Les Voleurs de débat (1) : François Lenglet
Par Adrien Levrat, Franck Dépretz, François Ruffin, 29/02/2012 , N°54 (03-04 2012)
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Le nouveau numéro de Fakir vient de sortir dans tous les kiosques de France – ou par abonnement. En dossier, “Journalistes, économistes, sondeurs : les Voleurs de débat”. Dont François Lenglet, le “Monsieur Statistiques” de l’émission politique-phare de France 2, Des Paroles et des actes. On vous offre cet apéro en cadeau…
Acte 1. Le « Monsieur chiffres » qui mentent
« Justement, je vous ai préparé un petit graphe… » François Lenglet, c’est le Monsieur Graphique chauve dans l’émission de France 2, Des Paroles et des actes. « Très pédago », il paraît. Sauf que dans son enseignement, il ment. Des Paroles et des actes, l’émission politique phare de France 2, ne comporte aucune rubrique « Social » – pour discuter de santé, de logement, d’éducation, etc. Et David Pujadas, son présentateur, ne convie jamais le rédacteur d’un canard syndical, de la Nouvelle Vie ouvrière (CGT) par exemple, pour intervenir. Voilà qui manquerait d’objectivité. Cette émission compte, en revanche, une séquence « Économie ». Et c’est tout naturellement le directeur de la rédaction de BFM Business, la radio des affaires, qui l’anime. François Lenglet officiait auparavant comme dirigeant de la Tribune. Bref, un homme qui a fait sa carrière dans la presse financière – et qui, donc, naturellement, interroge les candidats à la présidentielle sur leur programme économique. Et sans que, là, l’objectivité ne paraisse atteinte. Mais pour défendre l’ordre libéral, il y met quelques formes.
La vérité est ailleurs
« La France est déjà quasiment la championne du monde, en matière de dépenses publiques. » C’est d’un ton posé que François Lenglet se fait l’avocat du capital : « La dépense publique, ça ne crée pas de croissance, c’est ce que montrent ces chiffres… » Qu’un Jean-Luc Mélenchon s’imagine relever l’impôt sur le patrimoine, et le voilà qui proteste : « Vous voulez l’augmenter ? Mais c’est quand même un sujet pour la compétitivité française… » Que le candidat du Front de Gauche s’attaque aux actionnaires, qui « prenaient, en dividendes, 3 % de la richesse du pays dans les années 80, aujourd’hui ils prennent 9% », et François Lenglet dégaine un graphique : « Sur une longue période, sur cinquante ans, la part qui revient aux salaires et la part qui revient aux actionnaires… Regardez, ce n’est pas si différent que durant les Trente glorieuses… On a connu, effectivement, un petit ressaut au début des années 80, et vous, vous prenez, précisément, comme point de départ, ce moment de déséquilibre… mais sur une longue période… » Et d’insister : « La vérité elle est là. Je vous montre les faits, Monsieur Mélenchon. »
Sauf que « la vérité » n’est pas là.
Elle est ici. Fakir vous l’offre en accès gratuit sur Internet, afin que vous puissiez vous faire une idée du bazar. Mais faites comme moi, je l’ai acheté et ça vaut le coup. Un contenu qu’on ne trouve nulle part ailleurs ! Et en plus ça aide ces feignants d’assistés à se réinsérer, alors… Bonnes âmes, contribuez ! Offrez leur à eux aussi le bonheur de se lever tôt…
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