Présidentielle 2012 : interview d’Eric Coquerel – Conseiller spécial de Jean-Luc Mélenchon – Candidat aux législatives à Brive

Publié le 02 mars 2012 par Jeunegarde

Retrouver l’intégralité de l’interview dans notre dossier Présidentielle 2012

De sondages en sondages, le candidat du Front du gauche, Jean-Luc Mélenchon, grignote du terrain face à François Bayrou et on devrait le voir prochainement passer la barre des 10 %. De bonne augure pour la gauche alors que François Hollande fait toujours figure de favori, en espérant une remontée d’Eva Joly…
Pour connaître un peu plus le programme du Front de gauche, le conseiller politique de Jean-Luc Mélenchon, Eric Coquerel, candidat aux élections législatives à Brive, a bien voulu répondre à quelques questions et nous l’en remercions.

Extraits

“l’Humain d’abord”

Est-ce qu’en 2012, on peut encore faire rêver les Français dans une campagne présidentielle sans paraître utopiste ?

Je ne crois pas que « Rêver » soit le premier terme que j’utiliserais même s’il serait utile. Je préfère penser qu’on peut de nouveau les faire espérer. Espérer des choses simples qui, il y a quelques décennies, constituaient une évidence. Le Front de Gauche a d’ailleurs remis le “progrès humain” au centre de son programme “l’Humain d’abord”. Il est possible de renouer avec les valeurs du Conseil national de la Résistance, privilégier l’intérêt général et rebasculer les richesses vers ceux qui les produisent et qui les utiliseront pour le plus grand bien de notre économie. Si nous changeons en profondeur la politique au printemps prochain cela aura une portée universelle. Ayons confiance en nous, reprenons le pouvoir sur les oligarchies”.

Le monde de la finance est-il votre unique adversaire ?

Non mais il est le principal. Le capitalisme financiarisé a ceci de particulier qu’il n’a plus que le court terme pour perspective. Il n’a même plus la dimension patrimoniale du capitalisme entrepreneurial : il faut nourrir et satisfaire les actionnaires et la spéculation. Jamais de tels niveaux de profit n’ont été exigés. Il faut s’attaquer aux racines du mal : le pouvoir laissé aux détenteurs du capital, la dérégulation à leur service, la loi de la jungle… Le capitalisme donc.

« On ne peut vouloir une politique de gauche et respecter les 3% de déficit imposés par l’Union Européenne. »

Quelles sont les 1ères mesures que vous prendrez dès les 1ers jours en cas d’élection ?

Nous engagerons immédiatement des mesures fortes dans chacune des grandes parties de notre programme afin d’indiquer le cap que nous prendrons.

-   Partager les richesses : SMIC à 1700 euros bruts – salaire maximum de 1 à 20 – titularisation de l’ensemble des personnels précaires de la fonction publique – interdiction immédiatement des licenciements boursiers. Nous abolirons au plus vite les lois et mesures les plus scandaleuses de Nicolas Sarkozy tels la RGPP, restaurer la retraite à 60 ans…

-   La planification écologique : plan de développement du fret et ferroutage ferroviaire pour lutter contre le tout camion – constitution d’un grand pôle public de l’énergie comprenant EDF, GDF-Suez, Areva et Total – référendum sur les questions qui traversent la société française : la limitation drastique des énergies carbonées, la poursuite ou l’arrêt du nucléaire, un vaste plan de développement des énergies renouvelables.

-   La création d’un pôle public bancaire à même de soutenir les relocalisations, la réindustrialisation, les reprises d’entreprises par les salariées et de soutenir l’activité.

-   On ne peut vouloir une politique de gauche et respecter les 3% de déficit imposés par l’Union Européenne. Il faudra donc refuser d’appliquer la règle d’or budgétaire. Dans le même temps il faut imposer une autre politique monétaire : l’euro ne peut rester cette monnaie forte qui pénalise notre économie. La BCE doit prêter directement à 1% aux Etats ce qui éteindra la spéculation. Nous soumettrons le traité Sarkozy Merkel au référendum.

-   Nous provoquerons l’élection d’une assemblée constituante chargée de jeter les bases d’une 6ème République parlementaire et sociale.

-   Sur le plan de la politique étrangère, nous adresserons immédiatement un message de paix au monde en retirant immédiatement nos troupes d’Afghanistan.

Dans votre programme, quelles sont les mesures destinées aux jeunes qui aujourd’hui ont visiblement peur pour leur avenir ?

Les mesures pour relancer de l’activité et soutenir l’emploi réduiront le chômage qui frappe particulièrement les jeunes. C’est évidemment essentiel quand on parle de peur de l’avenir. Pour cela nous imposerons un quota maximum de temps partiels ou CDD de 10 % dans les PME et 5% dans les grandes entreprises. Nous lancerons un grand plan de construction de logements sociaux comprenant un volet spécifique pour les étudiants et les jeunes. Nous supprimerons la caution qui est un frein pour beaucoup de jeunes. Nous stopperons les suppressions de postes et engagerons un plan de recrutement. Nous soutiendrons l’installation de jeunes agriculteurs.

« A ce stade de la campagne je ne vois pas comment nous gouvernerions ensemble. »

Des élus du Front de gauche codirigent de nombreuses collectivités locales avec les socialistes et les écologistes. Pensez-vous que cela peut être possible au niveau national ? A quelles conditions ?

Le Front de Gauche n’entend pas gouverner pour gouverner. Nous voulons gouverner ce pays pour appliquer notre programme et tout au moins une politique qui rompra radicalement avec le capitalisme financiarisé et les modèles productivistes. Clairement le compte n’y est pas avec le programme de François Hollande qui propose un accompagnement du libéralisme. A ce stade de la campagne je ne vois pas comment nous gouvernerions ensemble. Mais le Front de Gauche entend toujours renverser la table. Rien n’est exclu, y compris le 2ème tour.

Le Limousin est la seule région de France où le Front de gauche, le NPA, les Alternatifs sont parvenus à s’entendre pour créer Limousin Terre de Gauche avec le succès qu’on lui connaît. Quels enseignements en tirez-vous ? Pensez-vous que ce modèle puisse faire école ?

En tant que secrétaire national du PG chargé des relations unitaires c’est une expérience sur laquelle j’ai beaucoup travaillé avec mes camarades du Front de Gauche du Limousin. Car pour nous il s’agit d’un laboratoire. C’est la stratégie du Front de Gauche poussée à son maximum. Je ne désespère pas que nos camarades du NPA finissent par considérer que la candidature Mélenchon aux Présidentielles constitue la bonne façon de transposer l’expérience Limousin Terre de Gauche au plan national.


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