Magazine Chanson française

Entretien-fleuve avec la photographe Kaldera Cataly Karnes...

Publié le 02 mars 2012 par Melmont

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Confucius : Une image vaut mieux que mille mots.

Henri-Cartier Bresson : Photographier, c'est une attitude, une façon d'être, une manière de vivre.

Les images de Kaldera Cataly Karnes valent mieux que mille mots. Pourtant il nous a paru essentiel de l'interviewer sur son travail de photographe, pas assez connu actuellement et pourtant il s'agit d'un travail mature, original, reflet d'une personnalité accomplie, respirant sa passion par tous les pores de sa peau. Car si la photographie compte, il ne faut jamais nier celui ou celle qui est derrière l'appareil, c'est ainsi que l'humanité transparaît...

Pourquoi avoir choisi la photographie pour vous exprimer ?

 Il n’y a pas meilleure référence que celle du photographe américain Philip-Lorca diCorcia pour exprimer mon choix de la photographie comme outil d’expression. En effet, tout comme pour Philip-Lorca, je considère la photographie comme un médium qui permet une transposition directe de la réalité telle qu'elle est, en images. Mon travail évolue par entropie, par perte progressive de contrôle. Disons que je laisse de plus en plus de place au hasard, à l’intuition, à l’accident. Je remplace progressivement l’expérience théorique par la pratique, le vécu.  J’ajouterai à cela qu’à travers mon travail photographique, je me sens utile en tant que citoyenne engagée. Et ce, même si cela n’a pas d’impact  à mon niveau, dans le sens où mes actions ne feront pas bouger les choses à grande échelle. Rien que l’idée de croire en mes convictions et de pouvoir mener à la réflexion ceux qui sont face à mes clichés est pour moi une victoire dans ma démarche de dénoncer la société et ses  inégalités ainsi que les  discriminations de toutes sortes que nous  subissons  depuis bien trop longtemps.  Souvent considérée comme un O. V. N. I (comprenez Objet Vivant Non Identifié), j’assume pleinement mes choix, mes idéaux car ça ne doit pas être une entrave mais une force.    


« Lorsqu’on dérange, on fait naître des débats. Ne rien faire, c’est se contenter d’accepter la société et ses inégalités telles qu’elle est. »

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Quels sont les photographes que vous appréciez ?

   On ne peut pas parler de photo en tant qu’Art sans évoquer  celui que l'on nomme parfois   « l’œil du siècle », Henri Cartier Bresson.  Ce photographe de légende  a notamment marqué son temps par ses reportages couvrant les grands événements du siècle dernier (comme la libération du camp de concentration de Dachau, Gandhi juste avant son assassinat, la libération de Paris…).  En découvrant son œuvre,  j’ai été frappé par la sincérité de la réalité captée tout en y apportant une touche de beauté visuelle malgré la dureté de certains clichés. Cette découverte  a éveillé mon côté militant qui sommeillait profondément en moi sans savoir comment  le mettre concrètement à profit.  D’autres photographes ont  également  enrichi mon travail de photographe :  David LaChapelle pour son travail dans la photographie d’art,  Philip-Lorca diCorcia pour son côté travail  dans la tradition du documentaire à l’américaine sans oublier Andy Warhol, Spencer Tunick, Vik Muniz et Ali Taptik pour son côté témoin privilégié des mutations de sa ville. . .

 Par la suite, j’ai tout naturellement appris à manier un boîtier avec différents objectifs  en faisant  tests sur tests avec ou sans filtres, en numérique bien sûr mais aussi en argentique  et  avec différents Toy Camera.  Bien que je travaille en numérique, j’avoue avoir une affection toute particulière pour l’argentique et les travaux en Toy Camera.  Ce sont de véritables outils artistiques pour un Art authentique comme je le conçois.

   Toutes ses influences m’ont  fait que me conforter dans l’idée que la photographie, tout comme l’image cinématographique, était non seulement un excellent média de communication mais un outil indispensable pour transmettre, partager  et rassembler les gens autour de convictions et idéaux  qui méritent réflexion et qu’on les défende.

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Quels sont vos thèmes de prédilection ?

Etre dans  la provocation est ce que  j’affectionne tout particulièrement. Mais il ne s’agit pas de provocation gratuite. Ce genre-là ne m’intéresse pas et surtout elle n’apporte rien.  Ce que je cherche à travers mes clichés, c’est la provocation dite utile. Celle qui  incite le plus grand nombre à réfléchir sur des sujets considérés comme tabous, dérangeant… C’est  mon travail de fond  et essentiel dans mon quotidien. Etant une artiste militante et engagée aussi bien dans mes actions qu’envers la communauté Lgbt  afin de créer plus de visibilité,  la photographie reportage a également une place importante dans mon travail.

Je ne considère pas uniquement la photographie comme une arme massive mais également comme un moyen d’expression de la beauté sous toutes ses formes. « Transmettre à travers la photo la beauté qui nous entoure et qui est en chacun de nous........Capturer l'instant présent tout simplement...avec tout ce qui s'en dégage.... »

Il y a plusieurs années, semble- t-il que vous vous êtes lancées dans la photo, votre expérience est riche, comment expliquer que vous ne soyez pas  davantage  connue ?

   Il est vrai que cela fait un bon moment que je fais de la photographie. Jusqu’à ma première expo en 2008. (« Ivresse : Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’Ivresse », visible sur www.kaldera.book.fr, rubrique Ivresse) ,  je n’envisageai pas la photographie autrement qu’un  simple hobbie.  Face aux bons retours inattendus de cette première expérience publique, mon travail photographique a  pris une autre dimension.  Cela m’a encouragé à  valoriser mon travail dans une optique beaucoup plus officielle et professionnelle. A partir de ce jour,  j’ai essayé de faire connaître mon travail par le biais de mon site www.kaldera.book.fr,  pas mal de bouche à oreille, de publicité par ci et là mais sans grand succès. J’avoue avoir baissé les bras pendant un petit moment, tout en continuant à faire de la photo dans l’ombre.  Cette année,  j’ai pris les choses en main dans ma démarche de communication car cela m’avait  fait défaut lors de ma première tentative.  J’ai  tout d’abord commencé par m’adresser à un graphiste (Bbcg Création Graphique. Je vous le recommande pour son professionnalisme et son talent) pour réaliser un site dans l’objectif de donner une image plus  professionnelle de mon travail en tant que photographe et vidéaste. Pari réussi car depuis sa mise en ligne, la fréquentation ne cesse d’augmenter de jour en jour et les retours sont plus qu’encourageant.  L’étape suivante est de faire en sorte que mes 2 sites tournent en ciblant les réseaux qui pourraient m’être bénéfique dans ma démarche en tant que professionnelle. Ce que je n’avais pas fait lors de ma première « vague publicitaire ».  Comme on dit, une erreur de débutante. Je n’ai pas la prétention de faire partie des photographes incontournables de ce siècle tout comme j’ai conscience de la concurrence.  Mais cette fois-ci, je compte bien me démarquer un peu  et faire en sorte que mon nom devienne petit à petit une référence dans le milieu  tout en m’apportant une clientèle régulière et pourquoi pas fidèle.  Et de ce côté-là, le résultat est encore bien mitigé…Alors  si mon travail vous plait, n’hésitez pas à le faire savoir autour de vous et à me recommander.

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 A travers leur art, qu'il s'agisse de chanson, de peinture, d'écriture, etc, les artistes souvent parlent d'eux. Est-ce que vous vous inspirez de votre propre vie  dans votre art ?

   Je ne dérogerai pas à la règle même si je m’étais promis de ne pas tomber dans le panneau avant de me lancer dans la photographie et la vidéo. Parler de nous est tout simplement inévitable car notre vécu, nos expériences sont une source inépuisable d’inspiration.  Il  faut juste s’en servir avec modération, dans le sens où il ne faut pas se servir uniquement de notre propre vie pour créer.  Cela pourrait très vite devenir lassant pour le public et surtout desservir notre travail artistique et ce, même si on a du talent. Et toute la difficulté est là, savoir puisez dans nos ressources personnelles le ou les éléments qui  valoriseront notre vécu tout en mettant en avant notre art. 

   Alors oui, comme beaucoup d’artistes, je me suis  essentiellement inspirée de ma propre vie dans mes débuts (aussi bien à travers la photo que la vidéo)  avec quelques maladresses.  Avec le temps,  j’ai su m’en  détacher pour m’inspirer davantage  de l’environnement qui m’entoure. Et malgré les maux de notre société, il y a de quoi réaliser de  belles créations, tout en restant  dans le vrai.  

Etes-vous d'accord avec l'idée que toute expérience artistique serait le reflet d'une souffrance ?

   Je vais sûrement faire dans le cliché en disant que ce n’est pas pour rien que l’Art Thérapie  est souvent utilisé dans certains services hospitaliers. La souffrance y est très présente à différents niveaux et l’art, sous toutes ses formes, est un médium  tout aussi riche qu’efficace pour aider à extérioriser  ses plaies les plus profondes. Méthode très bénéfique qui a fait ses preuves sur grand nombre de malades.  Tout comme dire que la plupart des artistes sont des écorchés vifs en recherche de reconnaissance, il n’y a pas plus caricatural. Mais il y a tout de même un fond de vrai dans  ces  idées reçues. Pour preuve, tous ces grands artistes tels que Michael Jackson  ou Vincent Van Gogh  pour ne citer qu’eux, ont marqué leur siècle par leur génie. Leur art est devenu une référence incontournable lorsqu’on parle de musique et de peinture.  Et lorsqu’on s’intéresse de plus près à leur vécu, on réalise et comprend  que leurs souffrances a été le principal moteur de leur  talent artistique. Ceci étant, la souffrance n’est pas une règle d’or pour devenir un artiste reconnu et talentueux. Il suffit juste savoir cultiver notre talent avec intelligence et stratégie. Sans oublier l’essentiel, la confiance et la persévérance. De quoi donner de l’espoir à toutes celles et ceux qui doutent encore de leur  art.

Vos projets en cours ? Comment peut-on vous contacter ?

En ce moment,  je travaille sur 2 projets photos : 

Fantasme[S]  (malgré le titre évocateur du thème, tout  le travail est basé sur la suggestion avec sensualité ce qui rendra le rendu beaucoup plus  intense et fort en faisant abstraction  de scènes sexuelles)  Pour ce projet, je recherche des modèles H/F entre 25 et 35 ans d’origine européenne, africaine et métissée. 

Le PariS Brésilien est mon deuxième projet en cours.  Pour ce projet, je recherche des brésiliens et brésiliennes Lgbt  et hétérosexuel vivant à Paris. Le travail  représentera  la communauté brésilienne à Paris avec ses traditions.

   En parallèle à ces projets en cours, mon travail photographique reste visible sur www.kaldera.book.fr  Si vous êtes curieux, je vous invite à y faire un tour.  Tous les commentaires sont bien évidement les bienvenus. Et si cela vous tente de vivre « 15 minutes de célébrité », le temps d’un shooting original tout en dépassant vos limites, je serais ravie de d’immortaliser vos envies les plus inavouables.  Je peux comprendre que pour certaines personnes se laisser aller le temps d’une série de photos est tout simplement pas envisageable mais croyez mon expérience, lorsque nous nous rencontrerons, je saurais vous mettre à l’aise tout en cernant votre personnalité. Vous  vous désinhiberez tout naturellement et prendrez pleinement plaisir à la séance photo.  Alors si l’expérience vous tente, n’hésitez pas à me contacter  via mon site.

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En dehors de la photo, quelles sont vos autres passions ?

   L’image ainsi que tout  le travail qu’il peut y avoir autour m’intéresse beaucoup.  Avant de me lancer dans la photo, j’ai suivi des études de cinéma  afin de parfaire mes connaissances  dans l’optique de devenir une professionnelle  dans le milieu cinématographique en tant qu’assistante à la réalisation ou régisseur avant de pouvoir me lancer pleinement dans la réalisation. Malgré mon expérience sur des courts et moyens métrages et quelques réalisations à mon actif, je n’ai pas réussi à faire ma place dans le milieu. Je n’ai pas abandonné l’idée pour autant.  Actuellement, je travaille sur un  projet qui a pour titre « L’Art d’Aimer ».  C’est un projet  qui me tient particulièrement à cœur ainsi qu’un travail de longue haleine passionnant au fil des rencontres que je fais. En quelques mots, il s’agit d’un doc/fiction sous forme d’interviews et d’images d’archives. Chaque interview est réalisée dans un lieu particulier, choisi par chacun et qui leu évoquera et/ou inspirera l’amour selon sa propre expérience. Je suis constamment à  la recherche de témoignages (couples, célibataires, hétéro, lgbt de tout âge et de toute origine). L’objectif de ce projet est de parler librement de sexualité sans tabou tout en montrant que quel que soit l’orientation sexuelle l’amour est tout aussi possible qu’épanouissant et ce, qu’on soit lgbt, hétéro, de religion différente, un couple mixte, valide ou non, jeune ou vieux. Si vous voulez en savoir davantage sur mon parcours et ce que je prépare en ce moment ou tout simplement participer à ce projet,  je vous invite à aller faire un tour sur mon site www.KCK-SPIRIT.com 

   Bref, avec le temps, c’est tout naturellement  que je me suis ouverte à la photographie. Dans un sens, ce  sont deux disciplines complémentaires  et je ne peux me passer d’aucun d’eux.

   Bien que réaliser des images  sous toutes ses formes occupe une bonne partie de mon temps, j’apprécie de me retrouver derrière les fourneaux pour concocter de bons petits plats. C’est un moment de détente agréable qui fait également appel à ma créativité. Il n’y a rien de plus conviviale que de se retrouver autour d’une bonne et belle table bien dressée ornée de petits plats bien présentés pour ouvrir l’appétit de ses convives. J’attache une grande importance au visuel et au goût, tout comme quand je suis sur le terrain. Et puis toutes les occasions sont bonnes  pour se faire plaisir entre amiEs tout en prenant plaisir à manger.

La question à laquelle on n'échappe pas : votre plat préféré ?

J’avoue que j’aime bien manger et découvrir de nouvelles saveurs. Mes nombreux voyages à travers le monde n’ont fait que ravir mon bonheur gustatif. Je n’ai pas de plat préféré en particulier. Ceci étant, j’ai un faible pour la cuisine exotique épicée  ainsi  que bien évidement pour la cuisine brésilienne.  Bien que je n’y sois pas née, je considère le Brésil comme mon pays d’adoption et de cœur.  (J’y ai vécu 7 ans pendant ma période d’adolescente) Mais je ne vous cache pas que je craque facilement pour un bon carry ou romazava ! Surtout lorsqu’ils sont préparés par ma mère ou ma grand-mère maternelle. Le romazava est un plat traditionnel malgache à base  de viande de bœuf et de brèdes mafana (feuilles de plantes vertes avec sa fleur jaune qui, une fois en bouche nous donne la sensation d’avoir la bouche anesthésiée. Une sensation étrange  même  quand on est habitué. C’est ce qui rend ce plat savoureux et délicieux ! Je vous invite à découvrir ce plat. Et croyez-moi, vos papilles en redemanderont !)

A chaque fois que je déguste ce plat, cela me rappelle d’où je viens et me donne envie de découvrir davantage ce pays où je suis née sans pour autant le connaitre réellement.  Je n’exclus pas l’idée de partir à la découverte de  Madagascar un jour. En attendant, je ne me lasse pas des anecdotes de ma grand-mère tout en dégustant ses délicieux plats malgaches.

Merci.
L.M

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