Catherine Ringer lors d'un concert à Toulouse
Samedi 3 mars, les 27es Victoires de la musique mettront en scène, et à l'écran, un panorama annuel de la production française en matière de musique populaire. En 2011, les femmes ont
rivalisé d'originalité, elles sont présentes au tableau d'honneur. 2011 a êté l'année des filles:
Camille, 34 ans bientôt, une têtue qui sait savamment tresser les sons, a été sélectionnée pour ilo Veyou, son quatrième album
Coeur de pirate, québécoise romantique, 22 ans, l'a été pour Blonde
Catherine Ringer, 55 ans, pour Ring n'Roll. Symbole du courage et de la
persévérance, Catherine Ringer a sillonné les scènes françaises en 2011 avec de nouvelles chansons, alors qu'on la croyait veuve des Rita Mitsouko, le groupe qu'elle
avait fondé en 1980 avec son mari le guitariste Fred Chichin, mort en 2007.
D'une totale liberté, Ringer a scotché la profession, et son public, s'alignant sur les grandes aînées - Juliette Gréco,
par exemple, fêtant ses 85 ans par un récital somptueux, donné sur la scène du Théâtre du Châtelet début février.
Nolwenn Leroy, née en 1982 dans le Finistère, devenue intégralement bretonne depuis la parution de son album de reprises d'incunables celtes (dont le fameux Tri Martolod)
Zaz, 31 ans, qui continue de surfer sur son bienheureux succès, Je veux, pourtant paru en 2010.
Les filles qui se sont mêlées au débat dans l'année écoulée ont apporté des réponses disparates. Certaines par le rock : Izia - fille de Jacques Higelin -, qui adore le cri, Samaha Sam, chanteuse du groupe Shaka Ponk qui casse les codes, Brigitte, un duo à tendance sexy. D'autres, comme L, ont distillé de charmantes mélodies sans parvenir à définir un futur à la chanson.
Dans la catégorie "Révélation", soumise au vote du public:
Brigitte, L, Inna Modja acculent un garçon à la compétition, Orelsan, chouchou du rap petit-bourgeois.
Ces chanteuses ont un point commun : elles réfléchissent et imposent leurs idées. Les hommes, eux, ont investi le rap, une catégorie dénommée "Musiques urbaines" aux Victoires et intégralement squattée par la gent masculine (Booba, JoeyStarr, Orelsan et La Fouine)
Mais il devrait y avoir aussi ( elles y seront pour les Victoires 2013 ) :
La Grande Sophie
42 ans, occupée en 2011 à la fabrication de La Place du fantôme sorti en février ; dix chansons intelligentes et dansantes, pleines d'énergie. Pourtant trois fois Disque d'or, "Révélation scène" aux Victoires en 2005, Grand Prix de l'académie Charles-Cros pour Des vagues et des ruisseaux réalisé avec Edith Fambuena en 2009, La Grande Sophie appartient toujours à la "jeune scène", sans doute pour ses capacités de changement.
En 2013, les Victoires de la musique devraient logiquement constater que les nouveaux refrains de La Grande Sophie, Peut-être jamais, Sucrer les fraises, auront marqué le premier semestre et permis d'échapper à l'ambiance de joutes politiques de la présidentielle en rêvant au prince charmant et au temps qui passe.
Zaza Fournier
Oubliée des Victoires 2012, Zaza Fournier. Née en 1985, elle a publié son deuxième album, Regarde-moi en juin 2011. Le titre Vodka-fraise a tourné sur les radios. Mais Zaza Fournier a eu des jumeaux, et a voulu s'en occuper en bonne mère de famille. Zaza Fournier est excellente en scène, elle sait traduire l'immédiat, avec des mots directs : coucher, reins, chaise, lunettes, savon, genoux, frissons... Elle assure à l'instinct, une qualité travaillée au long d'une tournée de deux cents dates donnée après la sortie en 2008 du single La Vie à deux, le plus souvent seule en scène, avec un accordéon et un iPod.
Zaza Fournier indique que la jeune génération a écouté et intégré presque inconsciemment toutes les révolutions rythmiques du siècle passé : le twist, le rockabilly et ces années 1960, où les sans-souci n'étaient pas crétins pour autant, en utilisant la guitare en réverbération, les choeurs et le doo-wap.
Claire Denamur
28 ans, voix éraillée et frontale, pantalon de cuir et cheveux plaqués en arrière, qui a travaillé avec Da Silva pour produire de mélancoliques ballades. Vagabonde était son premier album, il en faudra un autre pour accéder à la cérémonie du Palais des congrès.
Anaïs
la plus québécoise des chanteuses françaises reste aussi dehors.
En 2006, Anaïs avait été nommée dans la catégorie "Révélation", mais vaincue par Camille. The Cheap Show, son premier album, avait grimpé dans les classements - elle en vendra 500 000 exemplaires.
Anaïs a en effet passé son année 2011 à préparer A l'eau de Javel, un vivifiant album de reprises de chansons des années 1930 à 1960, dont la sortie est prévue le 5 mars. Ne crachant pas sur les aînées, elle s'attelle à Mon Dieu (de Michel Vaucaire et Charles Dumont) créée en 1960 par Edith Piaf. Sans flonflon, Anaïs l'interprète en s'accompagnant à la guitare, son instrument de prédilection. Elle s'amuse de Si j'étais une cigarette, du Tango stupéfiant ou de Mon anisette.
SOURCE: Le Monde