Hervé SAVY – La Flèche plantée dans la femme qui s’en serait passée : 6,5/10
La notation de ce petit ouvrage s’est avérée difficile. J'ai admiré l'audace de l'auteur (fallait le faire!) mais j'ai saturé par moments (sur seulement 90 pages c'est ennuyeux).
Finalement, même si elle est loin d'être parfaite, cette nouvelle m’a fait sourire, et il est indéniable que c’est original et totalement absurde - ce qui mérite un bonus. J'ai donc poussé ma note initialement prévue pour atteindre un petit 6,5.
Dans "La Flèche plantée ..." l’auteur s’amuse. Mais parfois il s'amuse tout seul, un peu au détriment du lecteur. Heureusement qu'au final le résultat reste plaisant et aberrant à souhait.
C’est le genre de petit ouvrage que j’aurais aimé découvrir à l’école au lieu des classiques qui, à cet âge-là, sont soporifiques. Ici on peut découvrir beaucoup entre les lignes, rire des noms des rues et des personnages, s’amuser en lisant les péripéties des protagonistes, de les voir se débattre pour remplir un constat alors qu’un seul véhicule est impliqué.
Cette toute petite nouvelle d’à peine 90 pages permet de passer une agréable – et humoristique – après-midi, mais il faut pour cela laisser toute logique et sérieux sur le pas de sa porte … et ne pas s’attendre à un chef d’œuvre non plus.
Mais commençons par l’intrigue …
Et non, ce n’est pas la peine, le titre vous révèle déjà tout : une femme est trouvée morte, une flèche dans le dos. La police enquête, des politiques semblent impliqués … mais tout cela n’a pas la moindre importance, puisque l’intrigue est simplement une excuse pour nous livrer cette histoire … étonnante.
Les policiers chargés de l’affaire de la flèche sont de piètres conducteurs, leurs ordinateurs ne cessent de bugger, les « méchants » sont des politiciens véreux … tous les personnages croisés sont volontairement caricaturaux pour nous livrer un récit loufoque.
Comment commencer mon petit commentaire ? (faut tout de même justifier 6,5) :
C'est du n’importe quoi (voulu!) emboitant le pas à des blagues lourdes sur fond satirique. Même l’enquête se perd parfois dans les méandres des bouffonneries (qui sont quelques fois un peu trop lourdes et font perdre le fil, déjà plus que tenu).
Clairement, il y a des instants qui prêtent à rire, même si les blagues sont parfois très grossières – comme le policier qui partage ses réflexions avec un collègue, suggérant que l’arme du crime était un Magnum ; son collègue s’étonne alors comment une glace peut faire ce type de dégâts.
Au début du livre j’ai été effrayée par le nombre extrêmement élevé de personnages, totalement sans proportion avec l’épaisseur du petit livre.
Mais fort heureusement l’auteur a pris soin de leur attribuer des noms très parlants, ce qui permet de ne jamais confondre un personnage avec un autre. Ces noms habillent d’ailleurs les divers caractères de traits qui se confirment à la lecture, ce qui évite à l’écrivain d’alourdir son récit par des descriptions bien inutiles.
Il n’est point ainsi besoin de brosser le portrait d’Hélèn Erveuse, on l’imagine immédiatement, de même qu’on ne risque pas d’oublier le nom de la victime, Erica Davre. L’enquête est confiée aux policiers, tels le commissaire Achille Poivraun et ses collègues Phil Atture et Dominique Estion. Je n’irais pas plus loin, vous avez saisi l’idée.
Les noms des rues sont tout aussi parlants (l’allée Talage, où des vols sont commis, se dessine sous nos yeux à la seule évocation du nom).
Donc, c’est très distrayant et on rigole parfois tout seul.
Même si je pense qu’il y a malgré tout un peu trop de personnages, car trop, même d’une bonne chose, peut étouffer.
Les pages tournent et du n’importe quoi suit du sans tête. On sent que l’auteur s’éclate à écrire ses pages.
Parfois il oublie malheureusement que le lecteur doit suivre, et j’admets qu’il m’a, au tournant d’une page ou d’une autre, perdue en route. Mais j’ai pu rattraper le fil de l’histoire et poursuivre la route.
Et voilà ce qui m’a le plus chagriné : c’est trop chargé, un peu de subtilité aurait permis d’aérer le récit et d’en faire une nouvelle hilarante. Ce but-là n’a pas été atteint, mais je suis certaine qu’avec le temps, l’auteur trouvera la juste balance entre le nonsense, les plaisanteries, l’intrigue, la lourdeur, la satire, les noms etc. etc.
Je pense qu’en ajustant un tout petit peu tous les éléments, tels l’histoire (à renforcer un tantinet tout de même), les personnages (à alléger en nombre), les commentaires satiriques, les instants comiques … tout en structurant mieux, nous ne sommes pas loin d’une nouvelle franchement drôle.
Mais j’insiste sur un fait : ne vous attendez pas à une nouvelle sérieuse. Cette nouvelle est à lire « comme ça », à la légère ou alors sérieusement mais avec un esprit humoristique bien en état d’alerte.
« La flèche plantée… » est l’illustration du fait que le chemin est bien plus important que le but.
Voyons si l’auteur nous proposera une autre histoire à traiter par le commissaire Achille Poivraun et ses collègues ?
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