Une biopsie systématique dans le cas d'ulcères de jambe chroniques vraisemblablement d'origine vasculaire, non cicatrisés malgré 3 mois ou plus de traitement approprié. C'est la recommandation de cette étude, publiée dans l'édition du 20 février des Archives of Dermatology, une revue du JAMA. Première étude à estimer la fréquence des cancers de la peau associés à des ulcères de jambe chroniques vraisemblablement d'origine vasculaire, non cicatrisés à 3 mois, les données suggèrent en effet le développement d'un cancer dans 10% des cas.
Résultats d'une transformation maligne de l'ulcère vers un carcinome spinocellulaire, les cancers de la peau associés à des ulcères de jambe chroniques sont sous-diagnostiqués. Car l''aspect clinique des cancers de la peau peut prendre celui de lésions inoffensives à celui d'excroissances exophytiques évidentes. Alors que les lignes directrices et les experts recommandent la biopsie pour évaluer les lésions atypiques en cas de progression atypique, l'association ulcère de jambe- cancer de la peau n'a jamais été évaluée de façon prospective, Cet essai a donc été entrepris pour déterminer la fréquence des cancers de la peau associés à des lésions présumées d'origine vasculaire non guéries malgré au moins 3 mois de traitement approprié.
Cette étude française, menée par le Dr Patricia Senet, du Service de Dermatologie de l'Hôpital Tenon, (AP-HP), avec d'autres chercheurs d'autres hôpitaux et institutions de France, a porté sur 144 patients hospitalisés ou pris en charge en ambulatoire par 17 services de dermatologie. Ces patients qui avaient consulté pour un ulcère de jambe chronique, voyaient la plaie s'étendre avec dans certains cas, le développement d'une artériopathie périphérique, et cela, malgré un traitement standard depuis au moins 3 mois. A l'inclusion, au moins 2 biopsies de 6mm, 1 au bord de la plaie et 1 dans le lit de la plaie, dans les zones les plus cliniquement suspectes, ont été systématiquement effectuées. Le critère principal était la fréquence du diagnostic de cancer de la peau à partir d'au moins une biopsie.
Un cancer dans 1 cas sur 10 : La fréquence globale du cancer de la peau chez ces patients atteints d'ulcère de jambe chronique s'élève à 10,4%: 9 carcinomes épidermoïdes, 5 carcinomes baso-cellulaires, 1 mélanome et 1 léiomyosarcome. 56,3% de ces tumeurs avaient persisté pendant au moins 3 ans.
L'analyse de facteurs met en avant, un âge plus avancé, une granulation anormale des tissus au bord de la plaie, une suspicion clinique élevée de cancer, et le nombre de biopsies. En revanche, la zone ou la durée ne semblent pas significativement associées au risque de cancer constaté à partir des biopsies.
Les auteurs recommandent donc bien une orientation du patient vers une biopsie, en cas d'ulcère veineux de jambe réfractaire à 3 mois ou plus de traitement approprié.
Source: Arch Dermatol.2012; 0: 201133621-5.Malignancy and Chronic Leg Ulcers The Value of Systematic Wound Biopsies: A Prospective, Multicenter, Cross-sectional Study (Vignette Harmann)
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