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Les grands de la distribution trichent avec le fisc

Publié le 10 mars 2008 par Zorbas

 

Les grands de la distribution trichent avec le fisces grandes enseignes de la distibution perçoivent des commissions de la part de leurs fournisseurs via leurs centrales d’achat en Suisse. Cette révélation est venue du président de la commission des Finances du Sénat, Jean Arthuis. Celui-ci estime que ces profits se chiffrent entre 500 millions et un milliard d’euros. Carrefour interviendrait ainsi via sa supercentrale basée à Genêve, tout comme Intermarché et Auchan. Système U en possède également une, implantée à Zurich.

Un système proche de celui des marges arrières
Ces commissions ont pour effet d’aggraver l’augmentation des prix.... Par ces versements en Suisse ou le recours aux marges arrières, les distributeurs disposent d’une arme pour négocier les tarifs des industriels. Elles contournent ainsi les contraintes de la loi Galland, qui ne permet pas de négocier ces prix.

Accusations de fraudes fiscales
Les distributeurs seraient accusés de jouer de leur poids par rapport aux fournisseurs afin de pratiquer ce qui peut être taxé de "racket". Un distributeur dépend beaucoup moins d’un fournisseur que l’inverse. Surtout lorsque c’est une PME qui se trouve sur la table des négociations. Autre volet de l’affaire: les versements aux supercentrales de Suisse échappent au fisc français. Eric Woerth, le ministre du Budget, a d’ailleurs reconnu que "des redressements ont été effectués pour ce motif", sans en dire plus en vertu du secret fiscal.

Le PDG de Système U, Denis Papin, a affirmé que ces pratiques n’avaient pas cours dans son groupe. Pour sa défense, Auchan a nié toute fraude en rappelant que les prestations sont fiscalisées selon les règles en vigueur dans chaque pays. Carrefour reconnaît l’existence de sa supercentrale de Genêve...


Cet article, en date du 7 mars 2008, paru dans l'Express, a aussi fait une fugitive apparition sur le site du Monde.

Pour ce qui concerne les relations des distributeurs avec les fournisseurs, je peux en parler en connaissance de cause.
Un peu moins pour ce qui concerne la librairie, il est vrai, les acheteurs de ces grandes chaînes sont entraînés à la "négociation".

L'épreuve passe par la prise de rendez-vous initiale.
On vous  fait comprendre, sans équivoque possible, que vous dérangez votre interlocuteur, et que son temps est précieux, contrairement au vôtre.

Si vous n'êtes pas découragé par cette mise en train, vous vous présentez à votre rendez-vous.
Attention ! le moindre retard, de la moindre minute, vous sera longuement reproché.
Si vous arrivez trop en avance, c'est signe de faiblesse, de stress et de nervosité; votre interlocuteur va  tout faire pour vous déstabiliser , vous mettre un maximum de pression et obtenir des concessions majeures.

Supposons que vous êtes à l'heure.
Vous vous présentez (pointez) à l'accueil, où on vous prie d'attendre.
Là, vous avez intérêt à avoir apporté l'intégrale de Balzac, ou des Rougon-Macquart avec vous, ou vos compte-rendus à faire; car le minimum syndical d'attente est d'une demi-heure.
Cela peut aller jusqu'à une heure.
Pendant ce laps de temps; il peut arriver que vous aperceviez votre acheteur une bonne demi-douzaine de fois, à courir dans les couloirs ou à blaguer avec ses collègues, voire raconter sa vie sur son portable.

Le principe est que plus vous attendez, plus vous vous impatientez et stressez parce que vous avez un timing et d'autres RDV à honorer derrière.

Quand on juge que vous êtes enfin bien mûr, on vous fait entrer, on vous fait asseoir sur une chaise minable, branlante, plus basse que celle de votre interlocuteur.
En face, il est en train de consulter des listings, son agenda, répond au téléphone; bref, il fait son occupé.

Quand il daigne enfin vous honorer d'un regard, il vous assène que votre produit, c'est de la merde, qu'il est sollicité tous les jours par des concurrents prestigieux, que ses rayons ne sont pas extensibles...; bref, que les places sont rares et chères; et que vous avez peu de chances de l'emporter.

Et là, vous vous dites que vous ne vous êtes tout de même pas tapé 300 bornes pour rien, pour revenir bredouille, et que vous aurez la gueule de votre chef en prime.
Et vous acceptez TOUT ! -ou presque.
Livraison à leurs conditions, leur prix, paiement à 90-120 jours, reprise des invendus, de la casse... Tous les risques pour vous, tous les bénéfs pour eux. Même la "DI" (Démarque Inconnue, dénomination pudique du chapardage), est pour vous.

Et, si vous n'acceptez pas leurs conditions léonines, ils vous "déréférencent". Cela a été le cas de Coca-Cola, il y a quelques années.
Toute multinationale qu'elle est, elle a du passer sous les fourches caudines.

En fait, et ce n'est pas très connu, les grandes surfaces (GSA-GSB) ne travaillent pas tant avec les marges qu'ils réalisent, qu'avec la trésorerie. Le but du jeu est d'avoir vendu, recommandé et revendu, avant même d'avoir payé la 1ère livraison.
Les gens paient comptant (à défaut de contents) à la caisse; les GSA-GSB règlent leurs fournisseurs à perte de vue.
Pendant ce temps, l'argent travaille. Pour eux, pas pour vous.
Et les sommes sont loin d'être négligeables.

Alors, pourquoi Genève et pas Monaco ?
Parce que les banquiers suisses sont d'une discrétion légendaire, surtout depuis qu'ils ont abrité les fortunes spoliées par le Reich.
Et que la Suisse ne fait pas partie de l'Union Européenne.

Amis prolétaires, bonsoir, et bonnes courses !

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