Rarement un chauve n’avait autant soulevé les foules dans le monde du jeu vidéo. Apparu pour la première fois arborant sans complexe un style à la Bruce Willis qui avait énormément fait parler et pas seulement en bien, Max Payne a depuis su rassurer ses fans ainsi que les profanes. Certes, le sceau Rockstar est en général un gage indéniable de qualité mais beaucoup avaient peur que la filiale canadienne du studio n’arrive pas à capturer l’essence du personnage et en fasse un super flic. Après quelques heures passées manettes en main en compagnie de l’anti-héros par excellence, nous pouvons vous donner des impressions un peu plus consistantes que lors de notre première entrevue.
Tout d’abord, il semble utile de rassurer tous les fans de la première heure. Le pauvre Max, désormais vieillissant et à la retraite, est toujours un alcoolique invétéré et ne peut pas se passer de ses antidouleurs. Les événements survenus lors de ses précédentes aventures ont bien laissé des traces indélébiles et c’est un personnage toujours aussi torturé que l’on retrouvera à Sao Paulo au service d’une famille ayant prospéré dans l’immobilier. Ce boulot censé n’être qu’un moyen simple et sans risque de se faire de l’argent se transformera rapidement en un cauchemar de plus lorsque que la femme de l’un des trois frères Rodrigo se fera enlever par le gang Comando Sombra. Bien évidemment et parce qu’il semble maudit, Max se retrouvera au milieu d’une affaire de bien plus grande ampleur qu’un simple enlèvement avec une demande de rançon. C’est dans ces conditions que commence pour lui un énième purgatoire dont il ne sortira, une fois encore, pas sans cicatrice.
Afin de ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte, nous n'évoquerons pas plus le scénario du titre. Il reste de toute façon assez flou pour nous puisque l’on devrait être confronté à une narration à la chronologie peu orthodoxe où seront entremêlés missions à Sao Paulo et flashback de la vie new-yorkaise du héros.
Lors de sa sortie en 2001, le premier Max Payne avait surtout marqué les esprits par son aspect très cinématographique. Onze années plus tard, la licence s’oriente dans la même direction, en vous proposant une aventure que l’on pourrait aisément imaginer comme un film. L’utilisation du Bullet Time, cet élément de gameplay qui permet de ralentir le temps et popularisé par Matrix n’y est certainement pas étranger, mais c’est dans la narration et les transitions que ce Max Payne 3 impressionne le plus. En effet, il n’y aura aucun temps de chargement, même entre chaque chapitre, ceux-ci étant simplement amenés par des vidéos qui serviront de transition et qui apportent une indéniable profondeur à ce jeu de tir à la troisième personne. De même, la voix off présente pendant les niveaux, qui exprimera tout haut ce que Max pense tout bas et resituera en permanence l’action nous plonge toujours plus dans cette histoire au relief tout particulier pour un genre qui se contente souvent du minimum.
Du côté du gameplay, on ne peut pas dire que Max Payne 3 révolutionne le genre ni même qu’il s’écarte de ses aînés, puisque l’on retrouvera tous les éléments qui ont fait de ce jeu un titre nerveux et difficile. Nous avons déjà évoqué plus haut le Bullet Time, que l’on pourra déclencher à n’importe quel moment à condition que notre jauge soit remplie, mais également utiliser de manière plus contextuelle en utilisant le bouton d’esquive qui vous fera faire une petite cabriole au ralenti et vous permettra d’aligner une ou deux têtes tout en évitant les tirs ennemis. On retrouvera également, et c’est là une très bonne surprise, l’utilisation des antidouleurs afin de régénérer votre santé. Il ne sera donc pas question ici de se planquer pendant quelques secondes afin de voir sa vie remonter, d’autant plus que les ennemis sont assez intelligents et n’hésiteront pas à venir vous chercher si vous restez trop passif. Cela nous amène d’ailleurs directement à un autre élément qui avait été assez controversé lors de sa présentation, qui est la possibilité de se mettre à couvert. Certains redoutaient une perte du rythme frénétique cher à la licence mais il n’en est rien. On ne restera en effet jamais longtemps au même endroit sous peine de se faire punir par des ennemis qui nous encercleront sans vergogne avant de nous loger une balle dans la tête, mais également parce que la plupart des décors sont destructibles et qu’un mur en béton finit immanquablement par s’effriter sous l’effet répété des impacts de balles. On se servira donc de cette possibilité de gameplay dans des situations vraiment désespérées afin de se trouver un abri de fortune le temps d’analyser la situation plutôt que pour aligner les ennemis bien tranquillement pendant qu’ils arrivent un par un. Si l’on ajoute à cela la possibilité de désactiver entièrement l’assistance à la visée, une option là aussi trop peu présente de nos jours, Max Payne 3 proposera un challenge bien corsé qui devrait ravir les joueurs de la première heure. Les points de sauvegarde sont cependant suffisamment rapprochés pour ne pas frustrer le joueur novice qui risque bien de trépasser assez régulièrement.
Même si Rockstar Games a prouvé par le passé qu’ils savaient faire de beaux jeux, on pouvait se demander comment ils s’en sortiraient dans un jeu à l’espace plus étriqué que dans un GTA par exemple. Là aussi, le studio semble avoir mis un point d’honneur à travailler en profondeur sur les graphismes autant que sur l’animation. Les décors sont assez fins, les effets de particules lorsque les murs s’effritent sont plutôt convaincants. Le tout est vraiment joli, mais c’est surtout au niveau de l’animation des personnages que Max Payne 3 devrait frapper un grand coup. Les développeurs ont eu recours à la motion capture pour énormément de mouvements et ce dans des situations très différentes. On retrouvera ainsi des animations de courses bien différentes selon que Max arpente une rue ou monte un escalier et le tout est vraiment bluffant. On ressent d’ailleurs de manière très prononcée les 80 kilos du bonhomme ce qui ne fait qu’augmenter l’immersion. Le héros aura aussi un comportement différent selon l’arme qu’il sera amené à utiliser et ses mouvements seront beaucoup plus fluides s’il utilise un pistolet automatique plutôt qu'une mitrailleuse lourde. Tout cela contribue au réalisme de l’ensemble et le jeu semble d’une fluidité exemplaire.
Il est bien difficile d’après ce que nous en avons vu de trouver de réels défauts à ce Max Payne 3. Entre le travail soigné effectué sur la réalisation et la narration, le dosage réussi entre action et explications et la relative difficulté du jeu même en mode normal, on est littéralement transporté dans l’univers de l’ancien flic et l’on a envie d’aller toujours plus loin pour savoir dans quel nouveau guêpier il s’est encore fourré. Certes, il nous reste encore à voir si le titre tient la route sur la durée et l’on est curieux de voir ce que Rockstar Games nous a concocté pour le multijoueurs, mais ce Max Payne 3 s’annonce bien sous les meilleurs auspices et l’on ne peut qu’être impatient de se retrouver à nouveau plongé dans ces aventures sombres et adultes que le héros semble voué à vivre jusqu’à la fin de ses jours.