Cette semaine, Nicolas Sarkozy enchaîna les déconvenues pour terminer la semaine sous les huées, à Bayonne, lors d'un déplacement que le maire du coin lui avait pourtant déconseillé.
Lundi, le candidat sortant était sur RTL, presque trop tôt. Ce devait être sa semaine, celle où les fameuses courbes sondagières allaient se croiser. Il allait défoncer François Hollande. Il avait des idées à proposer sur l'Education, 24 heures avant son grand meeting. Mais il se trompa. Il raconta n'importe quoi sur le nombre d'enseignants. Sa langue avait « fourché », s'empressèrent d'expliquer ses communicants. Fichtre !
Il attaqua aussi Valérie Trierweiler, la compagne de François Hollande, et l'un des patrons du Monde, Mathieu Pigasse, pour mieux faire oublier combien il avait été le Président des Riches: « C'est moi qui suis l'ami de (..) de M. Pigasse, richissime, mettant l'ensemble de ses moyens au service de M. Strauss Kahn d'abord, puis de M. Hollande?» Puis: « est-ce moi qui travaille dans le groupe de M. Bolloré ? » Il n'était pas candidat, ni même président. Il n'était qu'hargneux.
En fait de propositions, nous fûmes déçus, il commença à répéter ses discours de ... 2007. Il fallait « revaloriser d'urgence la fonction enseignante ». Sans rire ? Sur le référendum, sa seule « grande » idée depuis 15 jours, il n'en voulait pas pour les sujets sérieux comme le nouveau traité européen. « Trop compliqué »... Cet homme-là a une conception très particulière de la démocratie participative.
Il ne s'excusa pas sur Gandrange, « les promesses ont été tenues ». Il voulait contre-attaquer sur Florange, où les 5.000 salariés risquaient le licenciement définitif depuis qu'Arcellor-Mittal (encore lui) avait décidé de fermer « temporairement » mais pour l'année le haut-fourneau. Hollande y avait promis une loi pour forcer la vente d'établissements abandonnés par des multinationales peu précautionneuses. Sarkozy bafouilla qu'il devait convaincre la Commission européenne de retenir un projet français de captage-stockage de CO2 qui pourrait sauver le site.
Mardi, c'était la rage. Le candidat socialiste avait encore bousculé la campagne millimétrée du président sortant. Il avait proposé, la veille à la télévision, la création d'une tranche d'imposition à 75% pour les revenus annuels au-delà de un million d'euros. « impôt spoliateur » (Carrez), « fuite en avant fiscale» (Juppé), « racisme financier » (Séguéla), « folie fiscale » (Sarkozy). Ces gens-là n'avaient pas compris la rage du plus grand nombre. Ils tentèrent de convoquer les stars du foot à leur cause.
On avait beau répéter, chiffres à l'appui, que la France était le pays européen où les très riches étaient les moins taxés, où le taux moyen de prélèvement fiscal des 0,01% de foyers les plus aisés (3.523 en 2009, avec plus de 1 million d'euros de revenu fiscal) n'était que de ... 17,5%, rien n'y faisait. Le Président des Riches était sorti de ses gonds.
Sarkozy, le soir à Montpellier, en était tout déstabilisé. Il commit une grosse bourde en annonçant précipitamment la libération de la journaliste Edith Bouvier, gravement blessée à Homs en Syrie. Il oublia un paragraphe entier de son discours, celui-là même qui comprenait une maigre nouvelle, la promesse de renoncer à supprimer un poste d'enseignant à la retraite sur deux en primaire et maternelle.
Son bilan éducatif était terrifiant. Ses propres arguments étaient contradictoires. 15.000 postes de profs supprimés chaque année (alors que le nombre d'élèves progresse depuis 2006), réduction des horaires et des programmes, augmentation de 8 à 12 enfants par assistante maternelle en crèches collectives, chute du taux de scolarisation à deux ans de 35% en 2002 à 13,6% en 2010; baisse du poids de l'Education dans le budget de l'Etat (de 28% en 2007 à 21% en 2010), quasi-disparition des RASED, échec de la réforme de la mastérisation des professeurs (dénoncée par la Cour des Comptes), aggravation de la violence scolaire.
Pour l'après-2012, le candidat sortant recycla ses idées de ... 2007: il voulait que les enseignants du secondaire travaillent plus. L'argument était grossier. Le Monarque confondait le temps en classe avec la durée de travail. La proposition était contradictoire: Sarkozy justifiait la réduction des postes au nom de l'équilibre budgétaire, mais attribuait intégralement les maigres économies générées aux heures supplémentaires qu'il réclamait des enseignants.
Jeudi, nous étions le premier jour de mars et François Hollande était toujours loin devant Nicolas Sarkozy dans ces fichus sondages. Pire, quelques enquêtes sur 1000 personnes nous donnaient un Sarkozy fléchissant. Une catastrophe. L'homme claquait près de 3 millions d'euros par an, d'abord sur le budget de l'Elysée, puis masqué dans les budgets des ministères, en sondages politiques depuis bientôt 5 ans. Tout ça pour ça.
Le matin, il répéta, sur France Inter, ses arguments sur l'Education et contre François Hollande. « Monsieur Hollande veut moins de riches en France. Moi je veux moins de pauvres ». Depuis 2007, le nombre de pauvres a cru de 500.000 en France. Merci qui ?
Il avait une annonce. La veille, il avait téléphoné à M. Mittal. Le président Sarkozy venait au secours du candidat Nicolas. Sa grande annonce fut une promesse pour Florange, rapidement démenti par le groupe Arcelor lui-même. Le président Sarkozy semblait avoir forcé la main au sidérurgiste pour débloquer immédiatement 17 millions d'euros et éviter la fermeture du haut-fourneau. Sarkozy convoqua son « comité stratégique » de campagne, au QG rue de la Convention. Devant des journalistes impatients d'un quelconque « happening », le Monarque se livra à une courte déclaration sur le trottoir. Arcelor-Mittal doucha l'assistance quelques instants plus tard. Les 17 millions ne seront débloqués qu'au second semestre... « en fonction des conditions de marché ».
Le candidat sortant fila au pays basque. Devant une nuée de journalistes... il s'engueula avec un couple d'agriculteurs à Itxassou. La scène fut insensée.
Quelques instants plus tard, en arrivant à Bayonne, il arriva sous les huées et une pluie de mini-bulletins de vote indépendantistes. Il était enfin face au peuple. Il savait qu'il venait en territoire tendu. Mais il voulait faire le bravache, et accuser le PS d'orchestrer des violences. L'attaque tourna court, la manipulation - là aussi - était grossière. Réfugié dans un bar, il dénonça « l'épuration » prétendument promise par François Hollande dans la fonction publique s'il était élu.
Le candidat sortant était hors contrôle. A ses côtés, ses communicants étaient blêmes.
Vendredi, Sarkozy reprit son costume de président. Encore un sommet européen à Bruxelles. Quelques mesures, comme le renouvellement, pour deux ans, de l'insipide Herman van Rompuy. Celui-là ne fera d'ombre à personne, comme depuis 2009. José-Manuel Barroso expliqua qu'il conviendrait de réfléchir aux eurobonds et à la croissance. Tout arrive.
Il fit de l'humour avec Jean Quatremer, l'envoyé spécial de Libération, qui s'inquiéta de savoir si Sarkozy briguerait la présidence de l'Union Européenne: « La seule façon que vous ayez pour continuer à m'entendre, c'est de me réélire ».
José Manuel Barroso
Source : http://www.euractiv.fr/temps-forts-conseil-europeen-mars-article
Copyright © EurActiv.fr José Manuel Barroso
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Copyright © EurActiv.fr Le soir, à Annecy, son ministre de l'intérieur expliqua que le vote des étrangers conduirait tout droit à imposer des plats halal dans les cantines scolaires. Claude Guéant était en meeting. Sarkozy a demandé à ses ministres de s'éparpiller sur le territoire. Guéant s'est éparpillé tout seul. Accepter le vote de Claude Guéant en France, c'est être obligé de vomir à chaque repas à la cantine.
Le candidat, lui, a accordé une interview à Têtu, pour le numéro d'avril du magazine homosexuel. Il s'est calé un entretien à Femme Actuelle, pour le 8 mars, journée de la Femme. Bref, il thématise à fond. On espère qu'il ira en banlieue. La rencontre sera fameuse.
« Avec Alain Juppé, nous avons décidé de fermer notre ambassade.» Vendredi soir, Nicolas Sarkozy parlait aux micros de quelques journalistes sur le tarmac de l'aéroport de Villacoublay, en banlieue parisienne. La journaliste Edith Bouvier était enfin rapatriée. « Les autorités syriennes auront à rendre des comptes devant les juridictions pénales internationales de leurs crimes. » Il reprenait un costume qu'il pensait encore présidentiel.
Nous avions en mémoire l'image de ces collations et cérémonies avec le boucher syrien en 2008. Décidément, ce quinquennat était riche en souvenirs.
Ami sarkozyste, as-tu conservé toutes les photos ?