Après avoir eu la chance d'être invitée au défilé Paul & Joe en septembre dernier, j'ai eu l'immense plaisir d'assister à celui de Balmain jeudi dernier. Et une fois l'euphorie du défilé passée, je n'avais qu'une envie : partager mes impressions avec vous.
Il faut dire que ce n'est pas tous les jours qu'une petite grassoise haute comme trois pommes peut contempler pareille haute couture. Je ne m'attarderai donc pas sur l'historique de la maison Balmain ni sur l'analyse modesque de ce défilé. Les magazines de mode et autres rédacteurs officiels s'en chargeront pour moi. J'ai plutôt envie de vous parler de ce que j'ai ressenti.
Car bien que serial shoppeuse avérée et dévoreuse de papier glacé, le microcosme fashion reste un mystère tout entier à percer. Ca tombe bien, le nerf de la guerre se trouve ici, en plein coeur du Grand Hôtel. D'ailleurs, des tas de gens (connus, pas connus, connus en devenir, en quête de reconnaissance...) commencent à s'amasser devant l'entrée. On ne sait pas qui est qui (sauf rédacteur attitré, blogueur confirmé, people apprêté) mais on ne peut s'empêcher de regarder toutes les chaussures incroyables, coiffures démentes et fourrures d'animaux méconnus que ce monde nous laisse admirer. Le prix de l'originalité sera donc proportionnel aux centimètres (chaussures, coiffures...) et celui de la célébrité sera décompté en flash et des poses naturelles (Comment ça personne ne m'a shooté moi? Mais siiiii à un moment donné, j'étais derrière une fille de loin, en petit de dos dans le noir...)
Chacun rentre doucement et je m'installe, debout derrière ceux qui ont le privilège d'être assis, j'attends patiemment. En fait, je sue patiemment. J'avais déjà remarqué ça chez Paul & Joe. Un peu comme pour vous dire : « free sauna, ici tu vas payer tes cupcakes ma chewie » ou encore « viscose interdit, soie only »
Toujours est-il que j'ai une forte tendance à sentir mes jambes se dérober lorsque la foule, et la chaleur viennent me tenir compagnie. D'autant que ce ne sont pas les seules : j'assiste en prime aux discussions des filles d'à coté. Morceaux choisis : « Je sais pas si je pourrais venir à la soirée car la j'ai des potes qui reviennent de LA (prononcer « ailait » ), non mais c'est trop abusé, t'es allé chez Dries? J'ai pas pu j'avais bu trop de drink... Il paraît que les filles de Jalouse n'ont pas été invitées, t'as reçu ton invit' pour Rykiel? » Les lumières s'éteignent et certains poussent un cri de soulagement, moi aussi.
Les lumières s'éteignent et certains poussent un cri de soulagement, moi aussi. La magie opère : je n'ai plus chaud, je ne me préoccupe plus de mes jambes, et je suis seule au mo(n)de. Les silhouettes défilent, elles n'ont pas l'air humaines et c'est le but. La patte Balmain est omniprésente : dorures, broderies, épaules marquées. Baroque mais d'actualité. Matières nobles et coupes modernes.
J'essaie de prendre quelques photos. Mais mon appareil n'apprécie pas l'ambiance tamisée, et les gens devant moi ont décidé de mettre des chapeaux et/ou de se crêper le chignon (au sens premier du terme), vous enverrez donc vos plaintes pour la qualité médiocre de ces dernières aux personnes pré-citées.
Dix minutes après le coup d'envoi, le défilé est déjà terminé. Trois petits tours et puis s'en vont, les mannequins rejoignent les backstages. Quant à moi je rejoins la rue Scribe, des étoiles plein les yeux. Mais le plus étonnant reste à venir. A l'extérieur tout le monde prend la pose. Certains seront immortalisés, d'autres pas. D'autres seront admirés ou dévisagés par le parisien lambda qui passait par là.
Quelques uns déclameront « c'est qui? », tandis que je saluerai la reine mère des blogueuse Garance Doré, mais tout le monde s'est déjà évaporé. Ephémère, la magie se disperse dans les rues parisiennes.
Sorti de sa chrysalide après des mois de travail, Olivier Rousteing a déployé les ailes merveilleusement brodées de chez Balmain, déjà envolées vers l'horizon des nouvelles collections...