» S’il vous vient en pensée de vous glorifier de vous-même, dépouillez-vous d’abord de tout ce qui ne vous appartient pas. Or tout ce qui restera n’étant que néant, de quoi pourrez-vous tirer quelque gloire? »
» Dès que vous sentez votre coeur ému de la jouissance des biens créés, rappelez-vous combien il est vain, périlleux et funeste de se réjouir d’autre chose que de servir Dieu; et considérez quel malheur ce fut pour les anges que de se réjouir et de se complaire en leur beauté et leurs dons naturels, puisque c’est par là qu’ils tombèrent, privés de toute beauté, au fond des abîmes. »
» L’âme qui désire marcher en avant, sans risque de jamais revenir en arrière, doit bien examiner en quelles mains elle se remet; car on a bien raison de dire: tel maître, tel disciple! et tel père, tel fils! »
» Si haute que soit la doctrine, si parée que soit l’éloquence, et si brillant que soit le style qui la recouvre, elle n’agira guère sur les âmes que suivant le degré d’esprit intérieur du maître qui l’enseigne. »
» Ce qu’il nous faut surtout chercher dans les images, c’est la dévotion et la foi. Sans ces deux fruits, à quoi servirait l’image? Oh! quelle vive image offrait notre divin Sauveur au milieu du monde! Et cependant tous ceux qui ne le contemplaient pas avec foi, avaient beau vive près de lui et voir ses oeuvres merveilleuses; ils n’en retireraient aucun fruit. »
» Appliquez-vous à une seule chose qui amène tout avec elle: c’est de chercher la solitude pour vous livrer à l’oraison et pour écouter la leçon divine. Persévérez-y, dans l’oubli de tout objet créé. Car à moins que vous ne soyez tenu par devoir à vous occuper de quelque autre chose, vous plairez bien plus à Dieu par le soin de recueillir votre âme et de la rendre parfaite, que par l’acquisition de toutes les richesses de la création. Que sert à l’homme en effet de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme? »
» L’âme prompte à parler et à se répandre au dehors est bien peu attentive à Dieu. Mais à mesure qu’elle le sera, elle se sentira fortement attirée, au dedans d’elle-même, à se taire et à fuir n’importe quelle conversation. »
saint Jean de la Croix (1542-1591).
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