Une campagne électorale est toujours un moment particulier, un peu «punchy», où fusent d’inévitables dérapages et coups bas peu ragoutants. C’est une coutume à laquelle même des hommes à priori bien élevés, supérieurement intelligents, au fait des bonnes manières, se plient sans sourciller. Mais les éventements du 1er mars 2012 vont, à mon avis, marquer durablement la suite de la vie politique.
Les «événements» de Bayonne sont un tournant à plusieurs titres. D’abord, il y a l’image du rejet du personnage, de président sortant, auquel est normalement attaché une forme de respect dû à la fonction qu’il exerce. Un tel chahut, d’où qu’il vienne, est le reflet de l’exaspération provoquée par l’attitude, le mépris et les mensonges du candidat des riches. Voilà ce qui arrive lorsque l’UMP ne trouve plus de militants ou de sympathisants pour alimenter le premier plan d’inconditionnels pour les vidéos et les photos…
Ensuite et surtout, il y a la conférence de presse improvisée dans un bar. Toto 1er menace, fustige, accuse, et promet. Il n’a fait que cela durant son quinquennat, avec les résultats qu’on connaît : une France dressée, les uns contre les autres, une hostilité exacerbée jusqu’à produire de telles images surréalistes. Et lâche en grimaçant: «Hollande a annoncé l’épuration, ça échauffe les esprits». Comme toujours, la faute, c’est pas lui, c’est les autres.
Epuration. Le mot est fort, lourd. Il exprime pour moi quelque chose de dangereux, de dramatique, de définitif. Rendre pur, éliminer, écarter les indignes, est-ce que ces concepts parlent pour un homme dont le job est d’abord de rassembler ? Est ce que ces propos sont adaptés dans une campagne électorale ? Et un homme aussi absolu dans sa bassesse veut continuer à diriger le pays ? J’en ai les cheveux qui se dressent.
Le vrai problème des 60 jours à venir, c’est la surenchère du candidat UMP, distancé dans les sondages, sans aucun sursaut visible, sans possibilité de se refaire «à la loyale». Au vu du bilan, c’est sûr que c’est compliqué. J’ai juste peur dans cette fuite en avant qu’on finisse par des manipulations à plus grande échelle, du style à provoquer pour l’image des actions violentes, du style à monter de toute pièce un attentat bidon avorté contre sa personne… Ce serait bien dans ses cordes.
Je n’ai pu assister à la prestation brillante de François Hollande, hier à Lyon, les impératifs professionnels passant avant. Mais je ferai l’impossible pour être présent lors de la venue du candidat à talonnette, pour qu’il hume le bruit et l’odeur de l’humiliation, de la défaite.
Quoique. Le bruit et l’odeur, cela avait déjà sauvé son prédécesseur.