C’est de lui qu’il parle, Baptiste Lecaplain. De son prénom qu’il n’aime pas. De son corps peu musclé. De ses colocataires. Du sport qu’il a pratiqué dans son enfance…
Et il fait des catégories dans son public : ceux qui sont venus pleins d’enthousiasme, ceux qui ont bu « de la verveine » et ceux qui sont venus sans l’avoir vraiment choisi et qui ont l’air de porter leur croix, ceux qui sont en colocation, ceux qui sont riches et se croient encore à l’époque où la noblesse se déplaçait à cheval, ceux qui sont célibataires, et les autres. Et il dessine chaque portrait d’un simple geste, qu’il fait revenir de temps en temps.
Au début, c’est une salle de trentenaires qui réagit à chaque saillie, à chaque blague, même, et surtout, à la limite du mauvais goût. Baptiste Lecaplain est un peu ce pote qui raconte des histoires à ses potes, sans doute quelques-uns d’abord, puis de plus en plus. Un animateur de centre de loisirs qui aurait progressé en devenant animateur de centre de vacances, pour arriver ce soir au Bataclan.
Et puis, sans que je m’y attende, je suis conquis comme ça d’un coup. Je vois revenir les personnages croisés dans la première moitié du spectacle : ceux qui ont bu de la verveine, ceux qui portent leur croix, ceux qui sont venus à cheval, Madame Pigeon, les colocataires, le jeune qui va apprécier Alzheimer, le bébé phoque… Baptiste Lecaplain est sorti du stand-up convenu pour entrer dans une sorte de transe verbale et gestuelle dont la frénésie l’emporte, lui aussi.
Sur le boulevard Voltaire, j’entends quelqu’un dire qu’après ça, on se sent bien.