Pendaison, revolver, noyade. Ils sont quatre à se donner la mort. Quatre copains, une même bande, un survivant : Josh. Que s’est-il passé ? Ce n’est pas vraiment cela qui intéresse le cinéaste québécois Yves Christian Fournier ici, la parole n’étant donnée qu’aux vivants. Un film tout entier sur ce qui reste, après l’irréversible. Sur ceux, qui restent. Mères, pères, amis et petites copines, impuissants, abandonnés, emmurés dans une douleur qui ne trouve pas d’exutoire. Certes, le programme de ce premier long-métrage n’est pas très gai ; et pourtant, Yves Christian Fournier évite la surenchère glauque. Si le film est au final profondément lumineux, c’est grâce à un travail, soigné et admirable, sur l’esthétisme. Emprunts du côté de Van Sant ou de Coppola, postures du cinéma indé US, performances d’acteurs incroyables (Maxime Dumontier, Chloé Bourgeois, Niels Schneider vu chez Dolan) : Everything is fine est, avant tout, un beau moment de cinéma, stylisant à l’extrême (et c’est tant mieux) l’errance de toute une génération. Muette. Perdue. Symbolisée par ce quatuor de défunts.
Quatre morts-vivants qui viennent hanter et la pellicule et l’esprit de Josh. Leurs apparitions sont autant de réminiscences, de questions, qui harcèlent les consciences : on est aussi paumés que les survivants, errant dans leurs errances, quelque part entre la vie (cette nature indomptée, omniprésente) et la mort (le béton des zones industrielles, les heures vides qui défilent chaque journée). Dans son ensemble, le film se retrouve enveloppé dans cette brume, violente, fascinante, presque apaisante. Respirant tout à la fois le parfum de la mort, et celui de la vie, qui continue malgré tout. In fine, Fournier évite toute esthétisation du suicide, sans sacrifier celle de son œuvre. Un pari risqué, relevé avec talent.
Disponible en DVD.