Mon général, nous vous remercions de répondre aux questions de TB suite à l’article polémique paru dans Ouest-France le 1er février 2012 et dont TB s’est fait l’écho le 20 février.
THEATRUM BELLI : Pourriez-vous expliquer les propos du secrétaire général de l’association Terre Fraternité, que vous présidez : "Nous avons, par exemple, dans nos rangs, des soldats qui sont de confession musulmane et qui ont plusieurs épouses. La loi prévoit la prise en compte d'une seule épouse. Nous nous occupons des autres épouses".
Bernard THORETTE : La réponse est d’une extrême simplicité… les propos tenus ne correspondent à aucune réalité. Ces propos ont été prononcés de manière autant maladroite que totalement inappropriée. Il faut se rapporter aux faits : l’association "Terre Fraternité" a été amenée à apporter, en 2010, une aide globale d’urgence à la famille recomposée d’un sergent "mort pour la France" en Afghanistan, en ayant le souci premier de ses enfants démunis. L’association a agi en âme et conscience, face à une situation de détresse, comme elle s’efforce de le faire pour toutes les situations de détresse. S’agissant d’un soldat ayant donné sa vie pour son pays, l’association a eu le sentiment d’être dans l’esprit de "fraternité" qui l’anime. Les interprétations qui ont été faites, à partir des propos repris par l’article de presse par celles et ceux qui se sont émus à juste titre, sont sans fondement puisque les propos tenus ne sont pas conformes à la réalité des faits.
TB : Comment expliquez-vous que ces propos maladroits n’aient pas fait l’objet d’un droit de réponse de Terre Fraternité dans le quotidien régional "Ouest-France" ?
BT : L’explication est dans ce que je viens de dire : l’association n’avait pas à entamer une polémique vis-à-vis d’un journaliste qui, en relatant les propos tenus, avait tout simplement fait son travail. Elle n’a pas souhaité "rajouter une polémique inutile à la polémique".
TB : Mon général, pourriez-vous renseigner nos lecteurs sur vos actions en 2011 ? Quels sont les projets pour l’année 2012 ?
BT : L’association continuera, en 2012 comme elle le fait depuis 2005, d’être inlassablement aux côtés des blessés, de leurs proches et des familles des tués au combat. Elle continuera de le faire, en complément de l’aide "institutionnelle", principalement dans l’urgence, mais également sur la durée, tant en matière de financement d’équipements adaptés au handicap des blessés par exemple, qu’en ce qui concerne le soutien financier apporté aux veuves et aux orphelins. Les besoins sont immenses, qu’il s’agisse d’assurer une présence auprès des blessés ou d’accompagner attentivement les familles.
TB : Le ministère de la défense communique très peu sur nos blessés. Est-ce un sujet tabou ?
BT : Je ne partage pas ce sentiment et il ne s’agit pas, à mon sens, d’un sujet tabou, bien au contraire. On doit bien entendu souhaiter que la situation de ceux qui souffrent dans leur chair soit une préoccupation première de nos concitoyens. Je peux néanmoins affirmer que nombreux sont ceux qui, à tous les niveaux, se mobilisent et qui, soit par leur action au sein des instances officielles, soit par leurs dons importants aux associations, apportent la preuve de leur solidarité envers nos soldats blessés.
TB : Mon général, vous étiez le chef de corps du 3e RIMa durant l’opération Daguet, comment avez-vous accueilli la diffusion du premier webdocumentaire de l’ECPAD sur "la conquête d’As-Salman "?
BT : Je ne peux qu’applaudir à la réalisation cette brillante et très complète réalisation de l’ECPAD. Il s’agit d’un travail d’une exceptionnelle qualité qui relate, sous une forme vivante, voire parfois anecdotique, l’action de la Division Daguet en 1991. Il s’agit d’une forme de "devoir de mémoire" et je suis convaincu que ce webdocumentaire, création innovante, constituera un témoignage essentiel pour l’Histoire.
Propos recueillis par Stéphane Gaudin