Découvrons Hélène Freeman dans une magnifique épopée spatiale qui ne ressemble à rien de ce qui s’est fait pour l’instant. Autant par le graphisme hors norme que par l’histoire humaniste de ce triptyque à découvrir absolument.
Editeur : Dargaud
Dessin : Jean-Michel Ponzio
Scénario : Richard Marazano
Sorti le 18/11/2011
Share
Public conseillé : Adolescent, Adulte, homme ou femme
Style : science fiction, anticipation
References: génétiks, les mondes d’Aldébaran, Apollo 18.
présentation de l’éditeur
Une extraordinaire aventure-enquête spatiale, mise en image par un grand dessinateur venu du cinéma. Paradoxe temporel, explorations lunaire et martienne mais aussi une dimension humaine unique font de cette trilogie un must de la science-fiction, et pas seulement en bande dessinée.
Ce que j’en pense
Nous sommes en 2035 sur un porte-avions de l’armée américaine, une capsule spatiale vient de s’échouer dans l’océan indien, l’information vient du pentagone. Après le remontage de cette antiquité il s’avère qu’elle abrite deux astronautes à son bord …
Le décorticage de cette capsule, confirme qu’il s’agit bien d’un appareil faisant partie de la mission d’Apollo XI partie de la terre en 1969, mais le plus troublant ce sont les deux hommes qui affirment être Niel Armstrong et Buzz Aldrin !! Comment est ce possible, les deux premiers hommes qui ont foulé le sol lunaire sont censés être rentrés sur terre il y a 66 ans ! Sont-ils ce qu’ils prétendent être ?
Hélène Freeman une mère élevant seule Solia sa petite fille, et une astronaute réputée à la carrière brillante travaillant à la NASA. Le but de sa carrière, aller en mission sur la planète rouge avec son équipe, et être la première à poser le pied sur le sol martien. Jusqu’au jour où tous ses rêves s’effondrent, une lettre de la NASA arrive chez elle en stipulant que la mission martienne est suspendue temporairement, quelques dizaines d’années tout de même donc une énorme frustration l’envahie.
Sofia est une fillette livrée à elle-même, les missions à répétition de sa maman l’ont forcé à se débrouiller toute seule. Passionnée de science fiction, elle a malheureusement grandi trop vite.
Un coup de fil de la CIA va tout changer, Konrad un agent plus ou moins spécial la convie à se rendre au plus vite sur un porte-avions dans l’océan indien et pour cela il lui fait affréter un hélicoptère. Que va découvrir Hélène Freeman ? Où va la mener cette découverte pour la moins déroutante ?
Jean Michel Ponzio avant d’être dessinateur est un homme issu du visuel, il a collaboré dans de nombreux films en travaillant entre autre sur des effets spéciaux. J’ai découvert un peu par hasard cet auteur grâce à l album « le protocole pélican » sorti en 2011 qui s’avère être une future trilogie avec un deuxième tome qui sortira à la fin du mois prochain. Ce dernier s’annonce très prometteur sous fond de complots politiques et de sociétés secrètes … ayant été emballé par cet album c’est tout naturellement que je me suis tourné vers leurs bibliographies respectives et je suis tombé sur la série du complexe qui sortait en intégral un mois après. Celui-ci regroupe les trois albums de la série, « paradoxe » avril 2007, « les fils d’Arès » janvier 2008, et « civilisation » en novembre 2008.
La technique de travail de Jean Michel Ponzio n’est pas classique, alors qu’un dessinateur met en moyenne 5 jours à dessiner une planche, lui met une journée couleurs et ancrages compris. En prenant des photos des différentes actions avec des comédiens ou des amis, il les modifie à l’aide d’un logiciel et ça va bien au-delà d’une simple retranscription de photos. Ca lui permet d’aller plus vite, et surtout de donner un coté hyper réaliste aux personnages.
Le très talentueux Richard Marazano, auteur aux multiples facettes que l’on ne présente plus s’est occupé du scénario, il a aussi effectué le storyboard.
Je trouve cet album admirablement touchant, au-delà de la conquête spatiale il y a avant tout une histoire pleine d’humanité et d’amour entre une mère et sa fille séparées par la force des choses, qui à la fin de ma lecture m’a clairement mi la larme à l’œil. Le fait qu’il y ait dans l’album des personnages historiques ayant réellement participé aux voyages spatiaux (Neil Armstrong, Buzz Aldrin, le Russe Youri Gagarine qui a été le premier humain à aller dans l’espace) rend cet intégral d’une grande crédibilité. Vient se greffer aussi à l’histoire des théories reconnues dans le monde scientifique, entre autre le principe d’incertitude d’un certain Heisenberg ( ce nom ne vous sera pas inconnu si tout comme moi vous êtes fan de la cultissime série Breaking Bad…). De la science fiction que je trouve crédible dans la période où l’on vie et où rien ne semble plus impossible. Ca s’apparenterait même à une série d’anticipation plus qu’à de la SF.
Cet intégral prend tout son sens à l’heure d’une crise mondiale où le gouvernement Américain a annoncé il y a peu qu’il gelait les fonds pour un éventuel voyage sur mars. Bon, on ne nous dit bien évidemment pas tout et si ça se trouve ils y sont déjà allés et le commun des mortels n’est pas au courant.
Moi les questions que je me pose, c’est pourquoi on ne nous montre pas de meilleurs clichés de la lune en 2012 (même des astronomes amateurs arrivent à prendre des photos de meilleurs qualités que ce que l’on veut bien nous montrer depuis plus de trente ans) ? Et pourquoi jamais la face cachée de la lune ?
Autant de questions sans réponses sur un sujet sensible et qui fascine depuis longtemps.
Bon, revenons à notre album, les mauvaises langues diront que Ponzio ne sait pas dessiner, que travailler à l’aide d’un logiciel du type photoshop n’a pas de mérites… Ce n’est pas mon avis du tout !, il y a une vraie recherche graphique avec en amont de longs moments de documentation, il crée aussi les décors en 3D avec des images de synthèse, ou tout simplement à main levée. Grâce aux nouvelles technologies Ponzio peut prendre de grandes libertés graphiques, pour notre plus grand bonheur. Une belle rencontre avec les auteurs lors d’un festival qui a abouti comme c’est souvent le cas à une dédicace, m’a prouvé que Jean Michel Ponzio a un très bon coup de crayon. D’ailleurs les auteurs m’ont confié qu’un mannequin Asiatique a été prit comme modèle pour Hélène le personnage principal. Ils leurs est arrivés aussi de rencontrer des festivaliers et de leurs proposer de servir de modèles. Certes les expressions des personnages paraissent parfois un peu figées, mais c’est le cas de nombreux autres auteurs aux méthodes de travail plus classiques, comme Léo avec les mondes d’Aldébaran.