Habits and Contradictions
TDE
États-Unis
Note : 9/10
par Charles Boutaud
Quand les gars de Black Hippy (Kendrick Lamar, Schoolboy Q, Ab-Soul et Jay Rock) on lancé Zip That Chop That à l’été 2010, le potentiel était là, bien visible, il ne restait qu’à voir se que les quatre jeunes de Los Angeles allaient en faire.
Moins de deux ans plus tard, on peut être satisfait de voir que le potentiel s’est véritablement matérialisé, sur des projets comme Section.80 de Kendrick et plus récemment, sur Habits and Contradictions de Schoolboy.
En fait, depuis quelques mois, les deux MCs on fait bien plus. Ils ont montré au monde rap une nouvelle façon de faire, d’exister, hors des stéréotypes et du marketing habituel du genre. Tout ça fait en sorte, comme dirait Sergio Leone, que Once Upon a Crime in the West, un rappeur arrive et sort l’album de gangsta rap le plus original que la côte ouest avait entendu depuis quelques années: Habits and Contradictions.
Aucun rythme typiquement west coast, aucun piano menaçant à la Dr. Dre, aucune batterie funk à la DJ Quik. Aucun hommage à Eazy-E ou Tupac. Habits and Contradictions sonne plutôt comme un test de polygraphe, comme la vérité, pas celle qui se vend sur CD, mais celle qu’on préfère généralement garder dans la rue. Ainsi, sur Oxy Music, la vente de drogue n’est pas bling et sexy, mais plutôt mains moites et paranoïa.
L’hommage à Raymond Washington (fondateur des Crips en 1969), Raymond 1969, représente une excellente vision condensée de l’album. Déjà, avec un échantillon de Portishead recoupé par des vocales tirées de Off the Books des Beatnuts. Puis, avec Schoolboy qui dès les premières lignes du texte, charge l’artillerie et fume un joint de PCP avant de passer à l’action et de cracher quelques rimes acérées:
« But they worry about Osama / 9/11 passenger ain’t seen this type of drama / Vietnam wars I’m sending copper galore / Bodies hit the floor god knows I’m playing lord for sure »
Pas d’illusion, Habits and Contradictions ne transformera pas Schoolboy Q en célébrité, même s’il est difficile de croire que l’on puisse entendre plusieurs autres albums de rap aussi bon cette année. L’album aura surtout contribué à établir le renouveau qu’amènent Black Hippy et en particulier Schoolboy Q et Kendrick Lamar, un des duos les plus intéressants depuis Jordan et Pippen.