Dans les montagnes du Haut-Altaï, en Mongolie au XVIIIe siècle, une femme meurt dans une yourte après avoir accouché d'un petit garçon. La chamane qui n'a pu la sauver voit arriver des étrangers, en fait des Chinois, qui désignent l'enfant comme un élu. Un message que le chef de la tribu nomade fait lire par un lama itinérant leur apprend que le garçon sera enlevé à l'âge de sept ans pour être éduqué dans le monde céleste, et qu'il reviendra, adulte, parmi les siens.
De fait, enlevé une nuit, Hynndynn grandit en Chine, enfermé, avec pour toute compagnie au début une fillette et une nourrice à qui l'on a interdit de répondre à ses questions. On cherche à lui faire oublier à tout prix ses racines, à lui inculquer la culture chinoise et plusieurs langues. Enfin, au bout de plusieurs années, on le marie et le renvoie dans son pays pour en faire un émissaire chargé de commander au nom de la Chine les tribus touvas. Quand le jeune prince comprend les enjeux, il organise la résistance...
Né dans une famille de chamans dans le Haut-Altaï, cet écrivain mongol âgé de 64 ans a eu la bonne idée de partir étudier à Leipzig, dans une RDA proche alors de la Mongolie, ce qui facilite l'accès à son oeuvre écrite et publiée en langue allemande, et pouvant être traduite en France. C'est ainsi que l'on est initié aux traditions de son peuple nomade, menacé par l'ingérence de ses voisins. Voilà donc un roman bien déroutant au premier abord, tant on est peu habitué à pénétrer dans les steppes de la Mongolie. Mais c'est aussi déstabilisant car cette histoire est perçue à travers le prisme d'un jeune garçon ou du chef de la tribu nomade, qui comprennent peu à peu les véritables intentions de ces étrangers lettrés et parés de couleurs chatoyantes, venant de "l'Empire du milieu".
TSCHINAG, Galsan. – L'Enfant élu / trad. de l'all. (Mongolie) par Isabelle Liber. – Métailié, 2008. – 315 p.. – ISBN 978-2-86424-640-4 : 20 €.