Magazine High tech

eBooks World (3) : un premier réseau de lecteurs au Portugal, prêt d’eBooks sans DRM en Italie, foire d’Abu Dhabi, etc.

Par Ebouquin

Si l’actualité est un peu plus calme en Europe, l’édition numérique continue sa percée dans le reste du monde. Marc Jahjah du blog SoBookOnline revient en détails sur les derniers mouvements dans cet univers encore embryonnaire. 

Amérique latine
  • Brésil
    • Le Brésil, en lequel tout le monde voit un nouvel eldorado, se dote (via eBook Reader) du système de gestion de métadonnées ONYX (un tel service est nécessaire pour intégrer, indexer, classer, retrouver des millions de titres), majoritairement utilisé dans les autres pays. Un site web a même été mis en place pour expliquer l’intérêt de cet outil .Ce qui veut dire que le Brésil s’apprête (mais ce n’est plus un secret pour personne) à accueillir les grands noms du livre numérique (Amazon, Apple, Google, Kobo et cie).
    • L’éditeur Librus est le premier du pays (et l’un des premiers dans le monde, d’ailleurs) à publier un livre entièrement en HTML 5 (O Jogo dos Papeletes Coloridos; une démo est disponible sur youtube). L’auteur (Paul Santoro) a beaucoup donné de sa personne puisqu’il a lui-même réalisé les illustrations, les peintures et les animations. Je testerai peut-être plus tard l’application (ai perdu récemment ma carte de crédit : impossible de faire le moindre achat sur le web ;) .
  • Cuba : la Foire internationale des livres de la Havane (9-19 février) accueillait cette année un espace de lecture numérique porté par les Editions Cubarte (une extension du portail Cubarte sur la culture cubaine) qui proposait notamment cette année des extraits de José-Maria de Heredia, parnassien d’origine cubaine.
  • Mexique : la situation du “livre interactif” dans le pays n’est pas très bonne selon le journal Milenio qui note un retard d’une quinzaine d’années sur cette question par rapport aux U.S.A ou à l’Europe. Une réalisation récente pourtant : l’ adaption pour iPad de Blanco du grand poète Octavio Paz (qu’on peut rapprocher de The Wast Land de T.S Eliot).

eBooks World (3) : un premier réseau de lecteurs au Portugal, prêt d’eBooks sans DRM en Italie, foire d’Abu Dhabi, etc.

Monde arabe et musulman
  • Abu Dhabi : la grande Foire internationale des livres d’Abu Dhabi a publié le programme de ses rencontres, conférences et autres tables rondes. Comme chaque année, elle proposera une formation sur le numérique pour les éditeurs arabes du monde entier (Kitab). L’espace eZone accueillera par ailleurs un atelier sur l’ePub (avec deux français notamment : Emmanuelle Corne des Editions de la Maison des Sciences de l’Homme et Dominique Roux des Presses Universitaires de Caen) et une table ronde sur la différence entre eReaders et tablettes.
  • Dubaï : le journal Al-Motamar annonce le lancement du premier site web arabe spécialisé dans l’actualité des auteurs, de l’édition, des bibliothèques bref, du monde des livres (nWriters). Le site, encore modeste, est sans doute appelé à devenir une référence pour les professionnels et les amateurs de littérature (critiques de poésie, calendrier de rencontres à venir, etc.).
eBooks World (3) : un premier réseau de lecteurs au Portugal, prêt d’eBooks sans DRM en Italie, foire d’Abu Dhabi, etc.
  • Egypte : selon le journal égyptien Al-Balad, le ministère de l’éducation chercherait à implanter le manuel numérique dans les écoles du pays. Cette volonté est sans doute liée à à un facteur : trop d’erreurs sont repérées chaque année dans les livres scolaires et le numérique permettrait sans doute de les corriger plus vite.
  • Maroc : la Foire des livres de Casablanca a pour la première fois accueilli des eBooks et des conférences sur le sujet (manifestement, les discussions autour du livre numérique étaient plus importantes que sa présence). Les intervenants se sont notamment interrogés sur les freins de leur adoption (réticences culturelles, rapport au temps et à l’archivage, faible utilisation des cartes de crédit, faible taux de la “lecture” au Maroc).
  • Turquie : l’application iKitap est à ma connaissance la première en turc à proposer une boutique d’eBooks. Fonctionnement assez classique avec des prix intéressants et une offre en progression (180 eBooks pour l’instant, 500 à venir). Une application Android est en préparation. iKitap souhaite se positionner rapidement, alors que de grands projets sont en préparation dans le pays et que le ministère souhaite diffuser 15 millions de tablettes dans le pays. (Amusant – parenthèse – de constater que quelle que soit la culture, les formes d’organisation des livres sont les mêmes (mimèsis-bibliothèque-étagère) – sans doute qu’Apple est en train d’imposer une standardisation des formes de visualisation et d’ordonnancement de la bibliothèque, alors que les cultures diffèrent).
eBooks World (3) : un premier réseau de lecteurs au Portugal, prêt d’eBooks sans DRM en Italie, foire d’Abu Dhabi, etc.
Europe
  • Espagne
    • La Fédération des Guildes des éditeurs espagnols a rendu publique une étude qui révèle que 6,8 % des espagnols ont lu 14 livres électroniques en moyenne en 2011 (pour l’essentiel sur leurs ordinateurs; 2,7 % sur eReader). Sur ses 6,8 %, 73,1 % ont majoritairement lu des livres gratuits. Les lecteurs sont majoritairement des hommes et se trouvent à Madrid et Cantabrie. Enfin, 61, 4 % des espagnols de plus de 14 ans lisent sur tout support (+ 1 % par rapport à 2010).
    • Sur le modèle de 24Symbols, une boutique de livres et de vidéos (Booquo) propose (via La Razon et El Pais) aujourd’hui un abonnement illimité à 9,90/mois pour avoir accès à 150 titres (avec une ristourne si vous faites partie du réseau Circulo de Lectores, qui propose le service à son million d’abonnés et fête cette année ses 50 ans) lisibles sur tous les terminaux exceptés les eReaders. Booquo prévoit de porter son offre à 1000-1500 titres noyés dans ses vidéos. Car il est évident que le livre est ici un produit d’appel pour vendre des abonnements (ce que la téléphonie mobile expérimente depuis des mois).
    • Le réseau de lecteurs Libros.com vient de lancer une plateforme de crowdfunding (ou mécénat global). Même principe que les autres plateformes du même genre (Gluejar, Unbound) : permettre à des auteurs de publier leurs livres grâce à des fonds apportés par les lecteurs. Le projet débute avec Lorenzo Silva qui devra récolter en 30 jours 3000 euros pour tirer son livre à 200 exemplaires. Les lecteurs qui auront avancé 2,99 euros pourront télécharger l’ouvrage  (17,99 euros pour se faire en plus livrer). D’après mes savants calculs, Lorenzo Silva en est à 179,77 euros récoltés en 1 jour.
eBooks World (3) : un premier réseau de lecteurs au Portugal, prêt d’eBooks sans DRM en Italie, foire d’Abu Dhabi, etc.
    • L’éditeur numérique Lee-re a lancé une nouvelle collection Libr-e dirigée par deux écrivains : Marta Rivera de la Cruz et Martin Casariego. Sa spécificité : elle assure la promotion de livres imprimés difficiles à trouver, écrits par les auteurs les plus prometteurs d’Amérique latine et d’Espagne ou des auteurs reconnus dont les tirages sont épuisés.
    • Le premier salon de livres virtuel, organisé par Bubok, est annoncé pour le 6 mars (jusqu’au 12). N’importe qui pourra donc y accéder, pourvu qu’il soit doté d’une connexion à internet et d’un ordinateur. Le salon, qui s’adresse aux éditeurs, auteurs et lecteurs d’Espagne et d’Amérique latine, attend cette année 75 000 participants.
  • Italie 
    • La médiathèque italienne  MediaLibraryOnline et le distributeur en ligne BookRepublic se sont associés pour fournir aux usagers des bibliothèques l’accès gratuit à des milliers de titres (1 titre téléchargeable tous les 14 jours – 1 titre téléchargé est également indisponible pour cette période pour les autres utilisateurs, qui devront attente). La grande différence, c’est que les fichiers sont “seulement” tatoués (c’est-à-dire qu’il est possible de savoir si un lecteur fait un usage abusif de son prêt, en le laissant par exemple traîner sur des sites illégaux); les bibliothèques italiennes, contrairement à l’adoption récente de la bibliothèque nationale du Portugal (et de toutes les bibliothèques d’Amérique du Nord), n’ont donc heureusement pas retenu la solution très contraignante d’Adobe. Ce projet vise notamment à réduire le téléchargement illégal de fichiers, dans un pays où les 3/4 des livres numériques sont disponibles illégalement et à sortir du débat du DRM, alors que des modèles économiques viables doivent être trouvés.
    • Le pure player italien WePub vient de publier son premier auteur (via Informazione) qui avait remporté un concours d’écriture de fiction (150 manuscrits avaient été reçus). Opération qu’il compte renouveler en 2012 pour trouver de nouveaux talents distribués sur une grosse plateforme (BookRepublic).
    • Une nouvelle plateforme pour acheter des eBooks (quelques milliers à vue d’oeil) en Italie : Omniabuk.
  • Portugal : le portugal lance son premier réseau de lecteurs. Pour le coup, se sont pas cassé la tête (forcément, sont les premiers, peuvent encore choisir un titre très porteur pour le référencement) : Club Da Leitura. Le réseau propose de rejoindre de grands groupes (préétablis) de lecteurs, construit autour de thématique (la littérature contemporaine, la littérature jeune, etc.) et qui se divisent eux-mêmes en sous-groupes dans lesquels on peut proposer un sujet ou un nouveau livre à lire/commenter. Chaque livre est l’unité de rassemblement d’un ensemble d’éléments (clubs, vidéos, podcasts, etc.) éclatés qui doivent ramener à elle. Le modèle économique repose en partie sur celui des autres réseaux de lecteurs (promotion d’un livre, plan marketing, ciblage, publicités, etc.) mais comprend en plus d’autres services (évaluation de manuscrits, accompagnement éditorial, mise en relation avec des agents, etc.). C’est un début, mais le système me semble pour l’instant assez pauvre en termes de découverte, partage, écriture, etc.
  • Slovénie : le journal slovène Novice Dnevnik a présenté au début du mois de février un panorama des créations de livres numériques dans son pays. La première application en slovène est un livre pour enfants assez laid et paradoxalement figé. Et c’est d’autant plus étonnant que cette réalisation est le fruit d’une grosse maison d’édition (qui a signé un partenariat avec Kobo). C’est cependant le signe que les choses commencent à bouger dans le reste de l’Europe, qui se pose grosso-modo les mêmes problématiques que nous : la technologie peut les motiver à lire davantage; comment ne pas les perturber dans leur lecture; est-ce encore des livres ? etc.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ebouquin 10420 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines