Nous venons d’entamer un nouveau mois, et cela donne une excellente occasion de faire un petit point sur l’économie. Et comme en Europe, la macro-économie se résume essentiellement au bilan de santé de la Grèce, je vous propose quelques éléments de réflexion sur l’archipel méditerranéen.
Et en termes de bilan, rien de tel que les éléments factuels pour poser un diagnostic.
On pourra par exemple prendre appui sur quelques uns des derniers billets du blog de Herlin, la Dette de la France, qui, en plus d’évoquer le petit gros gênant problème de dette de l’État français, évoque justement la Grèce assez régulièrement tant celle-ci préfigure à plus d’un titre ce qui risque bien d’arriver aux Français dans les prochaines semaines, indépendamment d’ailleurs de l’issue de la mascarade du scrutin de mai 2012.
… D’autant que Mario Draghi, l’actuel patron des Imprimeries Internationales de Papier Cossu, est largement plébiscité par la pègre les économistes keynésiens dont la presse se fait bruyamment le relai, à l’instar de cette cucurbitacée velue de Krugman, très impressionné par la capacité du nouveau patron à faire tourner les rotatives à des rythmes qu’on croyait inatteignables.
La coterie en place, toujours extraordinairement lucide sur l’avenir (comme en témoignent les dernières bouffonneries déclarations de Draghi, par exemple), est donc bien partie pour continuer exactement comme depuis deux ans, avec exactement les mêmes « remèdes » pour contrer exactement les mêmes « diagnostics » avec, à la clef, exactement les mêmes « résultats ». D’ailleurs, le succès de l’opération de mercredi illustre parfaitement que les piscines de pognon frais ne sont pas prêtes de se tarir. On peut trouver ça rigolo jusqu’au moment où tout ceci va finir par impacter l’économie tangible des biens et services que nous, contribuables et dindons de cette farce tragique, consommons tous les jours.
Mais devant cette déferlante de bon sens, d’analyses pointues, de sagesse et de prévoyance, je ne résiste pas au plaisir de vous fournir ici quelques jolis graphiques, qui permettent de prendre justement un peu de recul sur cet optimisme calculé.
Celui-ci, par exemple, montre l’évolution du Produit Intérieur Brut de la Grèce sur les dernières années.
On notera donc que la pose du pipeline grand format de billets européens, qui a commencé mi-2010 avec quelques gros milliards joufflus, n’a absolument rien changé à sa situation.
Le graphique suivant, qui présente la variation des crédits accordés aux ménages par les banques grecques, donne une bonne idée de la vigueur générale de l’économie.
Eh oui : le foyer moyen grec ne se sent pour le moment pas suffisamment joyce pour continuer à consommer, et même, il a tendance à arrêter un peu les facilités de caisses. Fini les détendus du crédit. Cette tendance générale à l’effritement de la bonne humeur côté Champagne et Cotillons se confirme aussi du côté des entreprises qui ont, elles aussi, le même réflexe : arrêter de taper dans le crédit.
Heureusement, on se souviendra que ce qui est observé côté ménage et côté entreprises, avec une diminution des nouveaux crédits, n’est bien sûr pas suivi par l’État et le gouvernement qui peuvent donc continuer à dépenser l’argent des autres qui n’existe plus pour compenser les afffffreuses conséquences de l’aridité financière subite pardon de la rigueur : les déficits s’enchaînent donc avec quelques sourires gênés sur le mode « on fait des efforts, je vous jure ».
Ce qui se traduit mécaniquement comme ça :
… Au passage, les efforts sont répartis comme ça :
« Salaires coupés à la hache », certes, mais pas avec la même vigueur pour tout le monde (et en tout cas, pas pour ceux que le système chérit).
Bref. Pour ma part, avec ces différents éléments, la conclusion m’apparaît limpide : l’argent qu’on met en Grèce est de l’argent perdu. Pire : les Grecs eux-mêmes n’y croient pas (les plus avisés fuient physiquement le pays ou exfiltrent leurs fonds). Et au vu des petits graphiques, si le peuple grec veut se sauver, si l’Europe veut sauver l’Euro, alors la Grèce doit sortir.
Il n’y aura pas de salut pour la Grèce, mais il devrait vraiment y avoir un bye-bye.
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