Le Havre // De Aki Kaurismäki. Avec André Wilms, Kati Outinen et Jean Pierre Darroussin.
Malgré le gros soucis que j'ai avec Jean Pierre Daroussin j'ai trouvé ce drame fino-français assez dépaysant en fait. Je m'attendais pas du tout à ça quand j'ai débute le film. Le scénario est
assez sympathique finalement, et surtout le dialogue est assez peu précipité, et on a donc quelque chose de très intelligent. Même si par moment le film y va un peu trop fort avec son côté peu
accessible, au fond on a un réel challenger pour les Césars (ah oui, désolé, les Césars c'est déjà passé depuis deux semaines presque mais bon). Derrière Le Havre se cache une sorte d'hommage
déguisé au cinéma de Jacques Tati, qui en sont temps avait apporté beaucoup au cinéma. A l'instar de son maitre, Kaurismäki nous offre donc un petit film sympathique qui ne se prend jamais les
pieds dans les ficelles de son scénario, très bien tissé. Jouant avec habileté avec l'humour qu'il dégage, mais aussi avec son ambiance de film d'un autre temps et pourtant si moderne à la fois.
Le Havre n'est pas un chef d'oeuvre pour moi (contrairement à ce que beaucoup de critique disent) mais un petit film intéressant qui ne minaude jamais ses propos et qui reste pertinent du début à
la fin.
Marcel Marx, ex-écrivain et bohème renommé, s’est exilé volontairement dans la ville portuaire du Havre où son métier honorable mais non rémunérateur de cireur de chaussures lui donne le
sentiment d’être plus proche du peuple en le servant. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante dans le triangle constitué par le bistrot du coin, son travail et
sa femme Arletty, quand le destin met brusquement sur son chemin un enfant immigré originaire d’Afrique noire.
Quand au même moment, Arletty tombe gravement malade et doit s’aliter, Marcel doit à nouveau combattre le mur froid de l’indifférence humaine avec pour seules armes, son optimisme inné et la
solidarité têtue des habitants de son quartier. Il affronte la mécanique aveugle d’un Etat de droit occidental, représenté par l’étau de la police qui se resserre de plus en plus sur le jeune
garçon réfugié.
L'histoire de Le Havre n'est pas ce qu'il y avait de meilleur, mais c'est plutôt l'interaction des divers personnages dans des longs silences sans compter sur ce côté poétique qui ressort de
certaines scènes du film. Je pense notamment aux face à face entre Wilms et Darroussin. Et pourtant, je déteste vraiment Darroussin, mais dans ce film il n'était pas aussi mauvais que prévu. Le
Havre est donc un film noir, surréaliste d'un côté qui tente de surprendre le spectateur avec un héros haut en couleur pourtant touché par le malheur avant même de découvrir qu'il est
complètement guéri à la fin. La compassion est là, tout en étant jamais lourde. Car c'est aussi le soucis de bon nombre de film qui tente de jouer dans un registre qui peut être aussi cliché que
le film noir, c'est de tomber dans les débilités du genre. Kaurismäki nous offre donc un film très sympathique qui n'est jamais ennuyeux et qui arrive à nous dépayser dans notre propre pays (bah
oui, Le Havre c'est en France quand même). Il casse les codes, les clichés et s'amuse. Voilà un réalisateur qui n'a peur de rien.
Au fond, Le Havre a tout d'une comédie humaine, qui, avec son style décalé et son esprit aussi farfelu soit-il nous permet de nous amuser derrière un propos jamais chiant. Et pourtant, Le Havre
n'est pas tout rose, racontant tout de même une histoire tragique à certains moments (celle de la maladie), mais avec beaucoup d'amour et de tendresse pour son personnage principal et on en
ressort presque grandi de cette expérience humaine. Sans être trop intelligent non plus, Le Havre est un film qui tente de faire rire dans un registre qui n'existe plus vraiment dans le cinéma de
nos jours. Voilà donc un film qui ose nous offrir quelque chose de nouveau avec du vieux mais comme le dit la bonne vieille expression, c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures
confitures et ce film nous le prouve sans problème. Evidemment, je ne vais pas conseiller ce film à tout le monde, il faut être cinéphile averti et être ouvert à tous les genres pour apprécier ce
film à sa juste valeur.
Note : 7.5/10. En bref, un film noir très fun dans un univers désuet mais très bien géré.