"En 68, j'ai occupé la FFF"

Publié le 10 mars 2008 par Yulgrejes

Jean-Claude Seine a 64 ans. Il est entre autres choses journaliste reporter d'images et garde un souvenir très particulier de mai 68. Il a publié les photos qu'il a prises à l'époque sur son site.

Lorsque mai 68 a commencé, Jean-Claude Seine travaillait comme reporter photographe pour la Vie Ouvrière et l'Humanité, "ce que l'on appelait à l'époque la presse démocratique".  Puisqu'il suivait la grève et les usines occupées pour ces journaux, il s'est très vite trouvé plongé dans le mouvement dans son volet ouvrier. Ce qui n'empêchait pas le jeune journaliste de suivre avec attention le mouvement étudiant, dont il se sentait peut être plus proche à l'époque :

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Mais Jean-Claude Seine travaillait aussi pour Miroir Sprint, magazine sportif de l'époque proche du PCF. "Je couvrais surtout les matches de football de bas de tableau, vu mon jeune âge". Et si la Vie Ouvrière continuait à paraitre "par dérogation spéciale", Miroir Sprint a bien vite cessé ses éditions, faute de papier. C'est du désœuvrement qui en découlait, ajouté à la frustration de "toujours être spectateur" et à une "envie de participer au mouvement", qu'est venu le principal fait d'armes de Jean-Claude Seine en mai 68 :

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Et au petit matin du 22 mai, les plus intrépides d'entre eux débarquent rue d'Iena et réquisitionnent les locaux au nez et à la barbe de Jacques Georges, le président de la FFF (Fédération Française de Football) de l'époque. Outre Jean-Claude Seine et Francis Le Goulven, il y avait également Henri Quiqueré (journaliste à Miroir), Michel Rigazzi (archiviste à Miroir) et Mahjoub Faouzi, célèbre journaliste sportif tunisien. Il y avait aussi Pierre Lameignère, ancien du Red Star Saint-Ouen et collaborateur régulier de Miroir.

Le lendemain et le sur-lendemain, d'autres footballeurs et journalistes les ont rejoint, parmi lesquels l'international Jean-Claude Bras (et également passé par... le Red Star), André Mérelle (joueur du Red Star et aujourd'hui directeur à l'Institut National du Football à Clairefontaine), Michel Oriot (Red Star), etc. La surreprésentation du Red Star ne doit rien au hasard : ce club historiquement lié au mouvement socialiste, "longtemps dirigé par des gens proches du milieu de la boxe, des chiffoniers, un peu interlopes", fut pendant longtemps l'équipe emblématique de la banlieue rouge.

L'occupation n'a duré que quelques jours et s'est achevée le 27 mai. Au-delà de sa portée mi-symbolique mi-potache, l'événement aura permis des avancées significative dans le statut des footballeurs français. En effet, dès 1969 les joueurs professionels ont pu négocier un contrat à temps, laissant libre le joueur de choisir son employeur à la fin de son contrat. "Ca semble naturel aujourd'hui, mais jusqu'alors, les joueurs étaient traités comme du bétail". Et Jean Claude Seine d'ajouter, ironiquement,  que "si Zidane gagne des milliards aujourd'hui, on y est peut être pour quelque chose". Quoiqu'il en soit, il garde une photographie qu'il a prise (publiée ci-dessus), et deux souvenirs particuliers de l'événement :

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Arthur Cembrese