne se trouvaient enfin en terrain conquis. Et à partir de 66 jusqu'en 71, les succès musicaux s'accumulent : Je Dis N'importe Quoi, Paulette (La Reine Des Paupiettes), Sois Erotique, Merci Patron...

Ainsi qu'un nombre de parodies et détournements jouissifs : Hey Max (pour Hey Joe), Les PLaies-Bois (Dutronc), L'Amour Avec Toé (Polnareff)... et les deux foutages de gueules ultimes : un Noel revisité façon Wehrmacht 1943 , et une chanson hippie avec choeurs franchement pignolos...

Gégé (tu permets ?), tu étais un chanteur versatile, capable de passer du crooner bien ringard et velouté au paysan berrichon bien bourré, de prendre des voix d'idiot du village comme des voix d'anglo-saxons francisés.

Un petit panaché, tiens...

Bien entendu, les joyeux drilles font les andouilles sur les plateaux TV, les scènes de concert... Le producteur Christian Fechner (le frère de Jean-Guy) a une idée : il a bien étudié le modèle pop des années 60, et tout particulièrement le cas Beatles. Il leur propose tout naturellement de faire du cinéma, si le succès des disques se reproduit, ça va assurer un beau petit paquet de pognon ! Bon, les Charlots sont rigolos, mais on ne sent pas chez eux un réel potentiel dramatique... Fechner va donc embaucher quelques uns des plus beaux spécimens de tâcherons pour filmer les mecs : Philippe Clair, Jean Girault, Zidi (qui s'en tirera pas mal)... et des réalisateurs vieille école comme André Hunebelle. (à noter qu'après la séparation d'avec Fechner en 76, les réalisateurs seront encore plus mauvais...).

Le but est de mouliner un cinéma bon enfant, accessible à tous les publics, et qui ne montre pas le groupe comme il est dans la vie (la drogue et l'alcool sont déjà apparus...). Dans l'imaginaire de la France seventies, les Charlots passent pour une bande de grands dadais ultra-sympas, accumulant les gags éculés et les dragouilles ridicules, des mecs que l'on adoreraient avoir pour grands frères, comme potes, comme voisins. La France n'a pas encore connu le choc pétrolier, les Trente Glorieuses sont encore là.... On a encore le coeur à rire, et ça marche ! Les Charlots réalisent des chiffres d'entrée énormes en France : presque 4 millions pour La Grande Java, plus de 7 pour les Bidasses en Folie, presque 6 pour les Fous du Stade...

LES-CHARLOTS

Les films de la période Fechner sont inégaux : La Grande Java est ce que l'on appelera pudiquement une première oeuvre (c'est même une bouse n'importe nawak...), Les Bidasses en Folie est assez réussi malgré quelques longueurs (et c'est surtout le film qui voit le départ de Luis Régo...)...

Les Fous du Stade voit les mecs en pleine bourre : la première moitié du film est jouissive pour qui aime la crétinerie à son sommet. Je ne suis pas un grand fan des Charlots Font L'Espagne à titre personnel, mais le film a ses partisans. Le Grand Bazar est objectivement le meilleur : message primaire mais bien senti, acteurs parfaits (Galabru, Serrault), gags à la Gaston Lagaffe (la séquence dans l'usine de tondeuses...), c'est excellent !

Un second volet des Bidasses hilarant dans sa première partie, avant de virer à l'ennuyeux. Un diptyque Mousquetaires de bonne facture, et un Bons Baisers de Hong-Kong qui sent déjà le déclin...

Accaparès par le ciné, la chanson est mise de côté pendant ces années. Notons toutefois l'OVNI "Histoire Merveilleuse"...

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Après le départ de Rego en 71, une seconde rupture intervient en 76 : fâcherie avec Fechner, et départ de Jean-Guy, par ricochet. L'alchimie est définitivement brisée au cinoche : les films qui vont suivre sont tous navrants, voire pire. Ils ne méritent pas qu'on les nomme, réalisés par des uber-tâcherons comme Korber, Vocoret (sans parler du garagiste de Rinaldi qui réalise les Charlots en Délire, oui oui)... Leur seul raison d'être est de payer les impôts.

Rinaldi, Sarrus et Filipelli continuent sans enthousiasme, enchainant bouses cinématographiques et pochades musicales parfois hilarantes (l'album de 1982 est édifiant à ce sujet : vulgos et addictif, avec L'Aperobic en tête d'affiche). Mais il leur est impossible d'exister en dehors du carcan Charlots qui impose des conditions ben définies...

Si Sarrus et Phil ne semblent pas être frustrés, Rinaldi en a de plus en plus marre. Il jette l'éponge en 85...

Si le cinéma ne lui offrira pas de rôles marquants, la télé lui permet de rester dans l'esprit des nouvelles générations : séries, téléfilms, doublages... Sa voix chaude est une véritable Madeleine de Proust ! Et tant pis si Marc et Sophie, c'est daté comme pas permis, si les téléfilms sentent les pieds...

Et il a un joli succès dans le théâtre de boulevard, pas intello pour deux sous, mais qui réjouit les comités d'entreprise qui montent à la capitale. Il avait accepté de faire un dernier tour de piste avec Jeannot Sarrus (mais sans Phil...) en 2008 sous le nom des Charlots, pour deux inédits et quelques apparitions scéniques et télé...

Et cette nouvelle qui nous est tombée sur la gueule... Un vrai bonhomme vient de partir : sympathie évidente, voix de tueur, déconne à tous les étages... En ces temps de tristes sires qui envahissent nos écrans ciné ou TV, ça fait d'autant plus chier.

Et surtout, c'est un peu de notre jeunesse qui fout le camp, et rien que pour ça, c'est vraiment pas drôle, espèce de Charlot !

Requiescat In Pace, et merci pour la bonne humeur.

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MERCI PATRON !


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