4. Gentleman's Agreement
Titre français : Le mur invisible
Le titre français est plus adéquat, une fois n'est pas coutume
Réalisé en 1947
Avec Gregory Peck, Dorothy McGuire, John Garfield, Celeste Holm, Anne Revere
Basé sur le roman populaire de Laura Z. Hobson, Gentleman's Agreement publié en 1947
Faire un film sur l'antisémitisme larvé qui parcourait la société américaine à cette époque n'était pas le bienvenu. Même la communauté juive n'était pas très ouvert à un tel thème - pourquoi réveiller le feu qui couvre sous les braises? - ne réveiller pas le chat qui dort - c'était un peu le discours tenu par les grands producteurs hollywoodiens, tous juifs, sauf Zanuck. C'est ce dernier qui se lancera dans l'aventure du "mur invisible" avec Elia Kazan.
L'histoire : Un journaliste doit produire une série d'articles sur l'antisémitisme dans la société américaine. Pour y arriver. il décide de se mettre dans la peau d'un juif ("je serai juif") et de relever les comportements que cela suscite à son égard. Soulignons quand même que la discrimination que les juifs devaient subir aux USA devait paraître "a walk in the park" (1ère fois que j'utilise cette expression que j'aime bien) pour la population noire américaine, surtout celle du sud dont la discrimination était inscrite dans les textes de loi, ce qui n'était pas du tout le cas pour la discrimination envers les juifs. Le temps des films sur le racisme envers les Noirs n'était pas encore venu. Il faudra attendre les années 60 et son acteur porte-étendard Sydney Poitier.
Évidemment, on ne peut pas s'empêcher de penser au récit célèbre de Günter Wallraff, Tête de turc (récit des deux années qu'a vécues le journaliste allemand déguisé en Turc dans son propre pays au début des années 1980.)
Je suis toujours séduit par une ouverture de film qui nous montre New York en plongée, en noir et blanc; ce détail est important. Beaucoup de films des années 40 empruntaient ce type d'ouverture. Cette plongée sur New York est suivie par une descente de la caméra au niveau du sol où l'on rejoint les protagonistes du film (Peck et son fils) qui déambulent autour du Rockefeller Center et qui s'attardent devant la sculpture de l'Atlas qui soutient le monde.
Un petit choc : Lors d'une soirée du gratin newyorkais, une remarque un peu sulfureuse d'un juif qui est revenu de tout : "S'il n'y avait pas d'antisémitisme, il n'y aurait pas intérêt à s'identifier juif - question d'amour-propre"
Un grand absent qui fait quand même un peu mal - deux ans après la fin de la guerre, pas un mot sur le génocide des juifs. Une sorte d'omerta sur le sujet devait sûrement planer sur Hollywood.