L’adaptation au cinéma d’un succès littéraire n’est jamais chose facile, qu’il s’agisse de romans, ou de bandes-dessinées. Cela donne parfois d’excellents films, comme L’insoutenable légèreté de l’être, ou la série des Harry Poter, et parfois de véritables navets, comme pour Dune qui m’a laissé le souvenir d’un film d’un ennui insurmontable. Il n’y avait pas de raison que ça soit différent pour Tintin et le secret de la Licorne, adapté par Spielberg et désormais disponible en DVD et VOD.
De mauvaises adaptations de Tintin, il y en a eu par le passé. Souvenez-vous du lac aux requins… Bien évidemment, Steven Spielberg ne pouvait pas se contenter d’un dessin animé de seconde zone. Son adaptation de l’univers de Hergé a le mérite de l’audace: la représentation des personnages, à mi-chemin entre film d’animation et véritables prises de vues, est réellement saisissante. Je n’ai vu ce film que sur un quelconque écran de télévision et non en 3D au cinéma, et franchement, c’est extraordinaire. Les décors sont bien plus riches que ceux de la bande dessinée originelle: l’appartement de Tintin est toujours complètement vide dans les BD, alors qu’ici sa chambre ressemble à celle d’un étudiant en manque de rangement: il n’y manquerait qu’un vieil iPad et une télévision…
Là où on peut s’interroger, c’est dans le scénario. Au lieu de reprendre l’histoire originale, Spielberg a opté pour un mélange tarabiscoté du Crabe aux pinces d’Or et du Secret de la Licorne. Ce choix reste discutable. Le résultat fait franchement penser à du recyclage d’Indiana Jones, vraiment mal venu. Tintin n’a rien d’Indy, ni son humour, ni sa passion pour l’histoire et de l’archéologie. Tintin est avant tout un journaliste curieux, rien de plus.
Alors? Ne boudons pas notre plaisir, on passe deux heures fort sympathiques devant ce Tintin américanisé. Mais il n’a rien à voir avec l’original, qui reste, à ce titre, inégalé.