Le présent n’est que sortie du passé et entrée dans le futur.
Toute démarche d’observation implique une position en retrait, une non-implication qu’on pourrait qualifier de « froideur ».
Qu’est ce que « regarder le Mal en face » ?
Est-ce regarder tout le Mal qui nous entoure ou bien regarder le Mal qui sommeille en nous ?
Les bourgeois occidentaux ont fait des choses, des objets un (illusoire-dérisoire) rempart contre la cruauté du temps qui passe et les emporte.
Les bourgeois sont de pauvres gens : bien trop attachés aux choses !
La Vie ne nous est pas donnée, elle nous est seulement prêtée…seulement prêtée pour un temps.
Le plus intense, le plus plein des moments de bonheur marque notre mémoire. Cela ne l’empêche pour autant pas de s’évaporer, d’être le jouet de sa nature fugace.
Le Temps n’est qu’une série de présents.
Le monde ne se maintient jamais en vie qu’en allant de l’avant. Il y a, dirait-on, une force qui le pousse à se dépasser lui-même. On l’appelle « évolution » et elle semble s’entretenir d’elle-même, en obéissant à la loi de « l’effet boule de neige ».
Ce qui a conduit d’une infime cyanobactérie au cerveau et à la culture de l’Homme en est une parfaite illustration.
Une minuscule boule de neige peut devenir, à terme, une avalanche. L’insignifiance peut avoir des conséquences sans mesure. D’indétectables et obscures causes sont tout ce qu’il y a de susceptibles d’engendrer des effets monstrueux, envahissants et…mystérieux.
Si j’ignore totalement si ce qu’on a coutume d’appeler « progrès humain » était oui ou non incontournable (lié à la nature humaine même), ce qui, en revanche, est hors de doute, c’est qu’il s’inscrivait dans la gamme des possibles liés au destin de notre espèce.
Le progrès cognitif et technique qui fait actuellement toute la différence entre l’être humain et les autres espèces animales ne s’est pas fait en un jour. Mais il s’est autoalimenté en passant par des paliers de stagnation souvent très longs. Son emballement actuel est, encore une fois, le produit d’un effet boule de neige, ou – pourrait-on même se risquer à dire – d’un « effet poupées russes ».
Rien ne nous dit que l’aboutissement de la Vie soit l’être humain en tant que forme d’intelligence. Toutefois, d’un autre côté, l’irruption d’une intelligence telle que la nôtre était inscrite dans l’ordre des possibles inhérents à l’évolution du Vivant. Elle aurait pu ne pas être, mais il se trouve qu’elle est venue.
Reste à savoir comment interpréter cela au plan philosophique.
P. Laranco.