Comme chaque année, nous sommes un petit groupe d'amis partant joyeusement vers la Bourgogne qu'on aime tant. Les visites 2012 ont été : Rousseau, DRC, Mugnier, Claude Dugat, Clos de Tart, Domaine Leflaive.
Que dire ? Les dégustations de crus de 2010 et de 2011 nous ont montré, avec une éloquence majeure, à quel point la grande Bourgogne est devenue pour l'oenophile discriminent, une source incontestable de beautés rares.
Que dire ? Sinon qu'ici l'accueil est superlatif. On a vraiment affaire à des vignerons, des gens de la terre qui ont toujours un peu de cette terre sous les ongles. Des passionnés, de grands modestes sachant à quel point ce cépage si délicat qu'est le pinot noir, ne supporte pas l'à peu près, est versatile comme pas deux, mais peut leur donner quelques fois des joies profondes de réussite.
C'est simplement un autre monde. Non pas qu'il n'y ait point d'équivalent à la Grange des Pères, chez Trimbach, chez Selosse ou chez Macle. Mais là, en côte de nuits, on fait face à une conjonction "histoire-culture-terroirs" qui se place à un autre niveau. Idem d'ailleurs pour le Piémont où on ressent souvent les mêmes impressions.
Juste quelques photos et commentaires brefs.
Mes zozos du jour : Yi Wang, venu directement de Chine, Orazzio Vagnozzi, Laurent Vialette, Roberto Schneuwly, Dr Ernst Loosen, Enzo Vizzari, Christian Roger. Un grand merci à Ernst Loosen, un vigneron de "spitzen absolut referenz" en Moselle, un fondu grave des vins de Bourgogne, qui a chahuté son planning pour être des nôtres. Et qui a offert à chaque vigneron visité une superbe bouteille d'un de ses crus issu de vignes "franc de pied" de 120 ans ! Intégration maximale et immédiate dans notre groupe des Romanéens.A la DRC, le Noblet des grands jours. On a été à la hauteur :-)
Formidable "grands échezeaux" 2011 et "corton" très singulier qu'on saura gentiment attendre. S'il fallait le redire : la Romanée-Conti ne peut vraiment s'apprécier qu'après dégustation des autres crus du Domaine, tant ce vin si rare est quasi indéfinissable tant les mots justes sont cruellement manquant pour en parler correctement.
Ernst Loosen : un passionné qui a plus de 10.000 bourgognes en cave ! Il a commencé ses pèlerinages bourguignons il y a plus de 30 ans ! C'est dire ! Oui, la Chine a des amateurs de très haut niveau ! Merci Yi Wang d'être venu de si loin pour deux jours ! La messe est dite : c'est au Montrachet que vous aurez les plus beaux et meilleurs escargots Comme d'hab, le petit Vialette avait quelques topettes à damner ste victorine ! Une suavité inouïe. Auditoire attentif chez Leflaive Un homme rarissime entre Roberto et Enzo : Monsieur Claude Dugat. Son Charmes-Chambertin m'a laissé sans voix, et son très rare Griotte a subi des assauts de superlatifs. Un accueil d'anthologie, une générosité totale, une disponibilité unique. Et je ne parle même pas de son "simple" villages. Mais grosse tristesse : même pas possible d'être en liste d'attente ! Pas grave : on ira chez Enzo qui en a de côté :-) Un Monsieur.
Sylvain Pitiot dans la cave du Clos de Tart Je dois dire quelques mots de ce moment rare. Sylvain nous avait préparé 8 verres dans lesquels il a versé le produit de 8 parcelles du Clos de Tart, identifiées avec un soin maniaque, pour nous montrer les différences - sensibles - qui se fondent ensuite dans l'assemblage final (les "petites années", certaines parcelles sont mises dans le second vin). Pas en 2010, un millésime qu'il nous a décrit dans le menu comme de toute beauté, certes pas au niveau du géant 2005, mais un peu son enfant prodigue, celui qui revient de loin, et donnera des bonheurs rares. Nous avons eu là une leçon de choses d'exception. On ne les voit presque pas, mais en haut du Clos, 3 lourds chevaux travaillaient la vigne. Homme de grande culture (on en est à la 16ème édition de son livre de base sur les terroirs bourguignons), Sylvain Pitiot est en émerveillement permanent devant cette nature bourguignonne à la fois fantasque et généreuse. Un maître en humanisme. Pan sur la batterie du Sony : je n'ai pas de photos de la visite chez Mugnier, mais je peux vous dire que son "Amoureuses" et son Musigny ont subi les pires outrages de la dithyrambe de mes zozos. Et sans oublier la réussite qui se confirme d'année en année de son Clos de la Maréchale, avec un blanc sacrément surprenant ! Frédéric Mugnier est un sommet : on ne le dira jamais assez ! Le rêve ? Qu'un jour, je puisse présenter à une session du GJE, dans ces millésimes 2010 et 2011, la crème de la crème de cette côte de nuits, histoire d'escalader en même temps le K2, l'Annapurna, l'Everest, le Makalu, le Kangchenjunga, le Lhotse, le Dauhlagiri et le Nanga Parbat ! Grand Jacques : on t'attend !