En dépit de l'engouement des États-Unis pour le dépôt de chèque par mobile, certes difficilement transposable en Europe (pour des raisons réglementaires), et malgré quelques initiatives locales (par exemple de Rabobank et de Danske Bank), les banques du vieux continent ne semblent pas empressées de développer les usages de la capture photographique sur mobile.
Heureusement, quelques initiatives continuent à émerger de temps à autre pour ramener le sujet au premier plan, comme c'est le cas aujourd'hui avec l'annonce d'une solution de "virement" par photo, qui sera présentée au CeBIT la semaine prochaine et devrait être introduite sous peu au sein de l'application de banque mobile "Meine Bank" de Deutsche Bank.
Conçu par GFT Technologies, fournisseur de solutions informatiques pour le secteur financier, le système "Picture Money Transfer" est très similaire à celui de Rabobank, mais adapté au marché allemand et à ses "formulaires de virement" pré-remplis, qui, si je comprends bien, sont assez proches de nos TIPs ("Titres Interbancaire de Paiement").
Pour réaliser un règlement, l'utilisateur n'a qu'à prendre une photographie de ce document sur son smartphone, qui "décode" les informations nécessaires (références du compte du bénéficiaire et détails du paiement) et va enfin les transmettre au service de banque en ligne pour finaliser la transaction de virement.
En supposant que la procédure est simple et rapide à exécuter (c'est-à-dire que le logiciel est tolérant aux photos "approximatives"), le bénéfice de ce module est immédiatement perceptible pour le consommateur, qui n'a alors plus à saisir une multitude d'informations lui-même, avec tous les risques d'erreurs que cela entraîne, comme il doit le faire aujourd'hui s'il souhaite réaliser la transaction sur le web (ou sur mobile).
Mais, dans l'environnement allemand, la banque a également tout à gagner à sa diffusion puisque les types de virement pris en charge sont régulièrement effectués en agence par ses clients, où ils sont consommateurs de temps pour les conseillers, sur une tâche à très faible valeur ajoutée. L'objectif de Deutsche Bank est donc, classiquement, de développer, en le rendant plus facile d'accès, l'usage d'un canal en self-service pour une opération courante.
Serait-il possible de décliner ce modèle en France ? De toute évidence, le TIP serait un candidat assez naturel mais il n'est pas certain que les volumes traités (dont je n'ai aucune idée) justifient une solution dédiée. Cependant, il existe certainement d'autres cas possibles d'application, où les documents imprimés règnent encore sans partage et pour lesquels les saisies répétées d'information sont sources d'erreurs et d'inefficacités...