Mademoiselle Moni est convoquée pour une audition, le rôle rêvé d’une danseuse classique : Le lac des cygnes. Ici ce sera le lac des signes. Parce qu’on ne s’attaque pas à un monument sans impunité. Mademoiselle Moni, le spectateur a de la sympathie pour elle, mais qui, dans le public, croirait une seconde qu’elle décrochera le rôle ? Elle ne résiste pas à un bonbon au chocolat, elle ingurgite banane et chamallows, boit une fiole de whisky et une grande quantité d’eau. On ne se moque pas de sa fiole, notre rire est presque un témoignage de compassion. Car la danse classique est pour les anorexiques, pas pour les boulimiques. Elle seule semble l’ignorer. L’inévitable arrive, elle est rejetée de l’audition. Sa tristesse se mue en colère, puis en gros chagrin puis…
Le régime minceur me fait perdre le fil. Je ne sais pourquoi je n’y suis plus à ce moment. Comme s’il y avait eu deux spectacles. Comme s’il aurait mieux valu en faire deux spectacles. C’est peut-être la liaison entre les deux qui n'a pas marché ce soir-là pour moi.
Pourtant, quand j’y repense, j’y trouve bien des raisons de rire encore. Car Stéphanie Djoudi est une clowne qui parvient à faire passer le public du rire à la tendresse, de la surprise à la complicité, sans vulgarité, sans complaisance.
J'ai vu ce spectacle au Théâtre Clavel, à Paris.