La brique rouge en poussière, un sol ruiné, des murs tachés, des traces de sang, de sanguine, comme un cachot d’où on n’aurait pu s’échapper, comme un rituel entre vie et mort, entre désespoir et désir de fertilité.
L’encre aussi un sang, noir dont les gouttes tombent interminablement, éclaboussant, inventant des formes énigmatiques que seul un poète saura élucider, poète aux chapeaux melons plombés d’encre, jetés l’un après l’autre au sol comme autant de feuilles blanches raturées, infertiles, chapeaux stériles à la soie blanche souillée, d’où l’encre ne s’écoule plus, quand la plume ne sait plus écrire, cependant que les iris noirs du hasard se retrouvent accrochés, tondi dérisoires, témoins d’impuissance.
André), j’y vois plutôt un lien avec des artistes chamanes, Beuys peut-être, mais surtout des magiciens du monde, Ana Mendieta ou Pascale Marthine Tayou, avec cette proximité enfouie au fond de nous avec une nature sauvage, avec des rapports au monde aussi vieux que l’humanité.
* On n’en dira pas autant de la tunique au jasmin, un peu trop anecdotique en ces temps de printemps arabe, ni des miroirs à demi voilés dans l’autre espace de la galerie.
Photos : 1. Latifa Echakhch, Tkaf, 2011, Installation in situ : Briques et pigment, Dimensions variables.
2. Latifa Echakhch, idem, plus Mer d'encre, 2012, Installation au sol. Chapeaux melon, résine et encre. Dimensions variables. & Tambour 11', 2012, Encre indienne noire sur toile. 173 cm de diamètre.
Vues de l'exposition "Tkaf", kamel mennour, Paris, 2012. © Latifa Echakhch Photo. Fabrice Seixas. Courtesy the artist and kamel mennour, Paris