Par Mirko Hominal,
Les Championnats du monde de biathlon retrouvent Ruhpolding, considérée par beaucoup comme La Mecque de ce sport. L’occasion aussi de mesurer l’écart entre les moyens finaciers Allemands et Français même si le fossé se comble avec notamment le projet d’un ski-tunnel dans le Jura !
« Ruhpolding, c’est magique! » affirme Martin Fourcade, leader de la Coupe du monde. « Quand on commence le biathlon, on n’imagine pas des arènes comme celle de Ruhpolding. C’est un des deux plus beaux sites avec Oberhof (à moins de 500 km) ».
Cette cité d’environ 6500 âmes, située à environ 100 km au sud-est de Munich près de la frontière de l’Autriche, à quelques encablures de Salzbourg, a bâti sa réputation au fil des années, depuis ses premiers Championnats du monde en 1979 suivis de son entrée dans la Coupe du monde l’année suivante.
Des débuts difficiles dont se souvient le maire de la ville, dont le père figurait parmi la vingtaine de personnes qui s’est battue pour la reconnaissance de ce sport en Allemagne.
« En 1979, on avait obtenu un résumé d’une demi-heure seulement à la télé allemande grâce aux relations de mon père. Car à l’époque, on lui disait qu’un sport avec une arme n’était pas bon pour l’image »,
raconte le maire, dont le frère est entraîneur de l’équipe russe.
Un peu plus de 30 ans plus tard, et deux autres Mondiaux (1985 et 1996), la chaîne publique ZDF retransmet en direct l’événement avec pas moins de 38 caméras réparties sur tout le parcours. Et espère bien battre le record d’audience de 30 millions de téléspectateurs établi pour la dernière étape de Coupe du monde à Oberhof.
Les chaines publiques Allemandes attendent une audience moyenne de 5 millions de téléspectateurs pour chaque épreuve alors qu’un match de Bundesliga en compte 6 millions !
Sur place, quelque 30.000 spectateurs sont attendus par jour de compétition, répartis sur tout le parcours et dans la tribune centrale située à quelque mètres seulement du pas de tir.
« L’ambiance vaut vraiment le détour. Car c’est un public de connaisseurs, qui vient pour le spectacle, qui encourage les siens mais sait reconnaître la performance d’un étranger. Pas comme au foot!« ,
affirme Martin Fourcade
Sans compter les quelque 25.000 visiteurs qui viennent en ville juste pour faire la fête et déguster le « Glüwein » (vin chaud) de chez Jakob, souligne d’un clin d’oeil monsieur le maire, qui espère que soleil et ciel bleu seront aussi au rendez-vous.
L’Allemagne et Ruhpolding sont également gâtés avec de gros sponsors qui n’hésitent pas à venir en aide à leur fédération si le besoin s’en fait sentir. Ainsi l’an passé ils ont payé sans rechigner un nouveau camion de fartage à 400 000 €. Du côté des biathlètes la vie est aussi plus agréable avec une Neuner qui émarge à un miilion d’euros de revenus annuels gràce aux sponsors.
Les infrastructures sont fonctionnelles, modernes et entretenues. Pendant que les Français dament leur pas de tir à pied, dixit Simon Fourcade à Villard de Lans, les Allemands sont à Ruhpolding ou une personne à plein temps s’occipent de tout !
Mais le fossé se comble petit à petit comme l’explique le patron du nordique Nicolas Michaud dans l’Equipe du jour.
« On est en train d’étudier les projets pour acheter un camion avec des partenaires privés, et à Prémanon on espère pouvoir aménager un tunnel comme en Allemagne. »
Des mots qui font plaisir et un avenir qui s’annonce sans doute encore plus passionnant pour tout le nordique Français. (avec AFP)
Source : Mirko HOMINAL. Ruhpolding c’est magique. In : Ski Nordique. Le 1er mars 2012. http://www.ski-nordique.net/ruhpolding-cest-magique.5027166-72348.html