Aimer la France

Publié le 04 mars 2012 par Malesherbes

 Aimer la France ! S’il est un mot dont le sens est malaisé à définir, c’est bien le verbe aimer. Pour moi, aimer, c’est préférer et, à la limite, préférer à soi-même. Ainsi, par exemple, des parents, aimant leurs enfants, font tout ce qu’ils peuvent pour leur assurer un avenir meilleur que le leur, sontprêts à se sacrifier pour eux. Cela n’a pas grand-chose à voir avec le sentiment que peuvent éprouver des meurtriers passionnels que l’on a pu entendre déclarer dans un tribunal : « Je l’aimais trop, Monsieur le juge, alorsje l’ai tuée ! » Pour ce type de personne, aimer c’est désirer, vouloir posséder, pulsions à l‘opposé de l’amour.

En ce qui concerne la France, l’aimer c’est être prêt à donner sa vie pour elle et, au fil des siècles, des millions de nos aïeux ont fait ce sacrifice suprême. De nos jours encore, des dizaines de soldats tombent sur les terrains lointains où nos gouvernements les ont engagés. Sommes-nous prêts à accorder un nouveau mandat au personnage qui vient de déclarer, à propos de personnes fort aisées éventuellement appelées à apporter à la France une contribution plus en rapport avec leurs revenus : «  Où est pour eux l’intérêt de rester en France ? » Et c’est ce même président qui, au début de son quinquennat, demandait que l’on lise dans les écoles la lettre ultime adressée par Guy Môquet à ses parents ! Est-ce que ce martyr s’est demandé, avant de suivre l’engagement de ses parents, s’il trouvaitlà son intérêt ?

Il y a quelque temps, on pouvait voir sur les murs de nos villes, des affichettes signées UNI libellées ainsi : « Si vous n’aimez pas la France, quittez-là ! » Qu’est-ce donc, pour de tels individus, qu’aimer la France ? Agiter frénétiquement des drapeaux tricolores lorsque leur champion les harangue, à l’image des foules en liesse qui acclament un Poutine s’écriant à son tour « Aimer la Russie » et qui brandissent des drapeaux blanc, bleu, rouge mais en des bandes horizontales ? Beugler la Marseillaise, le visage peinturluré à nos trois couleurs, surmonté de casque à cornes et entouré de tresses jaune filasse, pour soutenir une de nos équipes ? Bondir de joie en hurlant lorsque quelque pratiquant d’un sport jusqu’ici négligé remporte une médaille ?  

 
Nous vivons dans un pays qui, depuis cinquante ans tout justes, n’a pas connu de mobilisation guerrière. Auparavant, aimer la France c’était, du moins pour les hommes, lui donner des années de sa vie, parfois son intégrité physique et même sa vie. Ces temps-là sont, espérons-le, révolus. Désormais, aimer la France, c’est l’entretenir, poursuivre sa construction et l’embellir en payant ses impôts. Quant à ceux qui la fuient, ou feignent de la fuir, pour économiser quelques milliers d’euros, je leur adresse, en renversant la stupide formule de l’UNI : « Vous quittez la France, vous ne l’aimez pas ! » Soyez déchus de cette nationalité que vous vous refusez à pérenniser !