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Sarko et « l'épuration », la campagne d'un perdant

Publié le 04 mars 2012 par Gezale
Tous les historiens vous le diront, certains mots ont un sens plus lourd, plus chargé. On ne peut les employer sans précautions. Sinon, on se risque à l'emphase, l'enflure, l'exagération, la dénaturation de la pensée. Le mot épuration est de ceux-là. L'épuration dans l'esprit des Français et dans leur mémoire, c'est cette période succédant à la libération, en 1944, qui vit les collaborateurs avec le régime nazi être l'objet de la vindicte populaire avec tous les excès et les bavures liées à ce qui ressemblait à une guerre civile. Il était juste et légitime de poursuivre en justice les Français auteurs de délations, de crimes, de complicité avec les nazis. Les ordonnances de 1944 et de 1945 visaient à épurer l'administration et les entreprises répondant à la définition. Mais il y eut les excès, les règlements de comptes individuels, les lynchages et les femmes rasées. L'épuration a laissé un triste souvenir dans les mémoires. En affirmant que François Hollande se livrera « à une épuration à l'égard de tous les hauts fonctionnaires, tous les préfets, tous les ambassadeurs » s'il est élu président de la République, Nicolas Sarkozy commet plusieurs fautes.
— D'abord, jamais François Hollande n'a prononcé ces paroles. Il a simplement précisé que certains des amis très proches de Sarko très hauts placés et très zélés devraient passer à autre chose. Les hauts fonctionnaires, les préfets, les ambassadeurs, a insisté Hollande hier à Lyon, sont au service de l'état, pas à celui du chef de l'état. Rien ne changera pour l'immense majorité des serviteurs de l'état.
— Ensuite, l'épuration des cadres administratifs ne colle pas du tout avec la pratique d'un président démocrate et impartial. Ce que sera François Hollande. Sa volonté de redonner sa liberté à la presse écrite (en l'aidant financièrement) de ne plus nommer les présidents des chaînes publiques, de rendre indépendant le conseil supérieur de la magistrature, de respecter les corps intermédiaires est à l'envers des pratiques sarkozystes. On le sait, Sarkozy décide de tout, partout, tout le temps.
— Enfin, associer les heures sombres de l'histoire de France au nom d'un candidat à la présidence de la République (lequel a de fortes chances de le devenir) est une faute grave. Épurer, c'est éliminer, exclure, purger. Quand Mme NKM parle de chasse aux sorcières et M. Sarkozy d'épuration, même le grand rabbin Berheim est indigné. Décidément, rien ne sourit au candidat sortant. Il ne maîtrise plus son langage, il divise au lieu de rassembler, il court à sa perte quand Hollande court pour la gagne.

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